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Extrait du livre :

«On ne prépare pas l'avenir sans éclaircir le passé.»

Germaine Tillion,

A la recherche du vrai et du juste

En juillet 1945, un avion sanitaire de l'armée française se posa sur une piste du Bourget, au nord de Paris. Un petit nombre de rescapés des camps nazis débarqua, rapatriés depuis Prague. Après l'évacuation d'Auschwitz, le 17 janvier 1945, ils avaient parcouru, pendant cet hiver interminable, un long périple jalonné de cadavres, de souffrances et de crimes avant d'échouer dans la capitale tchèque. Pour retourner en France, ces survivants durent, pendant plusieurs semaines, se réhabituer à la nourriture et à la vie, soigner leurs blessures apparentes, tenter d'oublier l'odeur de cendres et de mort. Juillet 1945 donc : un jeune homme qui allait sur ses dix-huit ans retrouvait son pays. Arrêté à Clermont-Ferrand en novembre 1943, il avait été déporté à Auschwitz dès le mois de décembre, après un bref séjour à Drancy. Grâce aux incontournables travaux de Serge Klarsfeld, le bilan précis est aujourd'hui connu : sur les 76 000 juifs déportés de la France entre mars 1942 et août 1944, moins de 2 600 revinrent. Ce jeune homme en faisait partie mais son père, Faivel, sa mère, Malka, et sa petite soeur, Monique, âgée de onze ans en 1943, avaient disparu dans les chambres à gaz, dès leur arrivée à Auschwitz. De cette frêle silhouette, j'imagine le fragile regard lumineux, plein de larmes séchées en ce jour de retrouvailles estivales avec sa terre natale, j'imagine le coeur affolé de tristesse contenue et d'espérances nouvelles quand il parcourut le tarmac et puis la solitude, et puis le silence, bientôt scellé par l'indifférence ou la gêne. Ce jeune adulte, tôt blessé par les deuils imprévus et la lame des souvenirs les plus cruels, s'appelait Sam Braun. Soixante ans plus tard, je le rencontrai au hasard d'une conférence dans l'établissement scolaire où j'enseigne. Lorsque Sam pénétra dans la bibliothèque où se donnait la conférence, l'assistance, quelque peu bruyante les minutes précédentes, se tut subitement et son sourire aimanta immédiatement les regards.

Extrait de l'avant-propos

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Comment se passe l'arrivée à Auschwitz lorsque le train s'arrête?

D'abord, ce qui me reste en mémoire, c'est le bruit fait par des masses, des grosses masses, pour faire sauter les fermetures extérieures des portes. Puis la porte coulissante s'ouvre brusquement et le froid s'engouffre d'un seul coup dans le wagon où il faisait assez chaud tellement nous étions entassés. Avec le froid, une explosion de cris qui, comme des aboiements de chiens, me poursuivent toujours. "Schnell, raus, schnell", tout cela avec des coups car il fallait sortir du wagon le plus vite possible pour que le trai, puisse repartir rapidement chercher une nouvelle cargaison de martyrs!

On sortait à coups de poings, de matraques, de crosse de fusils. Il n'y avait bien sûr pas de marches, on devait sauter, environ un mètre, pour arriver sur le quai. Pour ma petite sœur, les autres enfants et moi, c'était assez facile même si nous étions affaiblis par la faim. Mais pour les parents et les gens plus âgés, c'était plus compliqué, il fallait les aider tout en recevant des coups. C'était vraiment un spectacle inimaginable.

Je me souviens d'une chose aussi. Quand nous sommes arrivés sur ce quai où les SS aboyaient, où les gens affolés étaient matraqués, où les femmes pleuraient en serrant leurs enfants contre elles, où les enfants criaient lorsqu'ils étaient séparés de leurs parents, il y avait des hommes très maigres, en habits rayés, comme des bagnards. Ils nettoyaient déjà les wagons, les vidaient de leurs immondices et descendaient les morts qu'ils entassaient sur des charrettes à bras.

Nous sommes arrivés dans l'après-midi ou au début de la soirée mais il faisait encore jour. Ce quai, que les historiens ont baptisés la "rampe en béton d'Auschwitz-Birkenau", n'est pas celui qu'on visite quand on se rend à Auschwitz. En 1944, ils en ont construit un autre permettant aux victimes d'aller à pieds jusqu'à leur supplice. Nous, nous sommes arrivés sur le premier quai relativement éloigné des chambres à gaz.

Sur ce quai, il y avait de grands lampadaires avec des projecteurs puissants et une nappe épaisse de brouillard, percée difficilement par la lumière électrique. J'avais l'impression alors, n'apercevant ni le début i la fin du train, tant le brouillard était épais, que la nature mettait un voile au-dessus de tout ce qui se passait la, pour cacher ua monde ce qui allait arriver. Je ne savais pas ce qu'il allait advenir de nous, pas du tout. Je sentais seulement que quelque chose d'irréversible allait se produite tellement tout me paraissait irréel. Ce voile était comme un voile de honte qui cachait au monde des hommes ce que d'autres hommes allaient commettre.

Puis, tout s'est passé très vite, les femmes et les jeunes enfants ont été séparés de nous. J'ai vu ma maman partir avec ma petite sœur sur un camion. Cette dernière image d'elles, je la revois encore très très bien. Ma maman avec la liseuse en laine rose qu'elle avait tricotée au crochet, debout sur le camion, serrait contre elle ma petite sœur et me regardait.Moi, j'attendais sur le quai et regardais partir le camion sur lequel elles étaient toutes les deux, entassées avec d'autres femmes et d'autres enfants. Ma maman me regardait toujours et c'est le dernier regard d'elle qui me reste.

Je tenais la main de mon père quand nous avons été brusquement séparés pas un SS arrivé, presque en courant, derrière nous. Très vite, tout cela s'est passé très vite, mon père a été poussé d'un côté, moi, j'ai été poussé d'un autre. Puis il est parti lui aussi sur un camion, comme maman et Monique.

Quand je suis arrivé au camp, je pensais les retrouver tous les trois. Evidemment. Je ne savais pas où ils étaient mais je pensais qu'ils étaient partis en camion parce qu'ils étaient plus âgés. J'étais persuadé alors de les retrouver, la question ne se posait d'ailleurs même pas!

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