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Il existe un état intermédiaire entre la vie et la mort : cela s'appelle un théâtre de cire.
Afficher en entierCe ne sont que des miroirs, Marie. Nous créons des reflets. Voilà la mission du cabinet. Les gens n'aiment pas se voir dans la glace. Leur image leur fait honte.
Afficher en entierDeux mois après moi, est arrivée une créole de Martinique, issue d'une famille de planteurs qui exploitait des esclaves. Lui aussi incarcéré aux Carmes, son mari avait déjà été guillotiné. Elle était née Marie-Josèphe Rose Tascher de la Pagerie et se faisait alors appeler Rose.
C'était une solide femme. Légèrement boudeuse, jolie sans être remarquable, elle avait des épaules rondes, des cheveux bruns, des sourcils épais, de grands yeux et une grande bouche. Maintenant que j'y pense, son nez n'était pas si petit. Elle larmoyait le plus souvent, bien que, par la suite, elle dût affirmer que, très courageuse, elle avait rassuré et consolé nos amies d'infortune.
Afficher en entierDevant le corps se dressait un grand individu aux cheveux ondulés, muni d'un carnet à croquis. Il a posé son crayon et s'es retourné. Il paraissait très beau au premier abord. Je remarquai sa joue gauche tandis qu'il nous observait. Enflée, tordue et balafrée au coin de la bouche, elle ressemblait de loin à celle de la veuve.
Afficher en entierDes volets que l'on pousse, des verrous que l'on tire, des planches que l'on dispose par-dessus le sol boueux. Le frisson d'une flamme qui jaillit, suivi d'une centaine de voix qui, s'éclaircissant, passèrent lentement du chuchotement à la clameur et semblèrent attiser le boulevard, le sortir de sa torpeur, jusqu'à ce que le silence fût banni, que rien ne pût interrompre le vaste brouhaha qui recouvrait toute chose et se réverbérait dans la caisse vide de la maison des singes. Le boulevard du Temple, quartier des théâtres, se réveillait.
Afficher en entierDans le Paris de l'an 2440, il n'est plus d'enfants broyés sous les roues des voitures. Le roi déambule dans les rues où la boue a disparu, et lui-même obéit aux règles de la circulation. Les pauvres sont soignés, sans frais. En l'an 2440, sur l'ancienne place de la Bastille, cet affreux château, a été érigé un temple à la Clémence.
Afficher en entierMes chaussures ont redessiné toutes ses voies, du Pont-Neuf à la rue Saint-Antoine, en passant par les minuscules venelles. J'en ai fait des phrases, avec mes chaussures ! Car j'écris ce que je vois. Je laisse de côté les monuments, les grandes églises, les bâtiments historiques et je regarde les gens. Les miséreux, les plus heureux et les autres au milieu. Je les connais bien. Ils sont là sur mon chemin et partout dans mes pages. Si tu ouvres un de mes carnets, n'importe où, tu sentiras et tu entendras toute la puanteur, toute la cacophonie de cette ville. Mes phrases te prendront par la main pour que tu les découvres : les encyclopédistes fatigués, les jeunes prodiges de la chimie, les missionnaires de l'Académie, les comédiens du Français et de l'Opéra, les marionnettistes des Boulevards, les cordonniers pointilleux, les perruquiers inquiets, les portiers harassés, les dentistes empressés, les médecins incapables, les chiffonniers, les sages-femmes, les maquerelles, les pickpockets… Les grêlés et les poudrés, les biens nés et les enfants trouvés… Tous les ingrédients de la grosse soupe parisienne !
Afficher en entier- Hoffmann s'est servi de moi, non seulement pour l'instruction de futurs chirurgiens, mais pour l'éducation de tous. A sa demande, j'ai reproduit toutes sortes de pathologies. Il m'appelait pour prendre une empreinte dans une salle de l'hôpital, étudier les papules, syphilitiques d'un garçon, modeler la langue ulcérée d'une femme ou le nez d'un homme, ravagé par une infection.
Afficher en entierQuand il ne me demandait pas de surveiller le poêle, le Dr Curtius me priait de lui passer ses outils. Pour le servir, je devais connaître le nom de chacun. Il y avait des compas et des spatules, des brunissoirs et des stylets, des affiloirs et du catgut, des palettes et des gouges, des grattoirs et du fil à couper l'argile ; tout un bataillon de couteaux : macaroni, fermoir, fluteroni, burin ; des outils en fer, en plomb, en bois dur ou tendre, de rose ou de merisier, épais ou fins, certains très aiguisés, d'autres au contraire émoussés.
Afficher en entierA l'intérieur, plus d'une dizaine de photophores brillaient, fournissant un éclairage merveilleux>. La pièce était si encombrée que cela défiait l'entendement. De longues étagères étaient garnies de flacons, renfermant des poudres de différentes couleurs. D'autres, plus courtes, rassemblaient d'épaisses fioles, dotées de gros bouchons qui semblaient vous prévenir que leur contenu visqueux - noir, brun, ou transparent - avait le pouvoir de tuer. Et ces petites boites remplies de cheveux...
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