Diane s'assit, droite comme un I.
- Je ne suis pas enceinte, s'alarma-t-elle. C'est impossible.
- Alors c'est un miracle, comme celui de la conception de Jésus, fit mine de s'extasier lady Knowe en applaudissant. J'ai toujours voulu être témoin d'un tel prodige. C'est un épisode de la Bible si déroutant, qui suscite tant de questions !
Lavinia ne put s'empêcher de rire.
- Malgré toute l'affection que j'ai pour vous, Diana, je doute que vous soyez une candidate probable à un si grand honneur.
Diana se cala contre la tête de lit avec un soupir agacé.
- Peut-être ne suis-je pas une candidate probable, mais sachez que je suis allée à l'église deux fois par semaine durant toute mon enfance. Lady Knowe, à quoi riment ces questionnements sur la conception et la naissance de Jésus-Christ ?
- Et cet archange ? demande lady Knowe, agitant les sourcils. Celui qui a annoncé la naissance du Christ ? Gabriel, n'est-ce pas ? A la place de Joseph, je me serais posé une question ou deux sur cet être de lumière qui apparaît par miracle dans le boudoir de ma dame.

Au fond d’elle-même, Émilie savait pourquoi elle était revenue : outre la curiosité, un autre sentiment la motivait, quelque chose qu’elle avait encore du mal à définir tant la sensation lui était étrangère. En même temps qu’elle était curieuse de savoir jusqu’où elle oserait aller avec son amie, elle ressentait le besoin impérieux de… de quoi donc, au juste ? De découvrir si ses propres mains pouvaient émouvoir Alba autant qu’elle l’avait émue hier ? De savoir si le bouleversement éprouvé pouvait se reproduire ? Si cette impression de basculer dos au vide pouvait la saisir à nouveau en embrassant Alba une fois encore ? Mais oserait-elle seulement ? Rien que d’y penser, elle tremblait, à la fois d’impatience et de peur. Pas la peur d’être rejetée, mais la peur que cette merveilleuse sensation n’ait été qu’un rêve de plus, une illusion destinée à lui donner un espoir vain.
Une chimère du plaisir…