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— Selina, commença-t-il en lui prenant la main. Puis-je me permettre de te demander un service extrêmement délicat ?
Elle plissa le front, cilla deux fois, puis lui adressa un immense sourire.
— Bien sûr, mon cher frère. En quoi puis-je être utile au séducteur le plus renommé de Londres à la veille de son mariage ?
Aaron soupira, lança un furtif regard autour d’eux pour s’assurer qu’aucune oreille indiscrète ne risquait de surprendre leur conversation, puis entraîna la jeune femme plus loin dans le couloir.
— C’est au sujet d’Abigail, murmura-t-il.
Selina sourit encore et l’encouragea à poursuivre d’un hochement de tête. Il se sentait complètement idiot d’en être à faire ce genre de requête à sa propre sœur. Comme elle ne daignait pas souffler mot et ne semblait pas non plus pressée qu’il se décide à parler, Aaron observa Selina avec attention. Elle qui était habituellement un véritable moulin à paroles, son silence le perturbait.
— Pourquoi ne dis-tu plus rien ? la questionna-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.
— Je te ferais remarquer que tu n’es pas très loquace, toi non plus.
Aaron inspira à fond avant de poursuivre.
— Il serait judicieux que tu t’entretiennes avec Abigail, dès ce soir si possible, et que tu lui révèles tout ce que tu sais sur… Tout, Selina.
— Tout ce que je sais ?
— Absolument.
— Tout ce que je sais sur quoi ? minauda-t-elle en papillonnant des yeux. Sur toi ?
Aaron resta impassible devant l’air innocent de sa jeune sœur. Quelle chipie !
Il n’arrivait pas à croire qu’il allait être contraint d’employer des termes ridicules pour évoquer le sexe sans risquer de la voir s’évanouir.
— Selina, tu es fiancée à un officier qui a mon âge et vous vous fréquentez depuis bientôt un an. Je suis sûr que tu sais à quoi je fais allusion.
Elle sourit de plus belle. Parfois, il jurerait qu’elle est la sœur cachée de Crawford.
— Oh, tu veux que je répète à Mlle Fischer ce que notre mère m’a dit à propos des abeilles et des cigognes ?
Afficher en entierLes sourcils froncés, Aaron se tourna vers ses deux comparses.
— Ne me regardez pas comme ça.
— Comme quoi ? voulut savoir Ellworth.
— Comme si j’avais un secret et que vous saviez de quoi il s’agissait.
— Parce que tu as un secret ? demanda Crawford.
— Parce que vous ne savez absolument pas de quoi il s’agit, gronda-t-il.
Et le diable s’il le savait lui-même !
Sans plus s’attarder sur le sourire en coin d’Ellworth ou le regard plein de malice de Crawford, Aaron les planta là et se dirigea d’un pas pressant vers les écuries.
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