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Ce que je t’écris ici peut te paraître moralisateur mais, pour moi, cette réflexion résulte d’une douleur que j’éprouve au quotidien et que partage la grande majorité des ressortissants de mon pays, un peu comme si cette plaie dont nous étions les responsables était devenue la nôtre
Afficher en entierJe fus traité de « bigot », de « calotin », de « bon-dieusard » mais j’eus finalement Mutien à l’usure et nous assistâmes à un office dans un petit village du Luxembourg. Nous sortîmes de l’église la conscience vierge. Le pire pouvait nous arriver, les portes du paradis nous demeuraient ouvertes
Afficher en entierJe demeurai interloqué un court moment, puis, boudeur, je m’assis sur un arbre renversé à quelques pas de lui. Désoeuvré, je tuai le temps en balançant mes pieds dans le vide
Afficher en entierQuand on interroge aujourd’hui les gens qui ont vécu la guerre de l’intérieur, ils s’accordent à dire que ces cinq années de violences et de privations les ont davantage nourris en souvenirs que tout le restant de leur vie. Ces témoignages plaident en faveur de la subjectivité du temps et me font dire que le quotidien est un papier huilé sur lequel l’encre de la mémoire n’adhère pas
Afficher en entierPour la première nuit loin de la maison, la chance prit les traits d’un curé imposant qui nous offrit l’hospitalité de sa cure et les bienfaits de sa table. Quelques questions sur nos agissements entre deux prises de tabac et la servante glissa son grain de sel
Afficher en entierMutien me somma de me taire. Ça commençait bien. Il s’occupa de mon bagage, veilla à ce que je sois bien couvert et surtout que j’emporte de bonnes chaussures. De mon côté, j’empochai quelques billes là où il s’arma de sa catapulte et rassembla son attirail de braconnier
Afficher en entier— C’est avec toi que je veux aller, Mutien. — Tu ne pourras pas me suivre ! Il y a beaucoup trop à marcher et puis, en cette saison, il peut faire mauvais et il n’y aura pas toujours une maison où dormir, ni de feu, ni quelque chose à manger
Afficher en entier— Tu rejoins tes soeurs devant la maison ! me commanda maman. Cet ordre n’était pas pour me plaire et je n’y souscrivis qu’à moitié en m’asseyant sur une des bornes bombées qui faisait le coin de la grange
Afficher en entierJ’ai fait agrandir et encadrer pour la mettre au mur face à mon bureau, une photo de Mutien prise en juillet 1944. J’ai mis longtemps avant d’arrêter ma décision car je possédais des clichés de lui plus récents. En somme, j’avais à trancher entre l’arrogance combative de l’adolescent et la force de séduction de l’adulte. J’ai privilégié l’homme en devenir à l’homme accompli
Afficher en entierJe n’en demandais pas davantage et elle reçut presque ma bénédiction. Soucieux de mettre à profit le délai imparti, je rentrai chez moi sans traîner pour boucler ma valise, rassembler un maximum de caisses vides. Je suis parti aussitôt pour Dunkerque. En fin d’après – midi, ma clé fourrageait dans la serrure de son appartement puis j’ai poussé la porte sur un antre obscur, sentant le renfermé. Je me serais introduit dans une chambre mortuaire que je n’aurais pas été moins bouleversé
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