Ces histoires d’elfes, de père Noël et de traîneaux volants ne tombaient pas dans la catégorie « réalisme ».

Parce qu’il n’y a rien de plus sacré que les gens que l’on aime, nous serions prêts à mourir pour eux. 

Il me l’a prise.
Il m’a enlevé mon Elisabeth.
Il a privé mon fils de sa mère.
Il va payer pour ses crimes.
J’en fais le serment !

Partage ma moto chaque fois qu’il fait beau,
Partage mon lit chaque fois qu’il fait gris.

- Dites-moi, vous qui êtes sage, qu'est-ce qu'il y a dans votre esprit ?
- Dans mon esprit, il y a deux chiens, un noir et un blanc. Le noir est le chien de la haine, de la colère et du pessimisme. Le blanc est celui de l'amour, de la générosité et de l'optimisme. Ils se battent tout le temps.
Le disciple est un peu surpris.
- Deux chiens ? Qui se battent ?
- Oui, pratiquement tout le temps.
- Et lequel gagne ?
- Celui que je nourris le plus.

Je rêve que chacun puisse prendre la mesure de ses talents et la responsabilité de son bonheur.
Car il n’est rien de plus important que de vivre une vie à la hauteur de ses rêves d'enfant...

C’est pas vraiment un ours, en fait. Il est en bas de pyjama et torse nu en train de se laver les dents. Je retire : pas de poils en abondance à l’horizon. Au contraire. Je n’avais pas vu ce corps, sous le pull informe qu’il avait hier soir ! J’avais bien senti que c’était ferme quand je m’étais cognée contre lui, mais les abdos que je vois sont hors concours, comparés avec ceux de la majorité des gars que je côtoie. Non, je rectifie : avec tous, en fait. Je n’en connais aucun autre comme lui. Juste un léger duvet sur le torse et un corps parfait. Immense, large et… et parfait.

Hier soir, j’ai pu nous cuisiner une petite omelette aux champignons, et même si j’ai l’impression qu’il a failli me tuer d’avoir touché à sa cuisine, il n’a pas boudé son assiette. « Pour atteindre le cœur d’un homme, commencer par le ventre », me dit toujours ma mère. Sauf que lui, je suis pas sûre que son cœur ne soit pas gelé, sous la montagne de pulls et de poils qu’il doit avoir.

"Qu’est-ce que la vie ?
C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit.
C’est le souffle d’un bison en hiver.
C’est la petite ombre qui court dans l’herbe
Et se perd au coucher du soleil."

On ne va pas se mentir, il y a plus propre comme repas. Parce qu’il est évident que le steak haché que vous avez la possibilité d’acheter au supermarché du coin, ne décidera pas subitement de se faire la malle en hurlant comme un possédé au moment de sa cuisson. Bien sûr que non, ce serait vraiment ridicule !

Ses parents ont du chagrin, parce que le petit frère qui était dans le ventre de sa maman, il a fini de vivre.

Il s'appelait Théo, mais jamais Lilou ne le verra. Jamais elle ne saura s'il aime son ours Câlin, jamais son papa ne lui apprendra les étoiles dans le ciel....

Nanou a les yeux tout mouillés pendant qu'elle parle. Ce qu'elle raconte, ce n'est pas comme les histoires de sorcières, où on ferme vite le livre quand on a trop peur. L'histoire que sa grand-mère lui raconte, c'est une histoire vraie. Une histoire qu'on ne peut pas changer.

A la maison on est trois. Mon mari, Robin et moi. Mon mari ne cesse de me valoriser et de me rappeler que Robin est mon bébé. L'amour que Robin nous a donné pendant deux jours, il nous en a tellement laissé que je crois que son père et moi nous nous aimons plus encore.
Mon mari a mal aussi, je le vois. ça me fait mal que mon mari souffre.

Et puis il y a l'autre manière de se sentir offensée, scandalisée... Il y a le silence. Un silence de mort. Le silence autour d'une femme qui n'a jamais porté autre chose que la mort, autour d'un bébé qui n'a jamais existé autrement que mort. C'est lourd, c'est froid, ça déchire, ça tue, ces silences de mort.

Des commentaires nient l'évidence en proposant des vacances comme remède à notre souffrance. Des conseils mal avisés nous parviennent, ne pas rester sur un échec et garder le projet. D'autres vont jusqu'à estimer que nous sommes chanceux puisque notre bébé aurait pu être handicapé. Alors non, des vacances ne changent pas la réalité, un enfant n'est ni un échec, ni une victoire, et au pays de l'horreur, le pire et le meilleur se valent bien.

La confrontation au monde extérieur est violente parce que Robin n'est pas là, et que pour certains, tout est comme avant. L'extérieur ne voit pas, ou plutôt ne veux pas voir que je suis maman. Que je suis maman, et que mon enfant est mort.

Je vois l'horreur de l’événement dans les yeux des membres de ma famille, leur détresse et leur impuissance.
J'ai envie de leur dire que ça va aller, mais quelque chose m'en empêche. Je me sens coupable de ne pas pouvoir les rassurer puis j'ai le sentiment que cette détresse, c'est un peu à cause de moi, à cause de moi qui n'ai pas réussi à offrir plus de deux jours de vie à Robin.
Je ne pleure presque pas et là aussi je me sens coupable de ne pas pleurer. En tout cas, je sens bien que je ne pleure pas assez, je sens bien que je suis dépassée. Je suis là sans être là. Les autres sont là aussi mais ailleurs.
Au fil du temps, je comprends qu'à ce moment là, je n'avais pas pleinement conscience de l'ampleur des dégâts. Je crois que mon esprit ne l'aurait tout simplement pas supporté et je n'aurais eu que deux choix: la folie ou la mort.

Depuis la mort de ma fille, j'ai traversé une année d'enfer, la pire de toute ma vie.
J'ai connu ce qu'est la souffrance la plus horrible.
Mais d'une certaine façon, cela m'a beaucoup aidé. J'ai compris que je peux vivre l'enfer et m'en sortir. Je me sens capable de faire face à tout ce que la vie peut me donner et rien ne pourra m'abattre.

Ce n'est pas juste un petit bébé qui a été perdu.
C'est une vie au complet qui ne sera pas vécue.

Un beau lever de soleil ne dure qu'une heure,
mais il réjouit autant le coeur
que la vue d'un beau pin de mille ans.

Aux marmottes et aux petits rats, aimer.
Continuez d’aimer.
En amitié ou en amour, Les cœurs n’attendent pas la foudre pour tomber.

Toutefois, son cœur, de solitaire endurci, depuis trop longtemps gelé… ressentit une vague de chaleur. Il ne l’avouerait pas, bien entendu. Mais il ne pouvait pas prétendre ne rien ressentir face à tout ça.

Pour tous les lutins qui adorent cette période de l'année : la neige, les cadeaux, les biscuits....
Joyeux Noël.

J'ai proposer à mon mari de prendre un temps pour dire au revoir à ce tout-petit encore bien vivant au creux de mon ventre; nous l'avons fait avec beaucoup de douceur et de larmes dans un moment d'une intensité sans précédent. C'est moi qui ai commencé à lui parler: "Nous allons devoir nous séparer, ce n'était pas notre projet de vie pour toi, mais nous n'avons pas le choix. Tu va sortir de mon ventre, tu vas mourir. Je ne connais rien à ce monde où tu vas vivre maintenant, mais j'ai confiance que Dieu va prendre soin de toi.
J'aurais aimé te câliner moi-même, te prendre dans mes bras, m'occuper de toi, te voir grandir, mais la Vie en a décidé autrement. J'ai beaucoup aimé passer ces cinq mois avec toi.
Je te remercie pour tout ce que tu m'as donné.
Je t'aime mon bébé."

Tard dans la nuit, Julie se releva et ouvrit en silence le tiroir du secrétaire du bureau, dans lequel elle avait vu sa mère ranger les précieuses photos.
S'asseyant a même le sol, elle caressa du bout des doigts le visage radieux de la jeune inconnue puis médita un instant sur le deuxième cliché ou on la voyait l'air accablé, bouleversante d'émotion.

Julie posa ses mains grandes ouvertes contre les deux photos. Fermant les yeux, elle murmura une prière d'une voix feutrée.

- Je ne sais pas qui tu es, mais je te promets de chercher et de découvrir pourquoi tu étais si triste. Ça me prendra du temps, mais je te jure que je comprendrai un jour...

C'est l'heure où l'enfant réclame son ours de naguère, fidèle compagnon nocturne de ses échappées belles aux pays des songes. Rêve l'enfant, une joue sur sa main. Rêve de miel, de soleil et de ciel. Vole avec l'oiseau câlin sur les ailes des espaces étoilés. Cueille une à une les gouttes céleste, se délecte du bleu vide et envoûtant.
Apesanteur sacrée. Oubli inespéré.