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« Je n’aime pas le bruit que fait un cœur qui se brise. De l’intérieur, c’est assourdissant. »
Afficher en entierArrivés chez lui, alors que Victor se débarrassait de sa veste qu’il abandonna sur le canapé, Zacharie s’adossa au mur pour l’observer. Il se doutait bien que se dévoiler, surtout avec des Aigall qui n’étaient pas tous avenants, n’avait pas été dans ses plans de la soirée, mais il l’avait tout de même fait. Pour lui. Victor retroussa ses manches et enfila les mains dans les poches de son pantalon.
- Dis quelque chose, demanda-t-il.
- Je ne sais pas quoi dire, avoua Zacharie en haussant les épaules.
- Là, c’est un début.
Le sourire tranquille de Victor lui fit chaud au cœur.
- Merci.
- Tu ne devrais pas avoir à me remercier, refusa Victor en secouant la tête. Ce n’aurait pas dû être aussi compliqué.
Zacharie se détacha du mur et fit un geste de la main pour balayer l’argument. Il le rejoignit, caressa son torse, leva les yeux pour le dévisager.
- Tu le regretteras peut-être demain… ou lundi matin, dit-il.
- Je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt.
- Je t’aime aussi pour ça… Est-ce que je t’aurais aimé autant si tu avais été comme moi ? Un Zacharie, c’est plus que suffisant, non ?
- C’est plus que suffisant, confirma Victor en riant.
- Ne sois pas désobligeant, non plus.
- Je n’aurai pas suffisamment de cette vie pour t’aimer, alors en deux fois… Il m’aurait fallu croire à la réincarnation. Je ne crois même pas en Dieu.
- Répète, demanda Zacharie.
- Quoi ? Quelle partie ?
- Le tout début.
- Ah… Euh…
Il réfléchit et quand il s’en souvint, son sourire s’élargit et ses yeux pétillèrent.
- Je n’aurai pas suffisamment de cette vie pour t’aimer, Zack.
Il prit son visage entre les mains et l’embrassa avec une telle langueur que le bas-ventre de Zacharie chauffa instantanément.
Afficher en entier— Tu m’en voudrais si je t’embrassais ici ? questionna Zacharie.
Victor déglutit péniblement.
— Je suis vraiment tout au fond du placard, avoua-t-il.
— Que crains-tu ?
Victor cligna des yeux, haussa les épaules, comme s’il était coincé dans ses propres sentiments, dans ses propres peurs. Il passa la main dans ses cheveux, fébrile. Zacharie retint son bras avec douceur.
— Dis-moi ? demanda-t-il, plus bas.
— J’ai peur de tout, admit Victor, embarrassé. J’ai passé toute ma vie à m’en fabriquer une autre.
— Ce n’est pas une vie, c’est une existence, rectifia Zacharie.
Victor détourna le regard.
— Laisse-moi ouvrir la porte de ton placard, proposa Zacharie. Il ne fait peut-être pas aussi bon que dedans, il fait même un peu frisquet, mais ce n’est pas trop moche.
Victor eut un rire timide ; les deux traits apparurent sur ses joues.
— Est-ce que je peux ouvrir la porte ? demanda Zacharie.
— Oui. S’il te plaît.
Afficher en entier— Que puis-je pour toi, alors ?
Zacharie accrocha son manteau puis s’appuya à sa table de travail. Victor hésita avant de reprendre la parole :
— Désolé si je ne t’ai pas appelé.
Zacharie se tendit, surpris.
— Je ne m’attendais pas à ce que tu le fasses, dit-il.
— Tu as dit que tu ne mentais jamais.
— Je ne mens pas, Victor, expliqua-t-il en baissant le ton. Ce que je ne dis pas, c’est que j’espérais que tu le fasses.
Zacharie croisa les bras, craignant de se montrer trop vulnérable.
— Cela n’a plus aucune importance, de toute façon, poursuivit-il. Je me suis trompé à ton propos et…
— Tu ne t’es pas trompé, coupa Victor.
Afficher en entierVictor Lévy n’était pas beau. Il avait le physique plutôt brut d’un boxeur poids lourd-léger, avec des mains comme des battoirs, un nez légèrement de travers et l’expression neutre d’un joueur de poker. À côté de cela, ses yeux lui évoquaient la ganache au chocolat et quand Victor esquissait un sourire, un vrai, pas celui forcé qu’il offrait aux autres, deux traits se creusaient sur ses joues, donnant à Zacharie une envie pécheresse de l’embrasser.
Lorsque leurs regards s’étaient croisés, le monde s’était arrêté de pivoter, le temps s’était figé.
Afficher en entierEn cherchant ses mots, il leva les yeux et le plus bel homme qu’il ait jamais vu apparut dans son champ de vision : il était grand, élégant, ses cheveux bruns coiffés en arrière dégageaient son visage aux traits ciselés, comme sculptés par un artiste bien inspiré. De loin, ses yeux étaient lumineux. Il serrait quelques mains, faisait quelques bises, échangeait quelques mots avec un sourire charmeur. Il était dans son élément, lui, sans aucun doute.
Afficher en entier— Tu es le meilleur, papa, s’enthousiasma Sarah.
Il rit tristement et la serra dans ses bras.
— Ce n’est pas une remise de prix, lui rappela Rachel.
— Il est quand même le meilleur de tout l’univers ! insista Sarah.
Victor l’embrassa bruyamment.
— Et tu es la meilleure fille de tout l’univers, chuchota-t-il à son oreille.
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