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C'est à ce moment précis que les choses se gâtent. Un motard sur son engin s'engage dans la ruelle et se dirige droit vers nous. Instinctivement, je sers mon sac à main contre ma poitrine. Mais la moto ralentit, le motard s'immobilise à quelques mètres et il retire son casque. Mon sang se glace et mes jambes sont instantanément paralysées : nous allons être agressées par le plus bel homme sur terre. Le modèle que l'on peut décrire qu'au moyen d'une succession de clichés écœurants : il est grand (bien sûr), ses épaules sont larges et musclées (évidemment), son sourire est à la fois craquant et désarmant d'innocence (du genre, ah bon, je suis si beau que ça ?), son tee-shirt et son blouson en jean un peu usés lui donnent un air négligés carrément sexy. Albertina, si tu dois y passer, autant que ce soit maintenant et avec ce mec-là.
Afficher en entier— Gisèle, je suis une handicapée du sexe, j’ajoute d’un ton plaintif. Pourquoi je ne ressens rien ?
Elle me regarde attentivement et pose sa tasse à côté de la mienne.
— C’est quoi le « et demie » ?
— Quand on fait une fellation et qu’on va jusqu’au bout, ça compte combien ? je demande avec perplexité.
— Bof, au moins autant qu’un orgasme culinaire.
Je la sens concernée.
— Écoute, Albertina, la question n’est absolument pas de savoir si tu es frigide ou pas.
— Ah bon ? dis-je dans un souffle.
— Bien sûr que non, poursuit-elle. La question, c’est de savoir de quoi tu as vraiment envie.
Effectivement, ça change le point de vue.
— Ce que j’aimerais, c’est ressentir du plaisir. Dans mon corps, je veux dire.
Je marque une pause.
— Du plaisir sexuel.
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