Ajouter un extrait
Liste des extraits
On chercherait en vain dans les annales de l’Histoire de l’Espace une aventure plus étrange que celle que connut le croiseur C-57-D sur la planète Altaïr-4. Comme tous les croiseurs en voyage d’étude, il avait un équipage restreint – bien moins important que celui des astronefs ordinaires – puisqu’il comptait à peine vingt et un hommes. Son commandant et premier pilote était Jean-Jacques Adams. Les collaborateurs directs de celui-ci s’appelaient André Farman et Yves Quinn. Le premier remplissait les fonctions d’astrogateur, le second était l’ingénieur en chef. Le quatrième officier de l’équipage était C. X. Ostrow, médecin du bord.
Afficher en entierJe m’habillai en hâte et courus au mess où se tenaient généralement les réunions. Je pris place au premier rang entre Farman et Quinn. Derrière nous se tenaient le maître d’équipage et les deux sous-officiers. Le reste de l’équipage s’était groupé autour de nous. Nous étions vingt en tout. Adams n’était pas encore arrivé, sans doute afin de ne pas manquer à l’étiquette tacite qui veut que le commandant fasse toujours attendre ses hommes
Afficher en entierQuelques heures plus tard, minuit exactement d’après notre mesure du temps, je me trouvai à nouveau au poste central de commandes. J’avais précipité un peu à l’infirmerie mes préparatifs en vue de la visite médicale précédant le débarquement pour pouvoir reprendre la place de Quinn devant l’écran. Ce que je vis cette fois m’impressionna si fortement que le souvenir de ma dernière vision d’Altaïr s’effaça. Je fus d’abord frappé par les dimensions de l’étoile qui s’étalait sur l’écran, puis je remarquai qu’elle était entourée de plusieurs autres étoiles étincelantes, comme un grand diamant serti de roses. Et chacun de ces joyaux me fascinait par sa couleur spécifique
Afficher en entierPuis vint le bruit. Malgré mes oreilles bouchées il semblait traverser ma tête comme un scalpel chauffé à blanc. Ce fut une sorte d’apothéose du son arraché au métal tendu jusqu’à l’extrême limite de sa résistance. L’instant d’après, tout cela, le bruit, la vibration puissante et les sangles lacérant mon corps, semblèrent se fondre et pénétrer à l’intérieur de moi. Mon être tout entier, et pas seulement mon corps, luttait contre une force qui s’acharnait à me désintégrer
Afficher en entierIl ne nous reste plus que quelques minutes, dit-il en me poussant contre la couchette. Il n’y a pas de temps à perdre. » Il me ligota les jambes au point, me semblait-il, d’arrêter ma circulation. Il saisit ensuite la sangle la plus large destinée au torse. Je poussai un gémissement, mais je me ravisai bien vite et serrai les lèvres. Lorsqu’il eut terminé, je pouvais à peine respirer. « Cramponnez-vous maintenant aux poignées, dit-il. Serrez-les le plus fort possible. » Il fouilla dans sa poche et en tira deux petits objets ronds que je ne parvins pas à identifier. « Cela vous sera utile », fit-il en introduisant les petites boules dans mes oreilles. Il me lança un rapide coup d’œil, sourit et s’en fut
Afficher en entierPuis il sortit et referma la porte derrière lui. J’allumai une cigarette et me mis à arpenter la cabine, en faisant quatre pas en long et autant en large. Le temps me semblait traîner en longueur. Le signal d’une annonce retentit à nouveau et la voix de Jean-Jacques se fit entendre : « Tout le monde au poste de décélération ! Les chefs de section rendront compte de l’exécution de cet ordre. Terminé.
Afficher en entierLes heures passaient. Vingt-six heures s’étaient écoulées depuis les événements décrits quand, ayant expédié mes consultations du matin, j’entendis, diffusé par le haut-parleur, l’appel précédant les annonces de service : « Attention, attention ! » Puis, ce fut la voix de Jean-Jacques Adams : « Tout le monde à l’écoute ! Le champ de pesanteur artificielle va bientôt devenir inopérant. Attachez vos ceintures. Les chefs de section devront rendre compte individuellement de la situation. C’est tout.
Afficher en entierDehors, c’était le néant. Non point l’obscurité de la Terre ou celle de toute autre planète, mais des ténèbres épaisses, totales. Bien pis, c’était le néant en mouvement. L’impression que notre astronef était immobile gagnait en intensité du fait que le néant semblait filer à une vitesse incroyable. Je sais que cette phrase ne résiste pas à une analyse, qu’elle semble dépourvue de sens, mais je suis incapable de trouver des mots plus évocateurs pour décrire l’image qui s’offrait à ma vue. Ma tête se mit à tourner. Je me penchai en avant en m’agrippant au rebord de l’écran et en me forçant à regarder. Peu à peu, mon malaise se dissipa. Dès que les lumières jaillirent, tout changea. Elles surgirent des ténèbres qui apparaissaient maintenant comme un tunnel dont les parois seraient transparentes. Des lueurs informes, irréelles, qui projetaient de vilaines stries sur l’Espace noir
Afficher en entierLa balance sur laquelle je m’appliquais à équilibrer ma peur et mon impatience penchait de plus en plus du côté de la peur. Obéissant à une impulsion soudaine, je me levai et allai presser sur le bouton de l’appareil vidéo qui permettait d’apercevoir ce qui se passait à l’extérieur
Afficher en entierAinsi donc, il fallait comprendre que nous n’avions plus que trois journées de voyage devant nous. Sans terminer mon déjeuner, je courus dans ma cabine pour réfléchir. Je disposais de toute une heure avant de rejoindre mon poste à l’infirmerie. Ayant ôté ma blouse blanche, je m’assis sur ma couchette et allumai une cigarette, laissant mes pensées voguer à leur guise. Certaines d’entre elles, celles qui avaient trait à la fin du voyage, étaient plutôt agréables.
Afficher en entier