Extraits

Les épaules droites, presque carrées, indiquent une sportive, ce que confortent ses bras aux muscles effilés. Une grâce particulière se dégage de son port de tête, très droit, altier, le menton fier. Des mèches bouclées un peu folles s’échappent de ses cheveux ramenés en chignon dans la nuque. On dirait un tableau de Botticelli.

– Monsieur Scott ?

Râblé et silencieux, le chauffeur m’ouvre la portière. Quand la voiture démarre, je lis déjà mes mails. Je m’arrête sur l’analyse hebdomadaire des performances de notre dernier fonds de gestion. En sourdine, la radio diffuse un air d’opéra et quand la Lincoln ralentit dans les embouteillages de fin de journée, j’entends le chauffeur chantonner d’une belle voix de ténor.

Posant la tête sur le dossier de cuir, je ferme à demi les paupières. Après cinq jours à Shanghai dont quatre autour d’une table avec des interlocuteurs pointilleux, je me sens vidé. Car même si je parle mandarin couramment, penser, parler et convaincre dans une autre langue des heures durant est épuisant. Mais le contrat va pouvoir être signé et d’ici trois ans, une tour de forme hélicoïdale se dressera dans le quartier financier de Pudong.