Extraits

Spoiler

— Vous allez avoir des jumeaux, dit-il. Un pour moi et un pour vous.

Bernie fit volte-face.

— Ça ne va pas, non ? Ce n’est pas une paire de Twix !

— Dites-moi, Bernie, reprit Jeremy.

— Quoi ?

— Où cachez-vous vos armes, exactement, quand vous portez une jupe ?

— Ça ne vous regarde pas, rétorqua-t-elle, impassible.

Jeremy baissa les yeux vers la poitrine de Bernie, puis ses cuisses, avant de relever le regard avec désinvolture.

— Vous m’obligez donc à faire preuve d’imagination.

Un instant, elle ressentit un étrange éclair d’excitation, comme si elle était l’une de ces pin-up manucurées et siliconées dont il raffolait. Au simple son de sa voix, elle sentit les battements de son cœur accélérer légèrement. Et ces magnifiques yeux verts…

Bon sang ! Je comprends pourquoi les femmes tombent comme des mouches à son passage.

Il l’allumait sans vergogne et cela semblait l’amuser. Jeremy adorait déstabiliser les gens et n’hésitait pas à utiliser tous les moyens dont il disposait pour y arriver, y compris la séduction. Savoir cela ne dispensait pas Bernie d’être attirée et, quand il la regardait ainsi, elle ne pouvait empêcher des pensées érotiques de se former dans son esprit.

Quoi qu’il en soit, dans quelques minutes il foncerait sur une éblouissante fille à papa ou une élégante divorcée, et sa garde du corps échapperait instantanément à son champ de vision. En fin de compte, elle n’était qu’une employée de plus à son service, comme sa gouvernante ou le responsable de l’entretien de sa piscine. Cela convenait très bien à Bernie.

— Bas les pattes, Bridges. Tout ce que vous avez besoin de savoir, c’est que je suis armée et dangereuse, et que je vous ramènerai chez vous en un seul morceau, que ce soit bon pour l’humanité ou pas.

— En fait, je doute que vous ayez besoin d’une arme, déclara Bridges. Il paraît qu’un jour vous avez tué un homme avec un simple bâtonnet d’esquimau glacé.

— Un bâton de glace ? C’est ridicule ! s’esclaffa-t-elle.

— Donc, la rumeur est fausse ?

— Évidemment, confirma-t-elle avant de marquer une pause. C’était un coton-tige.

— Vu ta réaction, tu as l’air prête à te battre contre moi pour l’avoir, reprit Lawanda en agitant le doigt. Mais laisse-moi te dire un truc : tu es peut-être ceinture noire et tout, mais ta grossesse te ralentira, même si je suis petite et rouillée.

— Tu frapperais une femme enceinte ?

— Ma chérie, pour cet homme, je frapperais même une nonne enceinte.

— Attends une minute. Tu as noué ta cravate ?

— Ça fait des années que tu me répètes de le faire, non ?

— Euh… si.

Pourtant, elle ne le quittait pas des yeux. Finalement, elle tira dessus jusqu’à ce que le nœud se défasse.

— Eh ! protesta-t-il. Ça m’a pris dix minutes pour le réussir. J’étais fier de moi.

Bernie saisit les deux extrémités de la cravate, tira Jeremy vers elle et l’embrassa.

— Si tu la noues, comment on va faire pour te reconnaître ?

— Vous savez, répliqua Ruby. Vous faites peut-être un peu votre difficile. Les hommes ne tombent pas du ciel. (Elle s’avança en clopinant et jeta un coup d’œil à la rampe à moitié décrochée.) D’ailleurs, on peut dire qu’il déchire, celui-là. Quand allez-vous vous décider à trouver un homme ? lança-t-elle en relevant les yeux vers Bernie.

— En même temps que vous.

— Non ! Je suis assez vieille pour savoir qu’ils n’apportent que des emmerdes. Vous, vous êtes suffisamment jeune pour vous faire avoir. Alors, c’était qui ?

Bernie soupira.

— Le père de mon bébé.

— Hein ?

— Je suis enceinte.

Ruby écarquilla les yeux.

— Ah ouais ?

— Oui, confirma Bernie. Vous vous rendez compte ? Moi, à trente-six ans, je tombe enceinte.

— Hum… J’ai l’impression que cette idée ne vous enchante pas.

— Disons simplement que je suis partagée.

— Je vous crois. Si on part du principe que les hommes sont les pires emmerdeurs de la terre, les enfants suivent de près.

Elle lui décocha un coup d’œil stupéfait.

— Est-ce que j’ai l’air de savoir danser ?

— Viens, c’est facile, répondit-il en la prenant par la main.

— Jeremy…

Il inclina la tête et susurra à son oreille.

— C’est la seule façon que j’aie de poser mes mains sur toi en public sans qu’on me jette à la porte.

— J’ai changé d’avis, déclara-t-elle. Allons danser.

— Vous connaissez cette femme ? Celle qui se tient à côté du buffet, avec la robe à sequins argentés au ras du cul.

[...]

— Jamais vue avant ce soir, répondit-il.

— Moi, si. Deux fois ces derniers jours. Devant votre portail avant-hier et dans la rue en face de chez Rodolpho hier, quand vous déjeuniez avec Phil Brandenburg. Et elle ne vous a pratiquement pas quitté du regard ce soir. Il se peut qu’elle vous suive.

Jeremy sourit.

— Ah ! les femmes… On dirait qu’elles ne peuvent pas se contrôler quand je suis dans les parages.

— Il y a bien une chance que ce soit une groupie. Elle a dû tomber sur l’article paru dans Dallas After Dark et espère harponner un beau millionnaire.

— Donc, vous me trouvez beau ?

— Je ne fais que citer l’article.

— Eh bien ! Si c’est écrit noir sur blanc, ce doit être vrai.

— Bien sûr ! Dallas After Dark : le journalisme sous sa forme la plus pertinente.

Spoiler

— Donc, vous êtes là pour votre première échographie ?

— Oui, c’est ça, acquiesça Bernie.

— Comme c’est excitant ! Vous allez voir votre bébé pour la première fois. On vous donnera même une photo à rapporter chez vous.

— Vous entendez ça, Bernie ? s’exclama Jeremy. Une photo de notre bébé ! Vous vous rendez compte ?

— Le bébé fait la taille de mon petit doigt, rétorqua Bernie. Ce ne sera qu’une tache en noir et blanc sur un écran flou. Vous ne ferez même pas la différence entre le bébé et le reste.

— Ah ! dit Jeremy d’un air peiné. Donc, j’imagine que nous ne pourrons pas mettre ces photos sur nos cartes de vœux de fin d’année…

Bernie se leva et jeta les papiers sur le bureau.

_ Je veux la garde totale.

Jeremy cligna des yeux sous l'effet de la surprise.

_ Pardon ?

_ Vous m'avez très bien entendue. Signez ces papiers et vous n'entendrez plus jamais parler de moi ni de cet enfant.

_ Je n'aurais jamais cru que vous étiez si bête ! souffla Jeremy, stupéfait.

_ Qu'est-ce que vous racontez ?

_ Si vous êtes vraiment enceinte et croyez que je suis le père, pourquoi ne pas me demander une pension ?

_ Parce qu'il faut mieux que cet enfant n'ait pas de père du tout plutôt qu'un père minable, même si ce minable est obligé de lui donner une petite fortune.

Jeremy eut l'impression de se prendre une gifle.

_ Qu'est-ce qui vous fait penser que je serais un si mauvais père ?

_ Vous essayez de me dire que vous seriez bien dans ce rôle ?

— Donc, reprit-il prudemment, vous êtes enceinte et vous pensez que je suis le père ?

— Non, je ne le pense pas. À moins que je ne vive le deuxième cas d’immaculée conception de l’histoire, je le sais.