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L'un après l'autre, des morts tombés la face contre terre ont frappé mes yeux : poursuivis par la chaleur, cernés par la fumée, ils avaient du s'écrouler de douleur, et dans cet état, perdre connaissance et être asphyxiés. C'était même certain, après l'expérience de notre propre fuite. Nous aussi, nous venions de nous égarer tout au bord de la mort.
Afficher en entierÀ l’est de la gare se trouvait le temple de Yokogawa, mais du sanctuaire intérieur, il ne restait debout que des colonnes, Quant au pavillon extérieur, il avait complètement disparu, ne laissant qu'une place rase. Sur le chemin qui longe le parvis, il y avait des gens, tous couverts d’une espèce de cendre ou de poussière et qui tous, sans exception, saignaient de la tête, de la face, des mains, et ceux-ci étaient nus, de la poitrine, du dos, des cuisses, de partout. Il y avait une femme dont la joue trop gonflée pendait comme un sac, et qui marchait les mains en avant, comme un fantôme. Un homme, aussi nu que lorsqu’on plonge dans la piscine d’un bain public, marchait en se baissant comiquement. Une fenme en chemise courait, exténuée, en poussant des gémissements. Une autre, un bébé dans les bras, criait« De l’eau ! », et entre deux cris continuait d’essuyer les yeux de l’enfant, où était entassé quelque chose comme de la cendre. Un homme criant à tue-tête, des femmes, des enfants courant en hurlant de douleur, un homme assis au bord du chemin et agitant follement ses bras levés vers le ciel, une femme au seuil de la vieillesse priant avec ardeur, les mains jointes, auprès d’un tas de tuiles, un homme à moitié nu trottant et se heurtant à elle, et qui filait en jurant « L’idiote, la folle », un homme qui flânait, un autre en pantalon blanc qui rampait en sanglotant ha ha et avançait très lentement, voilà ce que j’ai vu en faisant cent vingt mètres à peine sur la route nationale qui va de la gare de Yokogawa, au parc de Mitaki
Afficher en entierLa nouvelle bombe qui est tombée à Hiroshima avait, paraît-il, la taille d’une boîte d’allumettes, et une puissance de plusieurs milliers de fois plus grande qu’une bombe de cinquante kilos.
Afficher en entierAu bout du pont gisait un mort, les bras étendus. Le teint avait noirci, mais il semblait parfois respirer, à longues inspirations, et en gonflant les joues. Il paraissait aussi cligner des paupières. N'en croyant pas mes yeux, j'ai posé mon paquet sur la balustrade et me suis timidement approché du cadavre : de sa bouche, de son nez, tombaient des flocons de vers, lesquels, groupés aussi sur les globes des yeux, et y rampant, faisaient comme bouger les paupières.
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