Commentaires de livres faits par Pompon
Extraits de livres par Pompon
Commentaires de livres appréciés par Pompon
Extraits de livres appréciés par Pompon
Qu'on sache seulement que mes yeux, parmi toutes les têtes anciennes et depuis longtemps décharnées, en découvraient deux nouvelles, fichées bien haut sur des épieux : la tête du prince et celle de Blanquemart. Du haut de leur pointe d'acier, où des crochets se recourbaient, elles regardaient les brasiers se recouvrir de blêmes éclats. La chevelure du jeune prince était à présent blanche, mais je trouvais dans ses traits plus de noblesse encore et cette beauté suprême, sublime, que seule enfante la souffrance.
Je sentis à ce spectacle des larmes me monter irrésistiblement aux yeux, mais de ces larmes où, mêlée à l'affliction, une violente exaltation nous saisit. Sur ce pâle masque où pendait en lambeaux la peau écorchée et qui, élevée sur l'épieu du martyre, regardait les feux au-dessous de lui, l'ombre d'un sourire se jouait, d'une allégresse et d'une douceur suprêmes, et je compris que cet homme avait, durant ce jour, dépouillé pas à pas sa faiblesse, comme laisse tomber ses haillons un roi qui se cachait sous le déguisement du mendiant. Un frisson me saisit alors au plus profond de l'être, car je compris que celui-là était digne de ses lointains ancêtres, vainqueurs des monstres ; il avait tué dans son coeur le dragon Epouvante. Si j'avais douté auparavant, à présent, mon doute s'effaçait : il existe encore parmi nous des êtres nobles, au coeur desquels vivait et s'accroissait la connaissance d'un ordre supérieur. Et comme tout haut exemple nous convie à le suivre, je fis le serment devant cette tête de préférer à jamais la solitude et la mort avec les hommes libres au triomphe parmi les esclaves.
Aristarque Dominiquovitch : Vous nous l'avez bien dit, n'est-ce pas ?
Sémione Sémionovitch : Oui, je l'ai dit. Parce que l'idée du suicide embellissait ma vie. Ma sale vie, Aristarque Dominiquovitch, ma vie inhumaine. Non, vous-mêmes, réfléchissez seulement à ça, camarades : il y avait un homme, il vivait comme un homme, et, d'un seul coup, cet homme, il se fait dégrader. Et pourquoi ? Est-ce que j'ai refusé le sort commun ? Est-ce que je me suis enfui devant la révolution d'Octobre ? Tout le temps qu'il a duré, Octobre, je ne suis pas sorti de chez moi. J'ai des témoins. Là, je me tiens devant vous, un homme dégradé devant la masse, et j'ai envie de parler à ma révolution : qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce que je ne t'ai pas donné ? Même mon bras je te l'ai donné, oui, révolution, mon bras droit, et, là, en ce moment, il est en train de voter contre moi. Toi, en échange, qu'est-ce que tu m'as donné, révolution ? Rien. Et aux autres ? Regardez dans les rues voisines, regardez tout droit la dot qu'elle leur a apportée. Moi, pourquoi on m'aura refusé, camarades ? Même quand notre gouvernement colle partout ses appels "A tous. A tous. A tous", même là, moi je ne les lis pas, parce que je sais que c'est à tous, mais pas à moi. Mais ce que je demande, ce n'est pas grand-chose. Tous vos mondes à bâtir, toutes vos victoires, vos incendies du monde entier et vos conquêtes: ça, gardez-le pour vous. Moi, camarades, il suffit que vous me donniez une vie tranquille et un salaire correct.
"Je ne peux continuer à vivre", déclama Evelyne. "Je préfère choisir la mort aux jours creux privés de son amour!". Elle prit alors le poignard, et se le planta dans le coeur. Du sang jaillit de sa poitrine et la jeune fille s'écroula sur scène.
"David...", murmura-t-elle, et rendit son dernier souffle.
L'aîné des enfants de Don Achille -je ne l'avais jamais vu et pourtant j'avais l'impression de m'en souvenir- avait fait la guerre et il était mort deux fois, d'abord noyé dans l'océan Pacifique et puis mangé par les requins.
Assomé par le nouvelle, il se sentit impuissant à la vue de son père en pleurs et se tint immobile à ses côtés. C'était la première fois qu'il voyait son père pleurer.
- Laisse-moi te préparer un peu de café, papa, murmura-t-il.
Misha saisit la chaise la plus proche et s'assit, attendant que son père retrouve son calme. Portant d'une main tremblante la tasse de café à ses lèvres, celui-ci prit la parole quelques secondes plus tard.
- J'ai été convoqué par le colonel Volodin à cinq heures ce matin. Maman a été arrêtée par le NKVD. Elle a été déclarée ennemie du peuple.
Ils apprirent au cours de la semaine qu'elle avait été expédiée dans un camp à l'est, pour dix ans avec interdiction de correspondre avec sa famille. Misha était désespéré. Il ne supporta pas l'idée de retourner en classe et manqua les cours plusieurs jours. Les mêmes questions le hantaient: de qui l'ordre venait-il? Qu'est-ce qui pouvait justifier l'exil de sa mère?
Un mois plus tard, alors que Misha insistait auprès de son père pour qu'il aille trouver le colonel Volodin et plaider leur cause, Yegor Petrov lui annonça que le colonel avait disparu à son tour. D'une voix mal assurée, il avoua craindre que le colonel n'ait été supprimé. Il ajouta qu'il ne devaient plus jamais parler d'Anna.
Le cochon dit: je suis ambitieux, travailleur et tout me réussit!
Le chat lance des "tssss" de dédain...
Tout dans l'univers a sa raison d'être.
Ne te compare jamais à quiconque.
Ne te sous-estime pas.
Ne te surestime pas.
- J'ai dit à qui a voulu l'entendre : c'est son neveu , le brigand, qui a fait le coup pour hériter.
- D'où vous vient cette certitude?... car, enfin, accuser un homme d'un si grand crime, c'est le pousser à l'échafaud...
- Eh! monsieur, qui donc serait-ce?... Monsieur Monistrol est venu voir son oncle hier soir, et quand il est sorti il était près de minuit... même, lui qui me parle toujours, il ne m'a rien dit ni en arrivant ni en s'en allant... Et de puis ce moment, jusqu'à celui où j'ai tout découvert, personne, j'en suis sûre, n'est monté chez monsieur Anténor...
[...]
" Ainsi, madame, insista-t-il, vous êtes certaine que monsieur Monistrol est venu hier soir?
- Certaine.
- Vous l'avez bien vu, bien reconnu?
- Ah! permettez... je ne l'ai pas dévisagé. Il a passé très vite en tâchant de se cacher, comme un brigand qu'il est, et le corridor est mal éclairé..."
Je bondis, à cette réponse d'une incalculable portée, et m'avançant ver la concierge:
" S'il en est ainsi, m'écriai-je, comment osez-vous affirmez que vous avez reconnu monsieur Monistrol?"
Elle me toisa, et avec un sourire ironique:
" Si je n'ai pas vu la figure du maître, répondit-elle, j'ai vu le museau du chien..." [...]
Elle frappa à la porte de sa sœur.
- C'est moi.
Un froissement se fit entendre. Luna vint ouvrir, vêtue d'une chemise de nuit. Elle était pâle comme un linge.
- J'ai quelque chose de très important à te dire, commença Amber.
- Moi aussi.
Luna se tourna vers le chaton. Il avait les yeux grand ouverts. L'aînée des Wilcox en demeura figée.
- Il...?
- Il est revenu à lui,oui.
Elles s'assirent ensemble sur le rebord du lit.
- Mais ce n'est pas tout, fit la cadette avec un tremblement dans la voix.
- Quoi?
Luna gratta le crâne du petit animal.
- Hé, murmura-t-elle c'est Amber, ma sœur Amber, tu te souviens?
- Am-ber, répéta le chaton avec application.
L'aînée des Wilcox se leva d'un bond. " Je suis folle, se dit-elle. Je viens de sombrer dans la folie."
" Qu'y -t-il? lui demanda sa camarade, nerveuse, quand il sauta sur la clôture, la queue hérissée.
- Il se passe quelque chose d'étrange. Le nid est vide. Reste-là. Je vais jeter un coup d’œil.
Il traversa le jardin le plus discrètement possible. Dès qu'il fut devant la porte, il entendit des pas derrière lui. Tempête de Sable l'avait suivi, les muscles tendus à craquer mais l'air déterminé. Il hocha la tête, se tourna de nouveau vers le battant.
A cet instant, le vrombissement d'un monstre se fit entendre. Le chat roux se glissa dans un passage qui longeait la maison. La peur lui tordait le ventre, mais il continua jusqu'au bout du sentier. Dissimulé par l'ombre du mur, il vit sous la lumière aveuglante du soleil un labyrinthe d'allées et de nid de Bipèdes.
A ses côtés, la chatte haletait, étourdie par ce spectacle.
" Regarde!" souffla-t-il.
Une créature gigantesque, presque aussi grande qu'une maison, était immobile sur le chemin du Tonnerre. Le vacarme assourdissant provenait de ses entrailles.
Il sursautèrent quand une autre porte claqua sur leur droite. Un Bipède s'avança vers le monstre, un étrange objet à la main. On aurait une petite tanière tissée avec des tiges rigides. A l'une de ses extrémités était tapis une boule de fourrure blanche. Le chasseur plissa les yeux pour mieux voir. Son cœur bondit dans sa poitrine quand il reconnut le visage aux yeux écarquillés de terreur pressés contre les barreaux.
C'était Nuage de Neige!
Et là, je reste pétrifiée d'horreur: les trois miroirs de la cabine m'offrent une vue complète de mon corps. je vois ainsi une fille dotée d'un affreux moignon attaché par des lanières à une prothèse de jambe. Une fille qui a perdu sa silhouette athlétique et ses larges épaules, qui a plusieurs kilos en trop, le ventre mou et un grand besoin de s'épiler. Sans oublier les petits seins qui ont l'air d'appartenir à quelqu'un d'autre, sous son sweat à côté, et un énorme popotin.
Cette fille, c'est moi.
J'ai vraiment du mal à me reconnaître.
Réaction de Margot: le hoquet. Elle se mit à émettre des hoquets monstrueux et gigantesques comme si chaque hoquet avait ses haut-parleurs individuels en stéréophonie. La classe était secouée par des rires qui se multipliaient à chaque nouveau hoquet. Margot aurait aimé que le carrelage s'ouvre et se referme sur elle, pour disparaître de la surface de la terre et qu'on n'entende plus parler de maths, du hoquet, ni d'elle pendant cent génération au moins.
Chacun offrit un conseil. Le prof envoya Camille chercher de l'eau.
" Bois... sans respirer." Aucun effet.
" Tiens le vers à l'envers, bouche ton nez avec le pouce et l'index et bois" Rien!
" Respire très fort" Néant.
"Saute!" Nul.
"Hurle!" Non.
Pendant qu'elle faisait le clown devant ces spectateurs captivés, quelqu'un cria : " Faites-lui peur!" Annick vint la gifler très fort sur les deux joues. Margot, sous le choc, fondit en larmes... mais le hoquet persistait. Le prof s'efforça de reprendre son cours au rythme du tic sans tac des hoquets de Margot. Elle voulait mourir tranquillement sur place et elle se voyait gentiment enterrée, lorsque la cloche sonna à réveiller les morts et à étouffer le moindre écho du hoquet.
" Que fait le délégué?" demanda Jacques.
" Une fois par trimestre, il assiste au Conseil de classe. Il transmet à l'administration les propositions des élèves. Il défend surtout ses camarades au Conseil et leur rend compte des délibérations. Et il est responsable du cahier de texte et du cahier d'appel. Qui veut poser sa candidature? Honneur aux filles!"
Personne ne bougea. Un silence tendu tomba sur la classe et envahit l'espace comme une armée invisible. Madame Luron attendait, otage de la paralysie générale.
Margot réfléchit rapidement. " Elle mérite mieux que ça. Il faut que quelqu'un se dévoue quand même, et puis, assister au Conseil de classe n'est peut-être pas si mal."