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Extrait ajouté par Gatou29 2014-06-22T00:14:52+02:00

J’ai gagné ! J’ai gagné au Scrabble !

[...]

OK. J’ai triché. Je sais que c’est mal. Et, pour être franche, j’ai cru que je me ferais prendre. Mais comme ma sonnerie était sur silencieux, personne ne s’est rendu compte que je correspondais avec Sam.

Et oui, bien entendu, je culpabilise. J’avoue même que la honte m’a submergée, à mi-partie, au moment où j’ai exprimé mon admiration à Sam.

"D’où sortez-vous ce vocabulaire ?"

Et il a répondu :

"Directement d’Internet."

Internet ? Sous le choc, impossible de réagir. Je croyais qu’il avait ces mots en tête et certainement pas qu’il les trouvait sur scrabblewords.com ou autre site.

"C’est de la triche !"

"Vous avez déjà franchi le pas. Alors quelle différence ?"

Et une seconde après, il a ajouté :

"Flatté que vous me preniez pour un génie."

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Les messages de Sam sont mélangés aux miens et ça fait bizarre. Deux à moi, six à lui, encore un à moi: nos messages se suivent, se touchent, se frôlent. C'est la première fois que je fais messagerie commune. Drôlement intime, comme impression.

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Extrait ajouté par Daliana 2016-11-24T00:04:32+01:00

- Attendez !crie mon inconnu dans mon oreille. Ce téléphone. Il appartient à mon assistante personnelle.

- Elle n'avait qu'à pas le jeter, je rétorque en poussant les portes en verre. Celui qui le trouve le garde !

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— C’est tout le problème, malheureusement. Nous n’avons pas le temps de faire les choses dans les règles. Pas plus que consulter nos avocats. S’il ne tenait qu’à moi…

— Vous le feriez arrêter, saisiriez ses biens personnels, l’obligeriez à passer au détecteur de mensonges dans une cellule sans lumière.

Un sourire involontaire éclaire un instant le visage de Sam.

— Quelque chose dans ce genre.

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Je prends un ton implorant.

— Et si je lui écrivais « Joyeux anniversaire » à votre place ? Allez… Vous n’avez rien à faire. C’est moi qui tape.

— Et puis, merde ! s’exclame Sam en quittant son écran des yeux. OK. Comme vous voulez. Mais seulement « Joyeux anniversaire ». Pas de smileys ni de bisous. Juste « Joyeux anniversaire, Sam. »

Bon, je brode un tantinet.

« Joyeux anniversaire, Lindsay. J’espère que vous allez fêter ça dignement. Bravo encore pour votre dossier sur la stratégie, c’était formidable. Meilleurs vœux, Sam. »

Je l’envoie en vitesse avant qu’il ne se demande pourquoi ça prend aussi longtemps.

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Extrait ajouté par Edith972 2014-05-10T20:54:23+02:00

Dire que c'est une bague exceptionnelle serait en dessous de la vérité. Elle est dans la famille de Magnus depuis trois générations. C'est une fabuleuse émeraude avec deux diamants qu'il a sortie du coffre de la banque juste avant de demander ma main. Je la porte tous les jours depuis trois mois sans le moindre problème. La nuit, je la pose religieusement dans une petite soucoupe en porcelaine ; le reste du temps, je la touche toutes les trente secondes pour m'assurer qu'elle est bien là… Et juste le jour où ses parents rentrent des États-Unis, je la perds ! Il a fallu que ça arrive ce jour-là !

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Extrait ajouté par Edith972 2014-05-10T20:53:10+02:00

Du recul. Je dois prendre du recul. Ce n'est pas comme si c'était un tremblement de terre, ou un tireur fou ou même une catastrophe nucléaire, quand même ! Sur l'échelle des désastres, ce n'est pas énorme. PAS énorme. Un jour, quand je me rappellerai ce moment, je rirai sûrement : « Ah ! ah ! Ce que j'étais bête de m'inquiéter… »

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Extrait ajouté par magaliB 2019-05-28T21:59:19+02:00

Finalement épuisée, je me vautre dans le canapé. J’ai l’impression d’avoir passé la journée dans ce foutu hôtel. Je devrais appeler Magnus et lui donner ce numéro, mais c’est au-dessus de mes forces. C’est absurde, mais j’ai la conviction qu’il va deviner au ton de ma voix que j’ai égaré ma bague. À la minute où je dirai « Salut ! » il va comprendre que ma main est nue.

Ma belle bague, reviens ! Ma jolie bague, reviens, s’il te plaît…

Je m’appuie contre le dossier en fermant les yeux pour envoyer un message par télépathie. Alors quand Beyonce recommence à beugler, je saute au plafond. Ça y est ! C’est ma bague ! Quelqu’un l’a trouvée ! Je décroche sans même regarder l’écran.

— Violet ?

Une voix d’homme. Pas celui qui a appelé un peu plus tôt. Celui-ci a une voix plus profonde. Si j’en juge par ce seul mot2, il n’a pas l’air de bonne humeur. Il souffle bruyamment, ce qui veut dire qu’il est soit un obsédé sexuel, soit qu’il fait de la gym.

— Tu es en bas dans le hall ? Les Japonais sont toujours là ?

Machinalement, je jette un coup d’œil autour de moi. Il y a un groupe entier de Japonais près des portes.

— Oui, ils sont encore là, dis-je. Mais je ne suis pas Violet. Et ce n’est plus son téléphone. Désolée. Vous pourriez peut-être prévenir les gens que son numéro a changé.

Il faut que les amis de la dénommée Violet me lâchent les baskets et qu’ils ne me sonnent plus toutes les cinq secondes.

— Excusez-moi, mais qui êtes-vous ? Pourquoi répondez-vous à ce numéro, et où est Violet ?

— Je suis l’heureuse propriétaire de ce téléphone, je réponds, plus sûre de moi que je ne le suis. Comme vous le savez certainement, « en fait de meuble, possession fait titre3 ».

— La propriétaire ? Mais c’est dingue, ça, vous êtes qui ?

Il profère quelques jurons, et j’entends des pas à l’autre bout du fil. On dirait qu’il dégringole des marches4.

— Dites-moi, ils s’en vont ?

— Les Japonais ? Peut-être. Difficile à dire.

— Il y a un petit gros avec eux ? Plein de cheveux ?

— Vous parlez d’un homme en costume bleu ? Oui, il est en face de moi. L’air furax. Il va mettre son imper.

Un de ses collègues vient de lui passer un trench Burberry. En l’enfilant, il a l’air renfrogné. Un torrent de paroles peu aimables jaillit de sa bouche, et tout son entourage opine du bonnet nerveusement.

— Non ! Il ne faut pas qu’il parte !

L’exclamation de mon interlocuteur me prend par surprise.

— Si, il est sur le départ. Navrée.

— Il faut que vous l’arrêtiez. Allez vers lui et empêchez-le de quitter l’hôtel. Tout de suite. Trouvez un moyen.

— Comment ? Écoutez, désolée mais je ne vous ai jamais vu…

— Moi non plus. D’ailleurs qui êtes-vous ? Une copine de Violet ? Pouvez-vous m’expliquer pourquoi elle a décidé de laisser tomber son job au milieu du plus grand séminaire de l’année ?

Qu’est-ce qu’elle croit ? Que tout à coup je n’ai plus besoin d’une assistante personnelle ?

Ah ! Donc, Violet est son assistante personnelle. Logique. Et elle l’a laissé tomber ! Le mec est tellement autoritaire que je ne suis pas étonnée.

— En tout cas, peu importe. Écoutez, je suis dans l’escalier, au 9e étage. L’ascenseur est en panne. Je serai en bas dans moins de trois minutes. Pendant ce temps-là, retenez Yuichi Yamasaki. On fera connaissance plus tard.

Quel culot !

— Sinon ? je réplique.

— Sinon une année de négociations délicates va s’effondrer en raison d’un malentendu ridicule. Le plus gros contrat de l’année partira en fumée. Vingt personnes perdront leur boulot : des directeurs, des secrétaires, toute la troupe. Uniquement parce que je ne peux pas descendre assez vite et que la seule personne qui pourrait m’aider refuse.

Oh, misère !

— Vous avez gagné ! dis-je furieuse. Je vais faire de mon mieux. Quel est le nom de ce type ?

— Yamasaki.

— Attendez, je crie à travers le hall. S’il vous plaît, monsieur Yamasaki ? Vous pouvez attendre une seconde ?

Il se retourne, l’air interrogateur, et deux de ses sbires s’avancent pour le protéger. Il a une face large, revêche, un cou de taureau, qu’il entoure d’une écharpe en soie. Pas évident qu’il soit prêt à papoter avec une inconnue.

Que lui dire ? Je ne parle pas un mot de japonais. Le business et la culture de l’empire du Soleil-Levant me sont totalement étrangers. Exception faite des sushis. Je ne peux quand même pas l’aborder et lui lancer sans crier gare : « Sushi, Sushi ! » Ce serait comme accoster un grand patron américain en lui disant : « Cheeseburger ! »

Alors j’improvise.

— Je suis… une grande admiratrice. De votre travail. Puis-je avoir votre autographe ?

Yamasaki est perplexe. Un de ses collègues lui murmure la traduction à l’oreille. Il se détend immédiatement, et j’ai droit à une petite courbette.

Prudemment, je lui rends la politesse. Il claque des doigts en aboyant un ordre. Un instant plus tard, un luxueux dossier en cuir s’ouvre devant lui, et il me rédige une page d’écriture tout en japonais.

— Il est toujours là ?

C’est la voix de mon inconnu.

— Oui, je murmure. Tout juste. Où êtes-vous ?

Je fais mon plus beau sourire à M. Yamasaki.

— Au 5e étage. Gardez-le-moi au chaud. Employez les grands moyens s’il le faut.

Mon Japonais me tend une feuille de papier, rebouche son stylo, me fait une nouvelle courbette et se prépare à partir.

Je suis au désespoir.

— Attendez ! J’aimerais… vous montrer quelque chose.

Un de ses collègues, lunettes à monture d’acier et chemise aussi blanche que le mont Fuji, me sermonne :

— M. Yamasaki est très occupé ! Soyez gentille de contacter notre bureau.

Ça y est, ils sont sur le départ. Que faire maintenant ? Je ne peux pas lui demander un second autographe. Ni le plaquer au sol. Il faut que je trouve autre chose pour le retenir…

— J’ai une communication spéciale à vous faire ! Je suis un télégramme chantant ! J’apporte un message de la part des nombreux fans de M. Yamasaki. Ce serait un grand manque de courtoisie à leur égard que de refuser de l’écouter.

L’expression « manque de courtoisie » les stoppe net. Ils froncent les sourcils, échangent des coups d’œil surpris.

— Un télégramme chantant ? demande l’homme aux lunettes à monture métallique d’un air méfiant.

— C’est comme un Gorilla Gram ! dis-je en guise d’explication. Mais sans le costume.

Je ne suis pas sûre d’avoir été bien comprise.

L’interprète murmure avec véhémence dans le tuyau de l’oreille de son boss et me dit :

— Vous pouvez commencer.

M. Yamasaki se retourne, tous ses collègues l’imitent, se placent sur un rang en croisant les bras. Quelques hommes d’affaires qui traînent dans le hall jettent des coups d’œil intéressés dans ma direction.

— Où êtes-vous ? je murmure d’un ton désespéré dans mon téléphone.

— Au 3e étage. Encore trente secondes. Accrochez-vous !

— Commencez ! insiste l’homme aux lunettes d’acier.

D’autres clients de l’hôtel s’arrêtent pour regarder la scène. Là, je suis vraiment dans le pétrin ! Comment me suis-je laissé embringuer dans une histoire pareille ? D’abord, je chante faux comme une casserole. Deuxio, qu’est-ce que je chante à un homme d’affaires nippon que je n’ai jamais vu de ma vie ? Tertio, quelle idée d’avoir parlé de télégramme chantant !

Mais si je ne réagis pas en vitesse, vingt personnes risquent de se retrouver au chômage.

Pour gagner du temps, je me plie en deux, et tous les Japonais m’imitent.

— Commencez ! répète l’homme aux lunettes d’acier, une lueur menaçante dans les yeux.

Je respire à fond. Allez, courage ! Je peux faire n’importe quoi. Et seulement pendant trente secondes. Ensuite je file, et ils ne me reverront jamais.

Je m’aventure avec précaution, sur l’air de Single Ladies.

— Monsieur Yamasaki… Monsieur Yamasaki. Monsieur Yamasaki…

Je me déhanche, roule des épaules, tout comme Beyonce5 :

— Monsieur Yamasaki, monsieur Yamasaki…

Je découvre que c’est assez facile. Pas besoin d’inventer des paroles, il suffit que je répète son nom encore et encore. Au bout d’un moment, certains Japonais reprennent en chœur et tapent dans leurs mains.

— Monsieur Yamasaki, monsieur Yamasaki, monsieur Yamasaki, monsieur Yamasaki…

Je lève un doigt et l’agite sous son nez en lui adressant un clin d’œil. Tous les Japonais chantent maintenant avec moi, tous sauf M. Yamasaki qui ne bouge pas mais a l’air enchanté. Quelques membres du séminaire se joignent à eux en chantant et j’entends l’un de ces messieurs demander :

— C’est quoi, un flash mob ?

— Monsieur Yamasaki, monsieur Yamasaki, monsieur Yamasaki, où êtes-vous ? je murmure au téléphone avec un grand sourire.

— Je vous admire.

— Quoi !

Je sursaute et jette un regard circulaire.

Soudain, je repère un homme à trente mètres de moi. Il a un costume sombre, d’épais cheveux noirs ébouriffés et un téléphone collé à une oreille. Même à cette distance, je m’aperçois qu’il est en train de rire. Il exagère, non ?

— Depuis quand êtes-vous là ?

— J’arrive à l’instant mais je ne voulais pas vous interrompre. Vous faites un boulot génial. Vous avez amadoué M. Yamasaki.

— Vous êtes trop bon ! J’ai été ravie de vous venir en aide. Et maintenant il est à vous.

M. Yamasaki a droit à une magnifique révérence de ma part. Je fais demi-tour et part comme une fusée vers la sortie sans m’occuper des Japonais qui manifestent leur déception. J’ai d’autres chats à fouetter que de m’occuper de ces gens et de leurs contrats à la noix.

— Attendez ! crie mon inconnu dans mon oreille. Ce téléphone. Il appartient à mon assistante personnelle.

— Elle n’avait qu’à pas le jeter, je rétorque en poussant les portes de verre. Celui qui le trouve le garde !

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Extrait ajouté par magaliB 2019-05-28T21:49:02+02:00

1

Du recul. Je dois prendre du recul. Ce n’est pas comme si c’était un tremblement de terre, ou un tireur fou ou même une catastrophe nucléaire, quand même ! Sur l’échelle des désastres, ce n’est pas énorme. PAS énorme. Un jour, quand je me rappellerai ce moment, je rirai sûrement : « Ah ! ah ! Ce que j’étais bête de m’inquiéter… »

Arrête, Poppy ! Ne fais pas semblant ! Je ne ris pas – en fait, je me sens hyper mal. Comme une furie, je fais le tour des salons de l’hôtel, scrutant la moquette bleue à motifs, derrière les chaises dorées, sous les serviettes en papier froissé. Mais où peut-elle bien être ?

Je l’ai perdue. La seule chose au monde que je ne suis pas censée perdre. Ma bague de fiançailles.

Dire que c’est une bague exceptionnelle serait en dessous de la vérité. Elle est dans la famille de Magnus depuis trois générations. C’est une fabuleuse émeraude avec deux diamants qu’il a sortie du coffre de la banque juste avant de demander ma main. Je la porte tous les jours depuis trois mois sans le moindre problème. La nuit, je la pose religieusement dans une petite soucoupe en porcelaine ; le reste du temps, je la touche toutes les trente secondes pour m’assurer qu’elle est bien là… Et juste le jour où ses parents rentrent des États-Unis, je la perds ! Il a fallu que ça arrive ce jour-là !

À ce moment précis, Antony Tavish et Wanda Brook-Tavish, deux éminents professeurs, sont dans l’avion, de retour de six mois de congé sabbatique à Chicago en train d’avaler des cacahouètes grillées au miel et de lire des documents universitaires sur leur tablette Kindle respective. Je ne sais pas lequel des deux est le plus intimidant.

Lui : il est tellement sarcastique.

Non, elle. Avec ses cheveux frisés et cette manière de me bombarder de questions sur le féminisme.

OK. Tous les deux sont flippants. Alors l’idée qu’ils atterrissent dans une heure avec la ferme intention de voir la bague… Vous pouvez imaginez !

Bon. Calme-toi, Poppy. Sois positive. Je dois aborder le problème sous un autre angle. Comme par exemple… Tenez, à ma place, que ferait Hercule Poirot ? Il ne paniquerait pas. Il garderait son calme et utiliserait ses petites cellules grises pour se souvenir du détail minuscule mais vital qui le mettrait sur la bonne piste.

Je me frotte les yeux. Petites cellules grises, s’il vous plaît, volez à mon secours.

Évidemment, Poirot n’avait sans doute pas descendu trois coupes de champagne rosé et un mojito avant de résoudre le mystère de l’Orient-Express.

— Mademoiselle ?

Une femme de ménage aux cheveux gris me contourne avec son aspirateur. Mon Dieu ! Elles commencent déjà à passer l’aspirateur ? Mais elles vont avaler ma bague !

J’attrape sa blouse en nylon bleu.

— Vous pouvez me laisser encore cinq minutes avant de nettoyer ?

— Vous cherchez toujours votre bague ? Arrêtez de vous faire du mauvais sang ! Je suis sûre qu’elle est chez vous. Elle y a toujours été !

— Peut-être.

Je me force à être polie, mais tout mon être crie : « Je ne suis pas idiote à ce point ! »

À l’autre bout du salon, une autre femme de ménage fourre les restes de cupcakes et des serviettes en papier roulées en boule dans un sac-poubelle noir. Elle a l’air de faire ça machinalement. Elle n’a donc rien écouté de ce que je lui ai dit ?

— S’il vous plaît ! je glapis en me précipitant vers elle. Vous faites bien attention à ma bague, hein ?

— Pour le moment, je l’ai pas vue, ma petite.

Cette bonne femme jette tout ce qui lui passe à portée de main sans même regarder.

— Attention !

Je récupère les serviettes, les tâte soigneusement à la recherche d’un truc dur, me tartinant de glaçage au passage.

— Ma petite, laissez-moi faire mon boulot. Regardez le bazar que vous faites !

Elle m’arrache les serviettes des mains.

— Je sais, je suis désolée, dis-je en ramassant les moules en papier que j’ai fait tomber, mais vous comprenez, si je ne trouve pas ma bague, je suis morte.

J’ai envie d’autopsier ce sac-poubelle avec des pincettes. J’ai envie d’entourer le salon d’un ruban jaune comme dans les séries policières. Ma bague est sûrement là. J’en mettrais ma main au feu !

À moins que quelqu’un l’ait gardée. Je me raccroche à cette autre possibilité. Une de mes copines l’a toujours au doigt et ne l’a pas encore remarqué. Elle l’a peut-être glissée dans un sac… À moins qu’elle soit tombée dans une poche… Elle est coincée dans les mailles d’un pull… Dans ma tête les hypothèses se bousculent, de plus en plus improbables, mais c’est plus fort que moi.

— Vous avez essayé les toilettes ? insiste la femme de ménage.

Bien sûr que j’ai inspecté les toilettes. J’ai vérifié chaque cuvette. Et tous les lavabos. Deux fois. Ensuite j’ai même essayé de persuader le concierge de les condamner et de vidanger les canalisations, mais il a refusé. Il a ajouté qu’il accepterait seulement si j’étais certaine de l’avoir perdue à l’hôtel. D’ailleurs la police serait de son avis et je serais bien aimable de m’écarter du comptoir pour laisser la place aux clients en attente.

La police, quelle bonne blague ! Je pensais voir débarquer la brigade toutes sirènes hurlantes dès mon appel. Et pas seulement pour me demander d’aller au commissariat et de porter plainte. Comme si j’avais le temps. J’ai une bague à retrouver, moi !

Je me précipite vers la table ronde où nous étions assises cet après-midi, je me glisse dessous et tapote la moquette autour de moi pour la énième fois. Comment est-ce arrivé ? Je ne suis pas folle à ce point-là, quand même !

C’est ma vieille copine d’école Natasha qui a eu l’idée de réserver une table pour la manifestation de bienfaisance « Champagne pour Marie Curie » parce qu’elle n’a pas pu venir à mon enterrement de vie de jeune fille. On était huit à boire du champagne gaiement et à se bourrer de cupcakes. J’étais assise entre Annalise – nous étions ensemble à la fac et maintenant nous travaillons ensemble dans le cabinet de kinésithérapie First Fit – et Ruby, notre collègue rencontrée pendant notre formation. Soudain, juste avant le début de la tombola, une des filles a dit :

— Allez, Poppy, on voudrait voir ta bague de près.

Impossible de me rappeler qui c’était. Annalise peut-être ? Ou Ruby, mais je ne suis pas certaine qu’elle ait essayé la bague. Peut-être que oui, au fond ?

Seigneur, quelle gourde je suis ! Comment jouer les Hercule Poirot si je ne peux même pas me souvenir de l’essentiel ? En vérité, tout le monde l’a essayée, ma bague : les filles avec qui j’étais en classe à Taunton, Natasha, Clare et Emily ; l’organisatrice de mon mariage, Lucinda, qui est devenue presque une amie, et son assistante Clemency ; et puis Ruby et Annalise (qui sont non seulement des amies de fac et des collègues mais aussi mes deux meilleures amies. Elles seront d’ailleurs mes demoiselles d’honneur).

Je l’avoue : tous leurs compliments m’ont grisée. J’ai moi-même du mal à croire qu’un bijou aussi somptueux m’appartienne. En fait, je ne reviens pas de tout ce qui m’arrive. Moi, Poppy Wyatt, je suis fiancée. À un grand et séduisant maître de conférences qui a écrit un bouquin et qui est même passé à la télé. Il y a six mois, ma vie amoureuse était un désert. Rien de notable depuis un an, à tel point que je me demandais si je n’allais pas relancer le type de Meetic à mauvaise haleine… et voici que mon mariage est dans dix jours ! Quand je me réveille le matin et regarde le dos lisse et couvert de taches de rousseur de Magnus, je me répète : « Mon fiancé, le Dr Magnus Tavish, membre du King’s College de Londres1 » et j’ai du mal à le croire. Et quand je regarde ma bague qui brille de mille feux sur ma table de nuit, j’ai tout autant de mal à y croire.

Qu’est-ce que Magnus va dire ?

J’ai le cœur serré et du mal à avaler. Non. N’y pense pas. Allez, mes petites cellules grises, c’est le moment de vous remuer.

Je me souviens que Clare a gardé la bague un long moment. Elle n’avait pas envie de l’enlever. Et puis Natasha a voulu la lui retirer en s’exclamant : « C’est mon tour ! » Et moi, je l’ai calmée en lui disant : « Tout doux ! »

Tout ça pour dire que je faisais attention, que je ne perdais pas ma bague de vue.

Et puis j’ai été distraite par la tombola et ses prix fantastiques : une semaine dans une villa italienne, une coupe de cheveux dans un salon type, un bon d’achat chez Harvey Nichols… L’ambiance était électrique. À l’appel des numéros, les filles sautaient de joie :

— C’est moi ! C’est mon numéro !

À cet instant-là, j’ai commis une erreur. L’instant où tout a basculé, l’instant de tous mes regrets. Si je pouvais revenir en arrière, c’est à cette seconde que je me dirais : « Poppy, pense au plus important ! »

Mais on ne s’en rend compte qu’après, n’est-ce pas ? Le moment arrive et on commet l’erreur de sa vie. Ensuite, c’est trop tard, et impossible de rectifier le tir.

Alors voilà ce qui s’est passé : Clare a gagné des billets pour Wimbledon. J’adore Clare mais elle a toujours été longue à la détente. Au lieu de bondir en hurlant « Houhou, c’est moi ! », elle a levé sa main de quelques centimètres. À notre table, certaines filles n’ont même pas remarqué qu’elle avait un ticket gagnant.

Au moment où je m’en suis aperçue, l’animateur sur le podium a annoncé :

— Puisque personne ne s’est manifesté, nous allons faire un nouveau tirage…

— Crie fort !

J’ai donné un coup de coude à Clare et j’ai agité mon bras comme une furie.

— Ici ! La gagnante est ici !

— … Et le nouveau numéro est : 4-4-0-3.

Incroyable mais vrai : une brune de l’autre côté de la salle s’est mise à brailler en brandissant son billet.

— Elle a pas gagné ! C’est toi ! me suis-je révoltée, furieuse.

— Ça ne fait rien, a marmonné Clare en se tassant sur sa chaise.

— Mais si, ça compte !

Et toute ma table s’est tordue de rire.

— Vas-y Poppy ! s’est écriée Natasha. Sors ton grand lasso ! Bats-toi !

— Vas-y, Zorro !

C’est une vieille plaisanterie. Une fois, une seule, parce que j’avais lancé une pétition à l’école pour sauver les hamsters, tout le monde a commencé à m’appeler Zorro. Et ma devise demeure : « Mais si, ça compte2 ! »

En tout cas, dans les deux minutes qui ont suivi, j’étais sur l’estrade avec la brune et j’affirmais à l’animateur que le ticket de ma copine était le seul valable.

Sûr que je n’aurais jamais dû quitter la table. Je n’aurais jamais dû abandonner ma bague, même une seconde. Je me rends compte que c’était stupide. Mais pour ma défense, comment aurais-je pu savoir que l’alarme d’incendie allait se déclencher ?

C’était complètement surréaliste. On participait tranquillement à une tombola de charité quand soudain, coup de tonnerre, une sirène s’est mise en route et le foutoir a commencé, avec tout le monde debout se précipitant vers les sorties. Je vois encore Annalise, Ruby et les autres attraper leurs sacs et foncer vers l’issue de secours. Un type en costume est apparu sur l’estrade et nous a expulsés, l’animateur, la brune et moi, sans me laisser rejoindre mes amies. Il ne cessait de répéter :

— Votre sécurité est notre priorité3 !

À ce moment-là, je n’étais pas inquiète. Je ne pensais pas que ma bague avait disparu. J’étais sûre qu’une des filles l’avait gardée et que j’allais la récupérer une fois dehors.

Mais sur le trottoir, c’était le bazar ! Un important séminaire se tenait également dans l’hôtel, et tous ses participants jaillissaient des différentes portes. Le personnel faisait des annonces au mégaphone, les alarmes des voitures s’affolaient, bref, dans la mêlée, j’ai mis un temps fou à mettre la main sur Natasha et Clare.

— Vous avez ma bague ? j’ai demandé le plus gentiment possible. Qui l’a gardée ?

Elles ont eu l’air ahuries. Natasha a haussé les épaules :

— J’sais pas. C’est pas Annalise ?

Alors j’ai plongé dans la cohue pour la retrouver, mais elle ne l’avait pas. Elle croyait que c’était Clare. Mais Clare pensait que c’était Clemency. Et Clemency était persuadée que c’était Ruby, mais que celle-ci était sans doute déjà partie.

La panique, ça vous prend par surprise. Vous êtes encore assez calme en vous persuadant : « Sois pas ridicule. Évidemment, elle n’est pas perdue ta bague ! » Une minute plus tard, le personnel de l’hôtel annonce que la tombola est écourtée en raison de circonstances imprévues et distribue des cadeaux de consolation. Ensuite, on s’aperçoit que toutes les copines ont disparu dans le métro. Et toujours pas de bague au doigt. Et une petite voix intérieure vous nargue : « Je t’avais bien dit que ça arriverait ! On aurait jamais dû te confier cette bague ancienne, une erreur monumentale ! »

Et c’est comme ça qu’une heure plus tard je me retrouve sous la table à ausculter une moquette d’hôtel dégoûtante, espérant de tout mon cœur un miracle. (Même si le père de mon fiancé a écrit un best-seller affirmant que les miracles n’existent pas et que tout ça c’est de la superstition. Et que s’exclamer OMD – « Oh, mon Dieu », pour celles qui ne le sauraient pas – est un signe de faiblesse4.)

Tout à coup, mon téléphone clignote. Je le prends en tremblant. Trois SMS viennent d’arriver, que je consulte pleine d’espoir.

Tu l’as trouvée ? Bizz Annalise.

Désolée, ma belle. Je ne l’ai pas vue. T’inquiète, je dis rien à Magnus. Bisous N.

Salut, Pops ! C’est terrible de perdre sa bague ! En fait je crois que je l’ai vue… (texte manquant)

Survoltée, je fixe mon téléphone. Clare croit qu’elle l’a vue. Où ça ?

Je m’extirpe de sous la table et secoue mon portable, mais la suite du message refuse absolument d’apparaître. Ça capte mal ici. Et dire que c’est un hôtel cinq étoiles. Il faut que je sorte.

M’approchant de la femme de ménage aux cheveux gris, je parle plus fort à cause de l’aspirateur :

— Je vais dehors pour lire un SMS. Mais si vous trouvez ma bague, appelez-moi. Je vous donne mon numéro de portable, je serai sur le trottoir…

— D’accord !

Je traverse en courant la réception, slalomant entre les participants du séminaire. Je ralentis devant le bureau du concierge.

— Toujours rien ?

— Rien pour le moment, mademoiselle.

On est seulement mi-avril et pourtant l’air est doux, presque estival. J’espère que le temps n’aura pas changé dans dix jours parce que ma robe de mariée est dos-nu et que je compte sur du ciel bleu.

Je monte et je descends les marches étroites du perron en agitant mon téléphone, mais toujours pas de réseau. À la fin, j’arrive sur la chaussée d’une rue tranquille de Knightsbridge, tout en remuant mon mobile plus furieusement, je le brandis au-dessus de ma tête en le tenant du bout des doigts.

« Vas-y, mon petit téléphone chéri, tu peux y arriver. Fais-le pour moi. Affiche le message. Il doit bien y avoir un réseau dans le coin… »

— Oooooooooooooh !

Je m’entends crier sous le choc avant même de comprendre ce qui est arrivé. Mon épaule me fait mal. Mes doigts me brûlent. Un type à vélo s’enfuit en pédalant vers l’extrémité de la rue. Avant qu’il tourne le coin, j’ai à peine le temps d’enregistrer un vieux sweat à capuche gris et un slim noir.

J’ai la main vide. Oh, merde…

Je regarde ma main sans y croire. Plus rien. Le salaud m’a piqué mon téléphone !

Mon téléphone, c’est ma vie ! Je n’existe pas sans lui. C’est un organe vital.

Le portier se précipite au bas des marches.

— Ça va, mademoiselle ? Il s’est passé quelque chose ? Il vous a fait mal ?

— J’ai… j’ai été agressée. On m’a piqué mon téléphone.

— Des filous. Il faut se méfier dans ce secteur…

Je ne l’écoute pas. Je tremble des pieds à la tête, complètement paniquée. Comment faire sans téléphone ? Comment fonctionner ? Ma main cherche automatiquement mon mobile à sa place habituelle, dans ma poche. Mon instinct me pousse à envoyer un SMS : OMD, j’ai perdu mon téléphone ! Mais comment faire, justement ?

Mon téléphone, c’est ma planète, mes amis, ma famille. C’est mon boulot. C’est mon univers. C’est tout pour moi. J’ai l’impression qu’on a débranché mon aide respiratoire.

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Je respire à fond. Allez, courage ! Je peux faire n'importe quoi. Et seulement pendant trente secondes. Ensuite je file, et ils ne me reverront jamais.

Je m'aventure avec précaution, sur l'air de "Single Ladies".

- Monsieur Yamasaki... Monsieur Yamasaki. Monsieur Yamasaki...

Je me déhanche, roule des épaules, tout comme Beyonce.

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