Extraits

Tout à coup, sa bouche chaude et sucrée vient se coller à la mienne. Je retiens ma respiration et ouvre grand les yeux. C’est plus doux que je ne le pensais. Aucune envie de vomir, pas de tête qui tourne ! Un nuage de papillons me chatouille le ventre lorsqu’il noue ses doigts aux miens. Ses mains tremblent. Je ne l’avais encore jamais vu de si près ! On dirait qu’il réfléchit. Son souffle me chatouille le nez. Il sent la terre humide et l’herbe fraîche. Il sent le printemps. Il sent nos jeux. Il sent le bonheur. Alors je ferme les yeux sans trop savoir pourquoi. Mon cœur bat fort dans ma tête.

- Quand je t'embrasserai, poursuit-il d'une voix savoureuse, je ne le ferai pas de cette façon. Pas dans ce contexte, pas pour un stupide jeu et pas pour défier une fille dont je me fous complètement.

OK, je crois que je deviens folle. J'entends ou plutôt je transpose des propos hors de leur contexte. Comme s'il venait tout juste de parler au futur plutôt qu'au conditionnel. Toutes les bases de mes conjugaisons sont à revoir!

Sa voix est d’une douceur qui apaise les plus gros des chagrins. Maman a ce pouvoir magique. Celui de calmer d’un regard, d’un geste tendre ou d’un mot câlin. De son pouce, elle balaie mes larmes avant de me percher sur ses genoux. Elle sent le romarin et les fleurs des champs. Je me calme aussitôt.

Je déteste qu’on me voie comme une fille fragile. Je veux me battre comme un garçon, je veux courir comme un garçon, je veux gagner comme un garçon ! Si je pouvais, je m’habillerais comme un garçon, mais maman dit que les filles sont plus malignes et mettent des jupes pour tromper l’adversaire. Je ne comprends pas bien ce qu’elle veut dire, mais dans ses yeux mon reflet montre une petite guerrière en robe courte, et j’aime ça.