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Elle se pencha pour embrasser sa mère une dernière fois avant de partir.
— Dors bien, dit-elle doucement. Rêve de ce que tu feras lors de ton premier jour de liberté, dans ta nouvelle vie. Tu pourras enfin rire sans redouter d’attirer son attention… Tu pourras te remettre à la peinture, et les gens se battront pour acheter tes toiles, exactement comme autrefois.
— Oh ! je n’ai pas touché un pinceau depuis des années, observa sa mère. Je n’en ressens plus le désir.
— C’est parce que tu ne t’autorises plus à éprouver quoi que ce soit. Ce sera très différent quand tu ne seras plus sous son influence. Maman, tu vas récupérer ta vie !
— Et si ton père rentre de Crète plus tôt que prévu ? s’inquiéta sa mère, ses grands yeux anxieux posés sur elle. Et s’il découvre que tu n’es plus là ? Y as-tu pensé ?
Oui, elle y avait pensé. C’était un risque contre lequel elle ne pouvait se prémunir. Alors mieux valait l’ignorer. Sinon, tout était fichu.
— Il ne rentrera pas plus tôt que prévu, assura-t-elle en souriant. Il ne l’a jamais fait, n’est-ce pas ?
Afficher en entier— Mais existe-t-il une seule chose au monde que votre père aime ? demanda-t-il.
« Oh ! oui. Dominer. Blesser les gens. Les humilier. Les tenir à sa merci, les broyer… »
— Gagner, répondit-elle en plongeant son regard dans celui de son compagnon.
Afficher en entier— Laissez-moi vous dire quelque chose au sujet de la séduction, Selene. Pour vous, ce n’est qu’un mot… Mais cela représente infiniment plus que cela. La séduction, c’est l’art conjugué de la tentation et de la persuasion, jusqu’à ce que vous rendiez quelqu’un fou de désir. Oui, le parfum est important, mais il s’agit moins de celui d’une bougie que de celui de la personne que vous allez séduire. Il y a aussi le toucher, et le son…
— Le son ? demanda-t-elle, la gorge nouée.
Sans la quitter des yeux, il poursuivit :
— Oui. Quand je suis avec une femme, j’aime écouter les sons que produit le plaisir dans sa bouche. Je veux l’entendre tandis que je la sens sous mes lèvres ou sous mes doigts. Et puis, il y a le goût…
Impitoyable, son regard de velours s’arrimait au sien.
— Je veux goûter chaque atome de son anatomie et l’inviter à goûter chaque atome de la mienne.
— V… Vraiment ?
— L’odorat, le toucher, l’ouïe, la vue, le goût : la séduction s’appuie sur tous les sens à la fois, et non sur un seul. Car son objet est l’envoûtement du corps et de l’esprit, qui doivent fusionner, s’extraire du champ rationnel, et se résumer en un seul et unique désir, un état primaire, élémentaire, où rien d’autre ne compte plus que l’instant présent.
Afficher en entier— L’amour vous transformerait, dit-elle avec un regard désolé.
L’amour ? Stefan sentit un froid profond l’envahir. D’un bond, il se leva.
— Est-ce que la définition de votre poste a changé sans que je m’en aperçoive, Maria ? Une nouvelle réglementation européenne prévoit-elle que vous preniez en charge mon intimité ?
— Oh ! parfait, répliqua la jeune femme sans se démonter. Message reçu. Cela ne me regarde pas. Je ne sais pas pourquoi je m’en mêle, d’ailleurs.
Afficher en entier- Je peux te protéger, dit-il. Tu n’as plus rien à redouter de ton père si tu es auprès de moi.
Mais c’était de lui qu’elle avait peur… Ou plutôt des sentiments qu’il lui inspirait. D’un geste brusque, elle se dégagea de son étreinte.
- Pourquoi en reviens-tu toujours à ta rivalité avec mon père ?
À ces mots, il sembla se tendre davantage et lui décocha un regard dur.
- Tu crois vraiment que mes sentiments pour ton père sont liés à des affaires économiques ?
Afficher en entier- Oh ! oui, répondit, tout sourires, l’une des dames du groupe. Donnez-moi cet homme si séduisant, qui se tient à la table un peu derrière vous, s’il vous plaît, mademoiselle. Et dites-moi s’ils ressemblent tous à celui-ci ! Parce que si c’est le cas, je m’installe à Athènes immédiatement.
Afficher en entierElle était partie… et c’était sa faute. Au lieu de l’écouter et de lui prouver qu’il pouvait être digne de sa confiance, il s’était mis en colère. Et s’il y avait une chose que Selene avait assez endurée pour une vie entière, c’était bien la colère masculine ! Rien d’étonnant à ce qu’elle se soit enfuie…
Afficher en entierUne princesse gâtée… La culpabilité lui serra le cœur. C’était ce qu’il avait cru lui aussi. Oui, il avait commis la même erreur que tout le monde. Il s’était laissé berner par l’image construite de toutes pièces par le vieux renard. Une épouse choyée, une fille surprotégée et couverte de cadeaux, dont il parlait comme de la prunelle de ses yeux à chaque interview…
Comme il avait été naïf, stupide, en fait !
Afficher en entierToujours agenouillée sur le sol, elle était plus consciente que jamais de son impuissance. Elle avait mal partout. C’était sans espoir. La seule fois où elle avait osé donner l’alerte, la police ne l’avait même pas crue… Pourquoi cela changerait-il ? En société, son père était un homme charmant. Exquis, même : généreux, plein d’humour, attentionné. Et, surtout, il était puissant. Il frayait avec les grands banquiers, des hommes d’affaires étrangers, des politiciens… Oui, Stavros Antaxos était intouchable.
Afficher en entierLe coup partit, inattendu. Parce qu’elle ne s’y était pas préparée, elle fut propulsée contre le mur et se cogna violemment la tête.
Une douleur aiguë lui irradia le crâne.
Étourdie, elle se redressa lentement. Un goût de sang envahit sa bouche. Malgré ses tentatives pour se maîtriser, ses membres étaient secoués de tremblements convulsifs.
- Ta mère devait savoir tout cela, poursuivit-il, d’une voix égale. Dès que j’en aurai fini avec toi, j’irai la voir et elle me dira la vérité.
À ces mots, Selene sentit ses forces lui revenir. Comme souvent dans ces circonstances, la haine la galvanisait. Folle de rage, elle fixa sur lui un regard assassin.
- Non ! Je t’interdis de t’approcher d’elle ! Si tu oses encore lever la main sur elle, je jure que… J’appellerai la police.
- Bonne idée, s’esclaffa-t-il. Nous savons tous quel résultat tu as obtenu la dernière fois que tu t’es offert cette fantaisie.
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