Pour ne plus jamais te perdre

Il ne restait à présent que onze jours avant l'éclipse. Dans quelques heures, ils seraient arrivés au château de Geoffroy. Ils y passeraient la nuit avant de repartir le lendemain pour aller trouver le roi et lui demander l'annulation de leur mariage.

Par une sorte d'accord tacite, ils avaient tous deux évité de revenir sur cette question. Car s'ils étaient résignés, ils n'en demeuraient pas moins réticents à accomplir cette démarche.

- Geoffroy, quand nous partirons pour Paris demain, aurai-je mon propre cheval?

- Non point, ma mie, répondit-il en la serrant plus fort. Tu es bien mieux ainsi. Et ton dos souffrira moins si tu peux te reposer contre moi.

Céline n'était pas entièrement convaincue, mais elle ne le contredit pas. Elle était trop heureuse de pouvoir profiter ainsi de sa présence pendant le jour. Car, la nuit, ils veillaient à rester aussi éloignés l'un de l'autre que possible.

- Je pensais que cette position n'était peut-être pas très confortable pour toi.

Il approcha son visage et sa barbe rugueuse vint frotter la joue soyeuse de Céline.

- Oïl, car elle me rappelle cruellement combien j'ai envie de toi, lui susurra-t-il.

En entendant ces mots, Céline fut envahie par une étrange chaleur.

- C'est que je ne veux pas te tourmenter inutilement.

Il poussa un grognement avide dont elle sentit la vibration lui courir dans le dos.

- Il va nous falloir garder notre escorte. En partant seuls pour Paris, nous éveillerions les soupçons.

Il lui mordillait doucement le lobe de l'oreille et Céline frissonna agréablement.

- Oh, oui, nous pourrions éveiller les soupçons, répéta-t-il en embrassant le cou de la jeune femme.

- Arrête, je ne peux pas réfléchir quand tu me fais ça.

- Et moi je ne peux penser à rien d'autre qu'à la façon de voler un moment d'intimité avec toi.

- Je dois trouver une excuse pour éloigner notre loyale escorte pendant quelques instants. Je ne songe plus qu'à cela. A ton corps doux et chaud, ouvert pour moi.

- Geoffroy, implora-t-elle.

- Oïl, répète encore mon nom ! J'aime comme tu le prononces quand je me glisse en toi... Et que tu fonds comme miel autour de moi.

Sa main était remontée le long de la taille souple de Céline, jusqu'à un sein qu'il caressait du pouce à travers le velours de sa robe.

- Etienne est juste derrière nous, protesta-t-elle, haletante.

- Hum. Peut-être nous faudrait-il transformer quelque peu ta robe, dit-il d'une voix rauque. En y pratiquant une ouverture, je pourrais...

Le cœur de Céline s'emballa quand il la plaqua contre lui de son bras puissant et qu'elle sentit dans son dos la preuve de son désir.

- Il faudrait une autre ouverture à l'avant de mon habit, continua Geoffroy.

- Et des boutons, ajouta Céline. Il est temps que les hommes de cette époque découvrent les avantages de la braguette !

- Excellente idée. Alors tu me confectionneras ces nouvelles chausses dès que nous serons arrivés au château.

Elle eut un petit rire nerveux en réalisant que ce qu'elle avait d'abord pris pour une plaisanterie prenait un tour des plus sérieux. Geoffroy avait vraiment l'intention de lui faire l'amour sur son cheval au vu de tous.

- C'est une idée complètement folle. Nous ne pourrons jamais passer inaperçus. Etienne et Rémi nous verront forcément.

- Non point, car le pas de Pharaon cachera nos mouvements, dit-il en l'embrassant dans le cou. Mais il nous reste un dernier obstacle à vaincre. Comment ferons-nous taire cette douce musique que tu nous chantes, femme, lorsque je suis en toi ?

Elle se mordit les lèvres pour retenir ses gémissements. A écouter la scandaleuse proposition de Geoffroy, elle se sentait gagnée par l'excitation.

- Je crains que ce ne soit impossible. Je suis incapable de taire ce que je ressens pour toi, pas quand tu es...

- Uni à toi si intimement que nous ne formons plus qu'un. Je jure que dès demain nous aurons inventé une nouvelle manière de chevaucher. Et je te ferai l'amour jusqu'à ce que tu en défailles.

Elle eut un petit cri impatient et serra plus fort le bras de Geoffroy qui la maintenait tout contre lui.