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Prologue
Le petit William de Templeton, le nez écrasé contre la vitre, contemplait le parc avec fascination.
Une couche épaisse d’un blanc immaculé recouvrait les pelouses et les massifs, transformant les buis taillés en énormes boules de neige et les arbres en étranges silhouettes décharnées. Quant à l’eau de la fontaine, gelée, elle prenait des allures de stalactites.
— Monsieur William, venez vous asseoir, ordonna son institutrice avec sévérité.
— Oh, s’il vous plaît, mademoiselle Burstall, puis-je aller jouer dehors ?
— Non, monsieur William. Vous devez d’abord terminer vos soustractions. Ensuite, nous verrons.
L’enfant était en train de compter sur ses doigts – sous le pupitre car jamais Mlle Burstall n’aurait toléré cela – quand la femme de charge fit irruption dans la salle d’études.
— Mademoiselle Burstall, il faut absolument que je vous raconte…
Mme Sturrock adorait colporter les ragots. Et, apparemment, elle avait cette fois quelque chose de très intéressant à révéler. Les deux femmes se mirent à chuchoter dans un coin de la pièce.
Quelques bribes de leur conversation, entre deux rires étouffés, parvinrent jusqu’à William, qui peinait sur ses soustractions.
— Vous auriez cru cela d’elle ?
— Ce n’est pas possible !
— Vraiment ?
Mlle Burstall s’approcha de son petit élève.
— Monsieur William, je suis obligée de vous laisser pendant cinq minutes. Terminez vos opérations. Ensuite, si je ne suis pas rentrée, vous réviserez la table des multiplications.
À peine la porte s’était-elle refermée sur les commères que l’enfant quitta son pupitre. Il enroula une écharpe autour de son cou, mit des gants en laine, enfila son manteau et descendit le grand escalier quatre à quatre.
Arrivé sur le palier du premier étage, il jeta un coup d’œil par-dessus la balustrade et constata avec satisfaction que le majordome n’était pas dans le hall. Seul un valet polissait le grand plateau d’argent sur lequel on déposait le courrier.
Afficher en entierIl lui prit les mains.
— Je pense avoir trouvé une solution à votre problème. Le cœur de Miranda s'alourdit.
« Il va proposer de m'envoyer chez l'une de ses vieilles tantes... »
Le marquis lui pressa les mains.
— Voulez-vous rester à Templeton avec moi ?
Elle retint sa respiration.
— Mais... à quel titre ?
Soudain, il l'enlaça.
— Miranda, mon amour, vous n'avez pas encore compris que je vous aime ?
Elle eut l'impression de monter très haut, de planer au-dessus des petits nuages blancs qui flottaient dans le ciel bleu.
— Moi aussi, je vous aime, s'entendit-elle murmurer.
Tout naturellement, leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser d'une folle douceur.
Puis William releva la tête.
— Il y a bien longtemps, je me souviens vous avoir dit : «Quand je serai grand, je vous épouserai». Voulez-vous devenir ma femme, Miranda?
Elle se blottit tendrement contre lui.
— C'est mon plus cher désir.
— Nous allons nous marier dans les plus brefs délais, et aussi dans la plus grande discrétion car nous sommes tous les deux en deuil. Vous avez récemment perdu votre père...
— ... et vous venez de perdre le vôtre.
Elle esquissa un sourire triste.
— Comme il aurait été content d'apprendre que les Trois Cèdres vont enfin cesser d'être une enclave dans le domaine !
Par jeu, le marquis tirailla l'une des boucles dorées de la jeune fille.
— Vous savez bien que je vous épouse uniquement pour mettre la main sur votre propriété.
Très vite, il retrouva son sérieux.
— Je vous aime, Miranda. Je vous aime de tout mon cœur et de toute mon âme, et pour toujours.
— Oh, William ! Je suis si heureuse ! Je ne demandais rien d'autre que de pouvoir rester à Templeton pour vous voir de loin et vous aimer en silence. Bien sûr, je rêvais de devenir votre femme, mais ce rêve me semblait impossible.
Les yeux clos, elle se lova contre lui, se laissant emporter par tout un monde de sensations délicieuses.
— Et soudain, ce miracle... ajouta-t-elle d'une voix presque inaudible.
Il resserra son étreinte, et, de nouveau, leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser sans fin.
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