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Mon oncle détestait le fait que je vive avec eux. Il n'a jamais voulu de moi. La plus grande partie de mon enfance, j'ai dû faire en sorte de me rendre aussi muette et invisible que possible afin qu'il m'oublie et me laisse rester, qu'il me permette de faire partie de la famille que je considérais comme la mienne.
Afficher en entierJe faisais mine de ne pas m'intéresser aux passages qui concernaient Kathy et l'identité éventuelle de mon père. Comme toujours, je désirais montrer à maman que je la voulais elle comme mère, et non sa sœur, que je vivais avec ma famille et que je ne voulais pas en partir. Mais, évidemment, je l'écoutais attentivement.
Afficher en entierJe fais de mon mieux pour contenir mes larmes, mais elles finissent par éclater, et je me mets à sangloter. Soudain, il est au-dessus de moi et dresse le poing, prêt à me donner « une bonne raison de pleurer ».
Afficher en entierJe me bouche le nez pour contenir mes larmes et tente de m'enfoncer dans le canapé, derrière les autres, afin qu'il ne me voie pas.
Je fixe les câbles de la télé, n'osant pas regarder l'écran au cas où quelque chose déclencherait une crise de larmes. Il me frappera plus fort s'il me voit pleurer, et je sais ce que je dis.
Afficher en entierI m'a dit de patienter un peu avant de décider de ma prochaine destination, m'incitant à me reposer et à attendre l'argent avant de me fixer sur une région où je pourrais ne pas me plaire. D'une certaine façon, j'aurais aimé ne pas compter sur lui, mais j'étais dans un tel état que je n'avais pas vraiment le choix. Il était question de regagner confiance en quelqu'un, en "mon père" qui allait me sortir de là
Afficher en entierC'était la même chose avec Kathy. Au moment où je me sentais plus proche d'eux, ils grimpaient dans un avion et retournaient à leur vie. Ils passaient leur temps à partir. Je ne voulais donc pas prendre le risque de leur montrer que j'avais besoin d'eux et que je les aimais.
Afficher en entierQuelque chose de différent était en train de se produire. Je percevais une étrange sensation entre mes jambes, comme de l'électricité, quand il laissait courir ses doigts le long de mes cuisses. J'étais à la fois choquée et terrorisée. Je me sentais trahie par mon propre corps. Je ne voulais rien ressentir du tout quand j'étais avec lui et j'avais l'impression qu'il franchissait un nouveau cap, qu'il tentait de me faire aimer quelque chose qui me repoussait depuis que j'étais toute petite, quand il me posait sur l'égouttoir, dans l'appartement, se débattant avec sa braguette tout en faisant le guet.
Afficher en entierPlus il me faisait subir ces choses, plus il semblait être furieux contre moi. Peut-être ne parvenait-il pas à lutter contre ses propres démons.
Peut-être ignorait-il comment y mettre fin, ce qui expliquerait pourquoi il voulait que je parte, afin qu'il n'ait plus le choix.
Afficher en entierJe ne m'amusais pas, toute seule. Mes frères et sœurs auraient su comment s'occuper. Je les imaginais courir de machine en machine, hurlant et riant. J'étais perdue sans eux. Je ne savais pas quoi faire seule, ignorant jusqu'à comment être moi-même. J'avais toujours l'impression de décevoir tout le monde. Tant que ça restait dans ma tête, tout allait bien, mais, dès qu'il s'agissait de parler, penser ou agir à voix haute, je ne savais jamais comment m'y prendre. J'ignorais également ce que j'étais censée ressentir, ou ce que j'avais le droit de ressentir.
Afficher en entierÉtant donné que les règles changeaient tout le temps, je ne tombais jamais juste. Je m'efforçais tout de même de faire de mon mieux : je ne pouvais pas me permettre le moindre faux pas de crainte qu'il me chasse de la maison. Mais je ne pouvais rien changer à mes yeux, et c'était ce qu'il détestait le plus chez moi, désormais.
- Laisse-la tranquille, espèce de brute ! fulminait maman. Qu'est-ce que tu as avec ses yeux ?
Mais il ne répondait pas. Seuls lui et moi savions ce qui n'allait pas avec mes yeux : ils avaient vu ce qu'ils n'auraient pas dû voir.
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