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Alors elle vit que le ciel se fleurissait des teintes du soir.Au-dessous des nuages rougissants, le soleil apparut, toutes les cimes des arbres s'allumerent et leur masse confuse, mouvante et balancée, baigna dans un flot d'or assombri. De l'autre côté de la rivière, les champs étaient somptueux et rêveurs, saturés de lumière, coupés de longues ombres violettes. L'eau courait d'une course un peu folle, jonchée de paillettes ardentes, semée d'opales enflammées. Pourtant tout s'adoucissait, s'apaisait ; les nuages se rassemblaient dans le lointain, le vent tombait ; le soir allait être aussi calme, aussi fixe que la mort.
Afficher en entierCharlie la défia de traverser trois fois en courant le champ où était le taureau, et le traversa. Lui ne l'aurait pas fait. Elle pouvait marcher sans trembler sur cette partie du toit qui donnait la nausée à tous les autres ; et elle adorait les orages.
Afficher en entierLorsque les jalousies furent levées, lorsque le regard fixe et familier des vieux miroirs ovales, suspendus aux fenêtres des chambres, surveilla de nouveau le jardin,ce fut comme si ce long abandon n'avait jamais été, comme si les enfants d'à côté dussent être encore là, avec leur grand'mere, ces enfants d'à côté qui arrivaient, repartaient, mystérieux, saisissants ; tous cousins, sauf deux frères, tous garçons, sauf une fille ; et qui tombaient, par-dessus le mur garni de pêchers, dans le jardin de Judith, pour l'inviter à prendre le thé ou à jouer à cache-cache.
Mais en réalité, tout était différent aujourd'hui. La grand'mere était morte, peu de temps après avoir appris la mort de Charlie. C'était son chéri, son préféré. Il avait, chose étonnante, épousé Mariella, alors que tous deux avaient dix-huit ans et qu'il allait partir pour le front. Il avait ete tué tout de suite et, quelques mois après, Mariella avait un petit enfant.
Mariella avait vingt-deux ans maintenant, et elle était veuve de Charlie, et mère d'un enfant dont Charlie était le père. Cela semblait fantastique, quand on regardait en arrière et qu'on se les rappelait tous les deux. La grand'mere avait légué la maison à Mariella, et celle-ci revenait y vivre, y vivre agréablement, maintenant que la guerre était bien finie, et Charlie, selon toute apparence, oublié.
Afficher en entierNager seule, sous le clair de lune, était un mystère sacré qui la passionnait. L'eau était amoureuse de son corps : elle s'abandonnait, tout en y résistant, à sa mordante étreinte. Elle la subissait, bientôt elle la désira ; elle était amoureuse de l'eau. Peu à peu, elle n'en sentit plus la rigueur, mais seulement l'appui et la caresse qui suivaient ses mouvements.
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