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Lorsqu'elle fait la connaissance d'Angelo van Zaal, un milliardaire aussi puissant qu'arrogant, Flora comprend tout de suite qu'elle aura le plus grand mal à résister à ses avances. Et elle ne se trompe pas. Très vite, Flora cède au désir insensé qu'Angelo lui inspire, et passe avec lui une nuit enivrante et passionnée. Mais au matin, paniquée par ce qu'elle vient de faire, elle décide de fuir et d'oublier cet homme qui collectionne les liaisons sans lendemain, pour regagner au plus vite Charlbury St Helens, en Angleterre, et y reprendre le cours de sa vie. Mais quelques semaines plus tard, elle apprend qu'elle est enceinte...
Angelo contempla la petite fille âgée de neuf mois qu’il tenait dans ses bras. Ses grands yeux bleus rivés aux siens, Mariska lui adressa un sourire empli d’une telle confiance et d’une telle candeur qu’il sentit son cœur se serrer douloureusement.
Mis à part une marque violacée et une égratignure sur l’une de ses joues de porcelaine, rien ne témoignait de l’accident dont elle était sortie miraculeusement indemne. Sans doute parce qu’elle avait été installée en sécurité à l’arrière du véhicule, dans son siège auto, alors que la tragédie avait coûté la vie à ses parents.
— Vous n’étiez que le demi-frère de son père, n’est-ce pas monsieur van Zaal ? demanda la doctoresse assise en face de lui.
— Non, en effet. Mais je considérais Willem comme mon frère à part entière et je l’avais toujours traité comme tel. Par conséquent, je suis tout à fait prêt à adopter sa fille.
— L’assistante sociale en charge du dossier a effectivement souligné que, dès sa naissance, vous aviez été très impliqué dans la vie de Mariska.
— J’ai fait ce que j’ai pu pour aider Willem et Julie, l’interrompit Angelo avec amertume. Je regrette que cela n’ait pas suffi.
Seule l’équipe médicale savait dans quel état les parents de Mariska étaient au moment où la mort les avait fauchés. Heureusement, la vérité sordide n’avait pas filtré dans la presse.
— La tante de Mariska, Flora Bennett — la sœur aînée de Julie, si j’ai bien compris — a également manifesté le désir de l’adopter, reprit la doctoresse.
Angelo se raidit aussitôt. Dans le même temps, il fut assailli par une vision d’yeux couleur émeraude, d’un teint de lys et d’une superbe bouche pulpeuse. Flora était une grande rousse fougueuse, dotée d’une sensualité qui aurait fait perdre la tête à tout homme moins prudent et moins expérimenté que lui.
— La demi-sœur, précisa-t-il tranquillement. Elle et Julie ont des mères différentes.
Il aurait pu fournir plus de détails ; cependant, il serra les lèvres et se tut : l’hostilité qu’il éprouvait envers l’autre partie de la famille de Mariska relevait d’une sphère beaucoup trop privée.
Lorsque son frère avait décidé d’épouser Julie Bennett, Angelo avait fait faire une enquête sur elle, et ses réserves s’étaient vues confirmées. Sans les penchants néfastes de sa femme, Willem serait encore en vie, il en était certain. Et d’après ce qu’il avait appris sur Flora Bennett, celle-ci n’était pas plus digne de confiance que sa sœur cadette. En effet, ses enquêteurs lui avaient révélé qu’elle avait, quelques années plus tôt, eu recours à des procédés méprisables pour avancer dans sa vie professionnelle, avant d’exploiter une situation scabreuse pour s’enrichir.
Sachant cela, Angelo était bien déterminé à tout faire pour devenir le tuteur de Mariska et pour qu’elle hérite un jour du legs qui aurait dû revenir à Willem. Ce dernier étant mort avant d’avoir atteint l’âge de toucher cet argent, sa fille pouvait un jour devenir une jeune femme très riche. Il n’avait pas réussi à sauver Willem de ses démons, mais il mettrait toute son énergie pour que son enfant grandisse dans la sécurité et le bien-être.
La doctoresse s’éclaircit la gorge, le tirant de ses pensées. Il s’aperçut alors qu’il avait les poings si serrés que ses jointures avaient blanchi.
— Avez-vous l’intention de vous marier ? demanda la jeune femme en rosissant légèrement.
Angelo l’observa un instant avant de répondre. Il n’allait certes pas lui révéler ses véritables intentions, aussi charmante soit-elle.
— C’est possible. Ce tragique accident va forcément entraîner beaucoup de changements dans mon existence.
Dans un premier temps, une seule chose lui importait : obtenir la garde définitive de Mariska ; car dans l’immédiat, le bébé ne lui était confié que temporairement.
* * *
Assise à l’arrière du véhicule, le dos terriblement raide, les nerfs tendus à craquer, Flora essayait de reprendre ses esprits. Comme prévu, un taxi l’avait attendue à l’aéroport de Schiphol — chaque étape de son voyage à Amsterdam avait été organisée pour elle. Cependant, même si ces dispositions lui avaient facilité la tâche, elle ne se sentait pas reconnaissante envers celui qui en avait pris l’initiative.
A la pensée qu’elle devrait bientôt remercier Angelo van Zaal de s’être occupé de son voyage, elle ne put réprimer une moue dédaigneuse.
Non seulement elle méprisait cet homme, mais, en outre, elle ne supportait pas la façon dont il contrôlait tout. Sa parole faisait en effet office de loi, tant dans le cercle familial que dans la sphère professionnelle. Et même au-delà, grâce à son immense fortune qui lui conférait un pouvoir et une influence considérables dans bien des domaines.
N’ayant jamais apprécié qu’on lui dicte sa conduite, Flora ne tolérait pas ce genre d’attitude. Toutefois, elle avait dû apprendre à s’y plier lorsqu’elle avait travaillé en entreprise. Elle avait aussi appris à contrôler ses humeurs vis-à-vis des hôtes parfois trop autoritaires ou trop exigeants qui séjournaient chez elle, à acquiescer en souriant alors qu’au fond d’elle-même, elle n’en pensait pas moins.
Mais Angelo van Zaal avait le don de l’irriter, quoi qu’il fasse. Elle se souvint avec rancœur que, lorsque Willem et Julie était morts, peu de temps après leur accident de voiture, il n’avait pas eu la courtoisie de l’appeler personnellement. Au lieu de cela, il avait demandé à son avocat de lui téléphoner pour lui annoncer l’horrible nouvelle.
Par cette attitude, il avait voulu montrer sa détermination à la tenir à l’écart, souligner que c’était lui qui détenait l’autorité familiale, tout en rappelant à Flora qu’il n’existait aucun lien substantiel entre eux.
Toutefois, elle savait qu’il y avait une autre raison à ses réactions épidermiques envers Angelo van Zaal : dès la première fois qu’elle l’avait rencontré, il lui avait fait tourner la tête comme à une adolescente. Un an et demi avait passé depuis cette lamentable première rencontre, mais au seul souvenir de l’effet qu’il avait produit sur elle, Flora ne put s’empêcher de rougir. Et pourtant, elle savait pertinemment qu’un tel homme ne s’intéresserait jamais à une femme comme elle.
Mesurant un bon mètre quatre-vingt-cinq, il avait hérité de sa mère espagnole des cheveux jais. Quant à ses yeux bleus perçants, Julie lui avait expliqué qu’il les tenait de son père néerlandais. Angelo était indéniablement d’une beauté à couper le souffle ; quand elle s’était trouvée face à lui, Flora avait eu un mal fou à ne pas se laisser entraîner dans un flot de fantasmes débridés. En proie à un trouble irrépressible, elle avait rougi et bégayé et, même si elle s’efforçait de contrôler ses réactions, elle ne pouvait s’empêcher de frémir à la perspective de le revoir.
Cette excitation n’avait aucun sens, se raisonna-t-elle avec exaspération. En outre, le fait de se sentir attirée par un homme qu’elle ne trouvait même pas sympathique la choquait profondément. Par conséquent, elle était farouchement déterminée à ne rien laisser soupçonner de son absurde faiblesse à Angelo.
En revanche, s’il s’imaginait qu’elle allait rester dans son coin pendant qu’il adoptait tranquillement sa nièce, il la sous-estimait vraiment. Car Flora était prête à se battre pour obtenir le droit de ramener Mariska avec elle et de l’élever comme sa propre fille.
Comment Angelo pouvait-il se croire la personne la plus appropriée pour se charger de la petite fille ? Flora possédait une maison confortable avec jardin, dans le ravissant village de Charlbury St Helens, et sa situation lui permettrait d’offrir à sa nièce les soins et l’attention dont elle avait besoin : non seulement Flora possédait la qualification d’assistante maternelle, mais ses chambres d’hôte marchaient fort bien. Si nécessaire, elle pourrait même cesser son activité jusqu’à ce que Mariska atteigne l’âge d’être scolarisée. Financièrement, ce serait tout à fait possible, puisqu’elle avait une somme rondelette à la banque. Cette sécurité financière augmenterait certainement ses chances d’être considérée comme une mère adoptive crédible.
Préférant ne pas songer à la provenance de cet argent, ni à ce qu’elle avait enduré pour l’obtenir, Flora se concentra sur le présent. Elle se força à ne plus penser à la vie qu’elle avait menée à Londres avant d’aller s’installer dans l’ancienne maison de sa grand-tante. A ce moment-là, Julie était déjà partie vivre aux Pays-Bas ; ensuite, Flora avait trop peu vu sa jeune sœur.
Willem et Julie étaient en effet rarement revenus en Angleterre. De son côté, elle ne s’était rendue à Amsterdam qu’une seule fois, car le jeune couple menait une existence très active, et elle avait rapidement compris qu’ils étaient peu disposés à la recevoir.
Pourtant, malgré leurs cinq ans d’écart, Flora et sa benjamine avaient autrefois été très proches — alors que leur histoire aurait pu au contraire les séparer. Comme son père était un coureur de jupons invétéré, Flora gardait des souvenirs d’enfance emplis de disputes, de cris, et de sanglots de sa mère. Celle-ci, très fragile émotionnellement, avait souvent laissé entendre à sa fille que, si elle en avait eu les moyens, elle aurait quitté son infidèle de mari. Après avoir été témoin de ses perpétuelles lamentations, Flora en avait tiré une détermination farouche à obtenir le plus de diplômes possible afin de ne jamais avoir besoin de dépendre d’un homme.
Finalement, ses parents avaient divorcé alors qu’elle était à l’Université. Flora avait alors fait une découverte pour le moins choquante : son père avait déjà une seconde famille qui vivait à quelques centaines de mètres de la maison où elle avait grandi ! Presque dès le début de son mariage, il avait entretenu une liaison avec Sarah, la mère de Julie.
Aussitôt après le divorce, il avait épousé Sarah ; quand il avait tenu à présenter ses filles l’une à l’autre, une épouvantable dispute avait éclaté. Mais Julie et Flora avaient rapidement développé une affection réciproque, si bien que plus tard, quand ce second mariage avait été rompu à son tour, elles étaient restées proches. Ensuite, à la mort de Sarah, survenue au moment où Julie allait entrer à l’Université, Flora était venue s’installer chez celle-ci, à Londres. Elles avaient vécu ensemble pendant deux ans, au cours desquels Flora avait traversé une période de chaos terrible, dans sa vie tant professionnelle qu’intime.
Elle sentit ses yeux s’embuer tandis qu’elle revoyait le visage délicat de sa sœur. Blonde, plutôt petite, Julie était une jeune fille pétillante et bavarde. Elle avait rencontré Willem à Londres, où il était venu habiter, vivant de petits jobs, pendant l’année sabbatique qu’il s’était octroyée avant d’entrer à l’Université. Lorsque le moment avait été venu pour lui de rentrer dans son pays, Julie n’avait pas envisagé un seul instant de se séparer de son jeune amoureux. Elle avait décidé d’arrêter ses études pour aller vivre avec lui à Amsterdam, sur une péniche.
Repoussant les avertissements et conseils de sa sœur, Julie avait fait passer l’amour avant toute autre considération, avec l’enthousiasme d’une adolescente. Quelques semaines après avoir quitté l’Angleterre, elle avait annoncé sa grossesse à Flora ; peu de temps après, les deux jeunes gens s’étaient mariés précipitamment.
Angelo van Zaal, le demi-frère de Willem, avait assumé les frais du mariage civil et de la petite réception qui s’était tenue à Londres. C’était à cette occasion que Flora l’avait rencontré pour la première fois ; déjà prévenue par sa sœur, elle n’avait pas été surprise qu’il désapprouve cette union.
— Je suis trop ordinaire à son goût. Pas assez instruite et trop délurée, lui avait dit Julie en secouant sa jolie tête blonde. Tu m’imagines en train de m’incliner sans cesse comme le fait Willem ? Il est terrifié devant son frère aîné parce qu’il a réussi dans tous les domaines, alors que Willem n’a pas du tout son ambition.
Au crédit d’Angelo, Flora avait dû porter une tranchante franchise.
— Ils sont beaucoup trop jeunes et trop immatures pour devenir parents. C’est une véritable catastrophe, avait-il déclaré sombrement après la courte cérémonie.
Tout en parlant, il avait toisé Flora d’un air supérieur.
— C’est un peu tard, avait-elle répliqué. Ils s’aiment vraiment et, Dieu merci, Willem a assez d’argent pour…
— Où avez-vous été cherché cela ? l’avait-il interrompue d’une voix glaciale. Willem ne touchera son héritage que dans trois ans.
Mortifiée, Flora avait senti le sang se figer dans ses veines. A en juger par le mépris affiché par Angelo, elle avait commis une erreur regrettable en faisant allusion à la future situation de Willem.
— Mais vu que Julie attend un enfant, avait-elle balbutié en essayant de se justifier. Je pensais…
— Ce serait une folie que je ne permettrai pas, avait décrété Angelo d’un ton péremptoire. Willem et sa femme devront travailler pour gagner leur vie. Peut-être n’était-ce pas exactement ce qu’envisageait votre sœur…
Choquée par son insinuation odieuse, Flora avait frémi d’indignation.
— Julie est évidemment prête à travailler, avait-elle répliqué en redressant les épaules.
— Ne possédant aucune qualification ni aucun diplôme, elle ne trouvera pas grand-chose, lui avait fait sèchement remarquer Angelo. Et Willem devra terminer ses études de commerce avant de pouvoir postuler à un emploi bien rémunéré.
Finalement, Julie étant devenue trop malade pour travailler durant sa grossesse, Willem avait dû interrompre ses études pour prendre le relais. A l’époque, Flora avait rendu Angelo responsable de cette situation : ce milliardaire à la volonté de fer aurait pu faire un geste, s’arranger pour que le jeune couple profite de l’argent promis à Willem avant la date prévue au lieu que cet héritage dorme sur un compte en banque, sans profiter à personne.
— Voici votre hôtel, déclara le chauffeur de taxi en se tournant vers elle. Je vous attends ici le temps que vous preniez possession de votre chambre, puis je vous emmènerai là où se tient la cérémonie funéraire.
Brutalement tirée de ses souvenirs, Flora bafouilla un vague assentiment. Angelo van Zaal avait décidément tout planifié à la perfection. A la perspective de se retrouver face à lui, une nervosité proche de la panique l’envahit.
* * *
Dès son arrivée, Flora constata que de nombreuses personnes étaient déjà rassemblées, très jeunes pour la plupart. Mais en dépit de la foule, elle ne remarqua vraiment que l’homme qui traversait déjà la salle pour se diriger vers elle. Aussitôt, elle sentit son corps s’embraser inexorablement. Les épaules affreusement raides, elle s’efforça d’éviter de croiser le regard d’Angelo van Zaal.
Avec une courtoisie exemplaire, celui-ci lui adressa les condoléances habituelles, puis l’entraîna parmi les invités pour la présenter à certains parents de Willem. Il se comportait avec une aisance et une politesse parfaites, mais Flora pouvait à peine respirer tant elle se sentait tendue. Détestant ce trouble — le même qui l’avait envahie dès leur première rencontre —, elle se fustigea de laisser ce quasi-inconnu exercer un tel pouvoir sur elle.
Aucun homme, même Peter, qu’elle avait autrefois envisagé d’épouser, n’avait jamais produit une impression aussi forte sur elle. Elle avait de toute façon vu trop de malheurs dans le couple formé par ses parents pour se précipiter aveuglément dans une relation amoureuse. D’autre part, après avoir subi, sur son lieu de travail, un harcèlement atroce de la part d’un véritable obsédé sexuel, elle était devenue encore plus méfiante envers les hommes. Et comme la découverte de la sexualité n’avait jamais été sa priorité, elle était encore vierge.
* * *
Dans ces conditions, comment Angelo van Zaal, qu’elle ne trouvait même pas sympathique, pouvait-il faire naître un tel trouble en elle ?
— Comment va Mariska ? demanda-t-elle comme ils se trouvaient un peu à l’écart des invités.
— Les enfants ont des ressources incroyables. Ce matin, au cours du petit déjeuner, elle n’a pas cessé de sourire, répondit Angelo en dardant ses yeux bleu électrique sur les siens.
— Vous êtes allé la voir à l’hôpital très tôt, alors, s’étonna-t-elle.
Il laissa errer le regard sur son visage, puis descendit lentement sur son buste. Horrifiée, Flora se rendit compte que ses tétons durcissaient sous ses vêtements. Se sentant inexorablement rougir, elle essaya de calmer les réactions traîtresses de son corps en regardant fixement le nœud de la cravate d’Angelo.
— Mariska n’est plus à l’hôpital, dit-il tranquillement. Elle m’a été confiée hier.
Choquée de n’avoir pas été mise au courant de cette décision, Flora redressa le menton.
— Vous avez agi très rapidement. Qui s’occupe d’elle ?
— Sa nounou, Anke.
— Après avoir perdu ses parents, ce ne doit pas être très rassurant pour Mariska de se retrouver avec une étrangère.
— Anke n’est pas une étrangère : elle s’occupe de ma nièce depuis déjà plusieurs mois.
— Willem et Julie avaient embauché quelqu’un ? s’exclama Flora avec stupéfaction.
Au cours de ses conversations téléphoniques, Julie avait souvent mentionné les problèmes financiers du ménage. Dans ces conditions, Flora n’aurait jamais imaginé qu’ils puissent s’offrir un tel luxe. De plus, sa sœur n’avait jamais fait allusion à cette Anke.
— C’est moi qui m’en suis chargé et qui ai assumé tous les frais, fit Angelo en serrant ses lèvres sensuelles.
En même temps, il lui avait adressé un regard dur, comme pour faire comprendre à Flora que ces détails ne la regardaient absolument pas.
— Même si ce n’était pas nécessaire, c’est très généreux à vous d’avoir financé mon voyage, dit-elle alors d’une voix crispée. Cela m’a évité du stress supplémentaire et m’a permis d’arriver plus rapidement, je vous en remercie. Malheureusement, je ne peux pas rester longtemps à Amsterdam et j’aimerais passer le plus de temps possible avec…
— Avec votre nièce, bien sûr, l’interrompit-il d’une voix suave. Dès la fin de cette cérémonie, tout le monde est invité à venir chez moi pour prendre le café. Vous la verrez à ce moment-là.
Flora, qui ne s’attendait pas à ce qu’il acquiesce aussi facilement à sa requête, fut légèrement décontenancée.
— Je dois vous préciser que…
Elle hésita un instant avant de poursuivre, puis opta pour la franchise.
— J’ai rendez-vous avec un avocat demain, ici, à Amsterdam, et ensuite avec les services sociaux. Je voudrais adopter Mariska.
L’espace d’un instant, les incroyables yeux bleus d’Angelo se teintèrent d’une nuance glacée ; mais ce fut si rapide que Flora se demanda si elle l’avait imaginé.
— Bien sûr, dit-il en hochant la tête. C’est votre droit.
* * *
Les funérailles furent suivies par des hommages rendus à Willem et Julie, courts et émouvants. Flora ne put retenir ses larmes. C’était si injuste que des êtres aussi jeunes soient partis alors qu’ils avaient toute la vie devant eux. Elle se sentait soudain horriblement seule au monde : à part Mariska, elle n’avait plus aucun parent en vie. De plus, sa meilleure amie, Jemima, était retournée vivre avec son mari en Espagne, laissant un autre vide douloureux dans son existence.
La cérémonie achevée, un oncle et une tante de Willem lui proposèrent de l’emmener chez Angelo, ce que Flora accepta volontiers. Julie lui avait raconté que son beau-frère vivait dans un manoir imposant, décrivant celui-ci comme un véritable palais. Elle constata bientôt que la haute bâtisse majestueuse, qui avait appartenu à plusieurs générations de van Zaal, était en effet très raffinée, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Elle admira les hauts plafonds, les beaux parquets cirés, les superbes meubles anciens et les immenses tableaux de maîtres ornant les murs. Puis elle découvrit un salon à la fois élégant et accueillant, où un café délicieux leur fut servi par une gouvernante au visage rond et souriant qui s’appelait Therese, lui apprit son hôte.
Tout en conversant avec Hans, un partenaire d’affaires devenu ami, Angelo ne pouvait s’empêcher d’observer discrètement Flora. Il nota son visage extrêmement mobile alors qu’elle souriait à Therese. Mais, en dépit de ce sourire, il distingua des traces de larmes sur ses joues. Le genre de femme tout en émotions, se dit-il. Les plus dangereuses selon lui ; aussi avait-il toujours pris le plus grand soin de les éviter.
Depuis leur première et unique rencontre, elle s’était laissé pousser les cheveux. Malgré lui, il imagina sa superbe chevelure de feu libérée de son ruban de velours noir, répandue sur un oreiller blanc… Aussitôt sa virilité réagit vigoureusement. Furieux après lui-même, il tâcha alors de refouler ces images et de reprendre l’emprise sur son corps. Pourquoi diable la proximité de Flora Bennett le faisait-elle ainsi réagir ?
S’efforçant de se concentrer sur les paroles de Hans, il ne put s’empêcher de continuer à observer la jeune femme. Exactement comme lors de leur rencontre, il dut faire appel à toute sa volonté pour résister au charme magnétique qui émanait d’elle. Il fallait qu’il retrouve sa lucidité, c’était vital. En effet, il était bien placé pour savoir qu’une femme pouvait mener un homme à la catastrophe.
Après avoir bu son café et échangé quelques mots avec certains invités, Flora s’absorba dans la contemplation d’un magnifique tableau ancien représentant des personnages au teint clair portant de superbes costumes brodés. Lorsqu’elle se retourna, elle aperçut Angelo, qui s’entretenait avec Therese. Tout en s’adressant à la gouvernante, il darda des yeux perçants sur elle, si bien que leurs regards s’imbriquèrent. Une flèche de désir pur la traversa alors, éveillant tous ses sens. Les lèvres pincées, elle se dirigea vers lui, en réprimant farouchement les réactions de son corps.
— Therese va vous conduire auprès de Mariska, dit-il en s’inclinant brièvement.
Quelques instants plus tard, la gouvernante la conduisait dans une vaste pièce, à l’étage. Elle lui présenta Anke, une jolie jeune femme aux cheveux noirs. Mais Flora n’avait vraiment d’yeux que pour sa nièce, installée au milieu de ses jouets sur un vaste tapis de jeu. Avec son petit nez légèrement retroussé et ses fossettes, ses yeux bleus et ses cheveux dorés, la fillette était le portrait vivant de Julie.
Les larmes aux yeux, Flora s’agenouilla à côté de Mariska en lui souriant malgré son chagrin ; elle regrettait d’être une quasi-étrangère pour elle. Celle-ci l’observa d’abord avec ses grands yeux, mais quand sa tante lui chatouilla la main, elle éclata de rire. Flora commença alors à jouer avec sa nièce, qui se révéla être une petite fille affectueuse et spontanée. Cette découverte lui mit du baume au cœur.
Quand Mariska commença à montrer des signes de fatigue, Flora constata avec surprise que, sans s’en rendre compte, elle avait passé tout l’après-midi avec elle ! La laissant entre les mains d’Anke, elle redescendit au rez-de-chaussée. Angelo se tenait dans le hall, grand et sombre, ses cheveux brillant sous l’éclairage diffusé par l’immense lustre en cristal. Il avait le profil et le corps d’un dieu grec, songea-t-elle en réprimant un violent frisson.
— Serait-il possible que je visite demain après-midi la péniche sur laquelle vivaient Willem et Julie ?
— Bien sûr. Une équipe de nettoyage est sur les lieux, car le propriétaire va reprendre son bien. Vous désirez peut-être emporter quelques affaires ayant appartenu à votre sœur ?
La gorge affreusement nouée, Flora hocha la tête et, après s’être forcée à adresser un sourire tremblant à Angelo, elle le salua rapidement, se détourna et quitta le manoir.
Tout en la regardant s’éloigner par la fenêtre, Angelo reconnut qu’il se conduisait comme un mufle. Flora se retrouvait dans une ville étrangère, elle venait d’y enterrer sa sœur et son beau-frère, et pourtant, il la laissait regagner son hôtel anonyme, où elle passerait la soirée complètement seule.
Il serra les mâchoires en observant le balancement délicieusement sexy des hanches de la jeune femme. La jupe droite de son tailleur bleu marine faisait ressortir les courbes ravissantes de son fessier rebondi et, s’arrêtant au genou, elle laissait voir le galbe parfait de ses mollets et ses chevilles fines. Elle avait des jambes vraiment fabuleuses, constata-t-il en s’imaginant en train de remonter lentement cette jupe sur ses cuisses. Aussitôt sa libido réagit violemment tandis qu’il laissait échapper un gémissement sourd.
* * *
Complètement exténuée, Flora referma la porte de sa chambre et se débarrassa de ses chaussures. Depuis qu’elle avait appris la sinistre nouvelle, elle n’avait quasiment pas dormi. Après s’être allongée sur le grand lit confortable, elle s’assoupit presque aussitôt. La sonnerie du téléphone la réveilla brutalement.
— Allô ! fit-elle d’une voix ensommeillée.
— C’est Angelo. Avez-vous dîné ?
Stupéfaite, Flora se redressa maladroitement sur son lit.
— Euh…
— S’il en est encore temps, je serais ravi de vous inviter, poursuivit-il.
Sa voix grave et profonde avait fait naître un tremblement au creux de ses reins. Elle ne pouvait décemment pas accepter son invitation. Cependant, elle dut refouler le désir irrésistible, et totalement inapproprié, de passer la soirée avec cet homme superbe et sensuel.
— Merci, j’ai déjà dîné, mentit-elle sans hésiter. Mais c’est aimable de me l’avoir proposé.
— Je ne l’ai pas fait par amabilité, rétorqua-t-il d’un ton un peu brusque.
— Oh…
La bouche sèche, Flora s’interrompit. Un silence embarrassant s’installa entre eux.
— Eh bien, je vous souhaite une bonne nuit, dit-il alors avant de raccrocher.
Lui non plus ne la trouvait pas sympathique, songea Flora en contemplant le combiné qu’elle tenait encore dans sa main. Elle en était absolument certaine. Cela se voyait dans son regard, dans ce léger dédain qu’il manifestait toujours à son égard. Qu’avait-elle bien pu faire pour mériter son mépris ? Et dans ces conditions, pourquoi avait-il soudain décidé de l’inviter à dîner ? Par pitié ?
Après avoir commandé un repas léger au service de chambre, Flora se dirigea vers la salle de bains pour prendre une douche rapide. Ensuite, elle s’installa en tailleur sur son lit et dîna, tout en lisant le roman qu’elle avait emporté.
Mais les mots dansaient devant ses yeux et une foule de questions se pressaient dans son esprit. Pourquoi avait-elle refusé de dîner avec Angelo van Zaal ? Certes, elle était fière de lui avoir dit non, mais elle devait reconnaître qu’elle avait refusé à cause du mélange de panique et de surprise qui l’avait envahie. De plus, elle n’avait rien à se mettre car, hormis son tailleur bleu marine, elle n’avait emporté qu’un jean et un haut décontracté pour ce court séjour.
Au fond, elle ne parvenait pas à s’imaginer dînant dans un restaurant chic en compagnie d’Angelo. La dernière fois qu’elle était venue à Charlbury St Helens, Julie lui avait montré un article de magazine people, illustré par des photos de quelques-unes des conquêtes d’Angelo : des femmes sublimes, vêtues de tenues éblouissantes, à la hauteur de sa sophistication à la fois raffinée et décontractée.
Néanmoins, à la pensée qu’elle aurait pu passer la soirée avec lui, une excitation insensée frémit au plus profond de sa féminité. Flora se raidit aussitôt pour refouler cet assaut inopportun.
Eh bien, ce livre porte bien son titre original : Flora's defiance. Un des meilleurs Harlequin que j'ai lu jusqu'à présent, rien à ajouter, sinon que c'était une fabuleuse lecture, Flora m'a émerveillée et Angelo m'a émue...n'hésitez plus, c'est une bonne lecture.
Une très belle histoire. La rencontre de deux personnes qui ne s’apprécient guère lors de l’enterrement de leur proche. Mais ils sont attirés mutuellement et ils essayent de mettre en place un compromis pour la garde de leur nièce respective mais c’est sans un petit détail qui s’ajoute à tout leur problème. Un homme qui ne veut pas aimer et une femme avec des démons dans son passé. Voilà une belle histoire qui se construit au fil des pages.
Bien aimé cette romance, on est face a angelo et flora qui sont beau-frère et belle-soeur puisque leur demii frère et demi soeur était marié ensemble, il doivent trouver une solution pour s'occuper de mariska leur nièce dont ils veulent tous les deux la garde.
On enchaîne les situation cocasse, mais on découvre aussi leur passé assez sombre.
Résumé
Lorsqu'elle fait la connaissance d'Angelo van Zaal, un milliardaire aussi puissant qu'arrogant, Flora comprend tout de suite qu'elle aura le plus grand mal à résister à ses avances. Et elle ne se trompe pas. Très vite, Flora cède au désir insensé qu'Angelo lui inspire, et passe avec lui une nuit enivrante et passionnée. Mais au matin, paniquée par ce qu'elle vient de faire, elle décide de fuir et d'oublier cet homme qui collectionne les liaisons sans lendemain, pour regagner au plus vite Charlbury St Helens, en Angleterre, et y reprendre le cours de sa vie. Mais quelques semaines plus tard, elle apprend qu'elle est enceinte...
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