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Extrait

Extrait ajouté par Sweety 2011-06-18T16:41:21+02:00

Kaitlyn ! Kaitlyn, tu m’entends ?

Les pétales tombaient, coulaient comme des larmes.

Kaitlyn ! Je t’en prie, réponds-moi Par pitié, Kaitlyn. Kaitlyn !

Il y avait comme du désespoir dans cette voix. Quelle voix ? À qui s’adressait-elle ?

_Je n’ai pas pu entrer en contact avec toi jusque-là. Il avait installé Frost à côté de moi, elle me touchait sans arrêt. Elle aurait su. Mais, là, je les ai convaincus que je ne cherchais pas, à te parler… S’il te plaît, Kaitlyn, réponds-moi. C’est Gabriel. Soudain lui parvint une autre vision. Une main ensanglantée, qui gouttait vers le sol. Celle de Gabriel, coupée par l’éclat de cristal, chez Marisol. Elle l’avait vue de ses yeux, elle, Kaitlyn. Elle était Kaitlyn. Elle reprenait son identité.

— Gabriel ?

La voix lui revint, à un volume qui la blessa.

— Oui, Kaitlyn, parle-moi.

— Gabriel, c’est vraiment toi ? Je croyais… que tu serais furax. Après ce que j’ai dit… Elle ne savait plus trop ce qu’elle avait dit. Ni même ce que signifiait « dire ».

— Kaitlyn, ne… oublie ça. Tu vas bien ?

Question absurde. Elle n’avait aucun moyen d’y répondre, du moins en parole, aussi envoya-t-elle à travers la fine toile qui les unissait une vision du néant. Rien, le vide, l’absence…

— Arrête ! Pitié, arrête, Kait ! Qu’est-ce que je peux faire ?

Elle sentait ce puits sans fond qui tentait de l’aspirer et rien ne la retenait plus que cette frêle connexion avec Gabriel, telle une lueur dans un tunnel, qui l’empêchait de devenir folle, mais cela ne durerait pas. Il lui fallait davantage de… de…

— Il faut que tu voies et que tu entendes, dit Gabriel.

— Je ne sais même plus ce que ça veut dire.

Elle sentait l’hystérie monter en elle, avaler toute rationalité.

— Je vais te montrer.

— Je vais te montrer.

Et il se mit à lui donner des éléments, avec son esprit. Des images qu’il avait vues, des sons qu’il avait entendus, des souvenirs. Il lui donna tout.

— Tu te souviens du soleil ? Il est chaud et jaune et tellement brillant que tu ne peux pas le regarder. Comme ça. Tu vois ?

Affamée de sensations, elle avait l’impression que cette voix ne lui parvenait plus par télépathie, car il lui rendait également l’ouïe. Dès qu’elle vit l’image, elle s’en souvint. Le soleil.

— Ça fait du bien.

— C’est comme ça qu’il apparaît en été. J’ai grandi à New York et, parfois, en été, ma mère m’emmenait au bord de l’océan… tu te souviens de l’océan ?

Fraîcheur bleu-vert. Sable chaud sous les pieds, sable qui grattait sous le maillot. Vague mousseuse et bruissante, enfants qui glapissaient. L’odeur et le goût du sel. Kaitlyn buvait avidement ces sensations, affamée de nuances et de bruits.

— Encore, encore, s’il te plaît !

— On se baladait sur la jetée, rien qu’elle et moi. Elle m’achetait toujours un hot dog et une glace. Elle n’avait pas beaucoup d’argent parce que mon vieux buvait mais, parfois, elle arrivait à lui faire cracher un dollar pour lui préparer un bon dîner. Et alors elle m’achetait la glace… tu te rap pelles, la glace ?

Crémeuse, ronde, froide. Collante sur le menton. Le goût puissant du chocolat.

— Je me rappelle. Merci, Gabriel.

Il lui en donna encore. Tous ses plus beaux souvenirs, tous les bonheurs qui lui revenaient à l’esprit, les après-midi dorés, les courses en skateboard, tous ces moments passés avec sa mère quand il avait sept ans et qu’il avait attrapé cette fièvre d’où il avait tiré son pouvoir. Tout ce qu’il était, il le lui donna.

Kaitlyn dévorait ces sensations, s’emplissant de la réalité du monde extérieur. Elle avait soif au soleil et le vent la rafraîchissait, et puis montaient la fumée des feuilles qui brûlaient et le goût des bonbons d’Halloween. Et la musique : elle ne s’était pas rendu compte à quel point Gabriel aimait la musique. A quatorze ans, il voulait jouer dans un groupe ; un soir, alors qu’il improvisait avec le batteur, il l’avait retrouvé à terre, la tête entre les mains. Transpercé par l’esprit de Gabriel. Quand il avait voulu l’aider à se relever, le garçon s’était enfui en courant. Une semaine plus tard, Gabriel entrait dans le Centre de recherche psychique de Durham où sa mère et l’assistante sociale espéraient qu’il apprendrait à se contrôler. Quant à son père, le dernier mot qu’il lui avait adressé avait été : « Monstre ! ».

— Mais peu importe, ajouta Gabriel.

Il ne voulait lui communiquer que de bonnes choses, rien de déprimant. Elle sentit qu’il ne voulait pas lui montrer le visage bouffi de son père et ses yeux chassieux, ni lui faire endurer la violence des coups de ceinture.

— C’est bon, dit-elle. Je ne cherche pas à savoir ce que tu ne veux pas me dire, mais ne t’inquiète pas pour moi, je te jure que je ne le raconterai jamais, je suis désolée. Oh, Gabriel, je suis trop désolée, et…

Elle voulait lui dire qu’elle le comprenait maintenant, comme elle n’avait jamais compris personne. Parce qu’elle était avec lui. Pas comme sur la toile, mais beaucoup plus proche que cela.

Il avait abandonné sa carapace pour lui confier son âme.

— Je t’aime, lui dit-elle.

— Je t’aime, Kaitlyn. Je t’ai toujours aimée.

Elle percevait les souvenirs qu’il avait d’elle, de ses prunelles bleu ardoise aux étranges cercles marine, soulignés de longs cils noirs. De sa peau de pêche. Du crépitement de ses cheveux de flamme quand elle les coiffait, soyeux mais pleins d’électricité.

Elle perçut aussi des bribes de ce qu’il avait pensé d’elle, des formules tirées de leur expérience commune. Ce genre de fille pourrait bien se révéler si intéressante qu’elle aurait vite fait de vous entraîner… Une fille qui le défiait, qui pourrait être son égale… Son esprit peuplé de zones bleues et de météores scintillants… Elle était là, mince et droite, telle une princesse médiévale dans l’aube naissante.

— Et puis j’ai cru que tu m’avais trahi, continua-t-il. En fait, tu étais venue me protéger, c’est ça ?

Alors elle se rendit compte qu’il voyait aussi profondément en elle qu’elle en lui. Elle croyait que lui seul se donnait et qu’elle ne faisait que recevoir… mais, évidemment, il avait dû fusionner totalement pour partager sa vie avec elle. Il savait tout, maintenant.

Jusqu’à ce qu’il aborde un sujet qui l’avait tant secouée.

— Jackal Mac a dit… quoi ?

Elle répéta le souvenir en question :

— Il a dit que tu lui avais conseillé de m’essayer. La froide colère de Gabriel emplit l’univers.

— Je n’ai jamais dit ça. En fait, je ne lui ai jamais parlé de toi.

— Je sais, Gabriel.

— Lydia a vu comment tu m’as donné ton énergie pendant le voyage au Canada. Elle a dû le lui raconter…

— Gabriel, oublie.

Sa colère la blessait, l’emplissant d’images de mort, de Jackal Mac en train de cracher des fragments d’os.

— S’il te plaît, raconte-moi des choses agréables.

Il accepta et, toute la nuit, évoqua pour elle de belles musiques, des collines fleuries, l’odeur des crayons taillés, le goût des marshmallows. Et le contact de ses mains, ce qu’elle ressentirait si jamais elle revenait au monde.

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