Extraits

— Ace... écoute, je dirai tout ce que tu veux que je dise. Ou rien du tout, si tu préfères. Je peux me cacher dans cette chambre jusqu'à ce que tout le monde parte. Peu m'importe. A mon avis, si tu sors tout seul et que tu nies, on va devoir faire une pause pendant un moment. Peut-être pour toujours...

— Non, dis-je en me levant.

C'était la seule chose que j'étais sûr de ne pas vouloir.

— Ça n'arrivera pas.

Je posai une main sur les siennes, qu'il était en train de tordre devant lui, et secouai la tête.

— Ce qui se passe entre nous, ça ne va pas s'arrêter. A moins que tu ne le veuilles.

Dylan se mordit la lèvre en serrant ma main extrêmement fort.

— Je... Je...

— Je sais que ça fait beaucoup à digérer. Bon sang, je n'ai même pas encore tout encaissé. Mais si c'est ce que tu veux, si tu me veux, alors je suis prêt à passer cette porte en te tenant la main et en disant au monde d'aller se faire voir.

- Tu es bien plus qu'un rêve... tu es ma réalité, Dylan. Maintenant et pour toujours.

Nous avions été prisonniers jusque-là, et ce moment était si libérateur que je fus surpris de ne pas en avoir les larmes aux yeux. J’étais soulagé car malgré la pression qu’avait subie notre relation, finalement, nous ne faisions toujours qu’un.

Je me tenais là, à côté de Derek qui observait l’homme dans notre entrée. Je comprenais sa réaction, car si quelqu’un m’avait dit avant que je parte pour L.A. que la prochaine fois que je reviendrais à la maison, Ace Locke serait avec moi, je l’aurais traité de menteur.

Mais… il était là. Une valise à côté de lui, les mains dans les poches de son short, et un demi-sourire sur le visage. Et même s’il paraissait un peu nerveux, il ne m’avait jamais semblé aussi beau.

- Derek… commençai-je.

Mais celui-ci me fit signe de me taire et fit un pas en avant.

- Tu es… dit-il.

Puis il s’arrêta et regarda par-dessus mon épaule. Je ne pus retenir mon sourire narquois quand il posa ensuite les yeux sur Ace qui arborait lui aussi un sourire prétentieux. Oh, c’est mignon. Derek Pearson n’était pas souvent bouche bée, et ce moment était vraiment satisfaisant. C’était incroyable de voir les deux hommes les plus présomptueux que je connaissais marcher sur des œufs en présence de l’autre.

- Tu es Ace Locke, dit mon colocataire juste au cas où mon petit ami l’aurait oublié.

Puis Derek tourna la tête pour me regarder avec les yeux écarquillés.

- Tu as fait venir Ace Locke dans notre maison sans me le dire.

Je ne pus m’empêcher de sourire en guise de réponse. Puis, je remarquai qu’Ace bougeait, donc je levai les yeux vers lui pour le voir s’avancer et se placer juste devant Derek qui venait de faire volte-face pour le regarder. Ace tendit la main et quand Derek fit de même pour saisir celle de mon petit ami, on aurait dit un robot. Ace lui lança un sourire radieux et lui serra la main.

- Tu as raison. Je suis Ace Locke. Et tu dois être Derek, l’homme que je dois remercier de ne pas avoir pu bander.

Oh non, il n’a pas fait ça.

Les yeux de Derek sortirent de leurs orbites tout en continuant de serrer la main d’Ace, et il ouvrit la bouche avant de la refermer, comme s’il essayait de trouver une réponse, mais que physiquement, il n’y arrivait pas.

Je ne pus retenir le rire qui m’échappa.

- OK, je vais devoir inscrire ce moment dans les annales, parce qu’un Derek sans voix n’est pas un Derek que je reverrai de sitôt.

- Quoi… Je n’arrive pas à y croire… merde, dit Derek.

Ace l’attira contre lui pour lui mettre une claque dans le dos.

- Désolé, mec, je n’ai pas pu résister, dit mon petit ami en gloussant. Mais sérieusement, j’ai entendu beaucoup de choses géniales sur toi.

- À moins que ce ne soit à propos de mon pénis de vingt-cinq centimètres, ne crois pas un mot de ce que dit ce crétin.

Quand nous rîmes de plus belle, Derek se retourna et me pointa du doigt.

- Je n’arrive pas à croire que tu aies fait ça, mec. Tu ferais mieux de garder un œil ouvert en dormant.

- Tu oublies qu’Ace Locke va dormir avec moi. Je suis presque sûr qu’il pourrait te maîtriser.

Derek ricana, mais quand il observa la taille des biceps d’Ace, il pinça les lèvres.

- Qu’est-ce que tu peux soulever ? Une vache ?

- Environ cent soixante-quinze kilos, les bons jours.

Derek écarquilla les yeux et acquiesça lentement.

- D’accord… euh… bien, entre.

- Tu es bien plus qu'un rêve... tu es ma réalité, Dylan. Maintenant et pour toujours.

Je sentais ses doigts s’enfoncer dans la peau de mon épaule là où il se tenait et au moment où je pensais qu’il allait écraser mes lèvres sous les siennes, Ace baissa la tête pour que nous soyons joue contre joue, et il chuchota à mon oreille :

— Toi, Dylan Prescott, tu mérites tout ce que la presse à scandale va dire sur toi…

Ah bon sang, Ace m’achevait quand il était comme ça. Quand il détruisait les cellules de mon cerveau en agissant de cette façon immorale et délicieuse avec laquelle il s’ancrait dans chaque partie de mon âme.

— Et tu sais pourquoi ?

Avec sa voix basse et rocailleuse dans mon oreille, il était clair qu’aucun mot n’allait sortir de ma bouche. Donc je me relevai et frottai toute ma longueur contre son corps. Ace tourna la tête et planta un baiser ferme sur ma joue avant de dire :

— Parce qu’avec toi, je me suis trouvé.

— Ace ?

La voix de Dylan était douce, comme s’il essayait de calmer un cheval nerveux et je ne pouvais pas lui en vouloir. Il pensait que j’étais à deux doigts de déguerpir et j’en étais bien conscient. Je pris une grande inspiration, puis me retournai enfin pour affronter la tempête.

Dylan n’était qu’à quelques mètres de moi, vêtu d’un jean et d’un T-shirt, et ce fut à ce moment-là, alors qu’il me fixait du regard et que son visage était si sérieux, que je sus la première chose que je voulais… non, que je devais faire : apaiser ses peurs.

Non pas sa peur de ce qui allait venir ensuite, car honnêtement, je n’avais aucune idée du cauchemar que nous allions bientôt vivre. Mais j’avais besoin qu’il sache que la raison pour laquelle je m’étais éloigné, pour laquelle j’avais paniqué, n’était pas que je regrettais d’être avec lui.

— Ace, le manager…

— Il peut attendre une minute, dis-je.

Je fis les trois pas qui me permirent de me retrouver nez à nez avec lui. Je levai les mains vers son visage et caressai sa lèvre avec mon pouce.

— Tout le monde peut attendre une minute.

— Je comprendrais totalement si tu flippais, là. Si tu veux changer…

— Non, dis-je en secouant la tête. Enfin, oui, c’était fou. Et oui, je vais bien, mais pas une seule fois je n’ai eu envie de m’en aller…

Je fis une pause, puis eus une pensée horrible.

— Tu en as déjà eu envie ?

Le regard d’Ace soutint le mien et la sincérité que j’y vis m’époustoufla.

— Jamais.

Alors que la voiture s’éloignait de l’entrée luxueuse du Syn et que la foule disparaissait au loin, je réalisai pour la première fois que je sortais avec Ace Locke. Je sortais vraiment avec lui. Et si la façon dont mon estomac se retournait quand je regardais son visage affectueux indiquait quoi que ce soit, c’était que je n’avais aucun doute sur le fait que j’étais dangereusement près de tomber amoureux d’Ace Locke.