Prière à l'ange obscur

Quelques jours plus tard, Abasio fut forcé de reconnaître que sa mère et son grand-père n’avaient nullement exagéré lorsqu’ils décrivaient Fantis comme une enclave de barbarie. À la ferme, au moins, l’eau était acheminée par une éolienne. Là, un camion-citerne passait deux fois par semaine, distribuant juste ce qu’il fallait pour les menus besoins domestiques. Le linge était porté dans les laveries de quartier et la population se rendait au hammam. L’eau de la rivière était amenée dans ces deux établissements, puis filtrée. Plusieurs équipes d’esclaves se relayaient pour alimenter les chaudières et faire tourner les norias. Les femmes appartenant au harem d’un gang ne se rendaient jamais dans les établissements de bains sans être flanquées d’une solide escorte. De même les gamins, pour aller à l’école et en revenir, se faisaient accompagner. Un rapt était si vite arrivé. On empêchait aussi les enfants d’aller regarder par en dessous certains cadavres par trop rebutants.