Prisonnier de son désir

Tom s'étira langoureusement sur le sable chaud. Il savait qu'avec sa peau pâle il devait faire attention au soleil mais pour l'instant, lézarder sur cette petite plage grecque était trop bon pour qu'il s'en soucie vraiment. Il était presque l’heure de rentrer faire la sieste à l’hôtel avant que le soleil ne devienne vraiment trop chaud. Il était là depuis tôt ce matin, à bronzer et se baigner, sans se soucier du temps qui passait. Il avait pris son smartphone mais l’avait laissé dans son sac de plage, éteint. Il n’était joignable pour personne.

Il avait demandé où était la plage la plus proche et la femme qui tenait l'accueil lui avait montré un endroit un plan du village. Tom avait pointé une autre plage qui lui semblait plus proche mais la femme avait secoué la tête.

- Ne pas aller là, avait-elle dit dans un anglais hésitant. Mauvaises choses arrivent.

- Quelles mauvaises choses ?

- La mer prend les gens.

Elle n'avait pas précisé. Tom, en partant de l'hôtel, était décidé à aller à la plage qu'elle lui avait conseillé mais une fois arrivé, il avait vu qu'il y avait déjà beaucoup de monde, principalement des pêcheurs et quelques touristes. Alors il avait rebroussé chemin, se disant qu'il n'allait pas se laisser impressionner par ce qui était probablement une superstition locale.

Il y avait peut être des courants marins traîtres sur cette plage aussi se promit-il de faire attention en se baignant. D’ailleurs, il voulait surtout se reposer, pas nager au large. Il serait prudent, voilà tout.

Il était sorti en ville la veille au soir, après le dîner pris à l’hôtel et avait trouvé un bar assez sympathique où il avait passé un bon moment à écouter de la musique locale en buvant de l’ouzo. Il n’y avait aucune femme locale parmi la clientèle et les touristes étaient tous en couple ou en famille. Il était rentré seul.

Tom retroussa les jambes de son bermuda beige. Il portait son maillot de bain dessous mais il attendait de vouloir se baigner pour se déshabiller. Même seul, il restait étrangement pudique et trouvait que son slip de bain bleu marine, acheté à l'aéroport, était un peu trop moulant. Il avait ôté son tee-shirt et s’en servait comme oreiller.

Il remit un peu de crème solaire, protégeant son visage aux traits fins, illuminé par de grands yeux verts aux cils presque féminins dans leur longueur. Tom remarqua combien sa peau naturellement pâle, au soleil, paraissait presque maladive. Il devrait envisager de prendre des vacances plus souvent, histoire de bronzer un peu.

Il tressaillit lorsqu'il entendit du bruit dans les fourrés juste derrière lui. La petite plage était bordée par des buissons épineux. C'était probablement juste un animal. Il se rallongea, fermant les yeux.

Il n'eut pas le temps de réagir lorsqu'il sentit des mains l'attraper. Il rouvrit les yeux, mais fut ébloui par la lumière du soleil. Trois hommes au moins l'entouraient et Tom appela à l'aide. Il avait entendu parler des touristes qui se faisaient agresser pour leur argent mais il n'avait qu'une petite somme sur lui.

Mais ses agresseurs ne le fouillèrent même pas. Alors que ses bras et ses jambes étaient immobilisés, on lui fourra un bâillon dans la bouche et un bandeau aveugla ses yeux. Il essaya de se débattre mais ses mains furent liées dans son dos et ses chevilles attachées. Il sentit qu'on le soulevait de terre. Il fut jeté sur l'épaule d'un de ses agresseurs, impuissant et sentit l'homme se mettre à marcher sur la plage.

Il entendit le bruit des vagues se rapprocher et comprit qu'ils étaient arrivés à une embarcation. Il fut jeté sans ménagement sur quelque chose de dur et sentit une bâche être rabattue sur lui. Puis il entendit un moteur et le plancher se mit à vibrer sous son corps.