Prisonniers de l'amour

— Puis-je vous aider, mademoiselle Nash ?

Son corps entier vacilla lorsque lui parvinrent ces paroles, prononcées d'une voix cassante. Elle regarda de nouveau. Chay Buchanan la considérait, l'air impénétrable, plaqué comme elle contre le granit, alors qu'elle le croyait à cent lieues. La jeune femme en aurait pleuré de frustration. Cependant, la fierté l'incita à ravaler ses larmes. Elle se contenta de fixer les mains fortes, carrées, tendues vers elle, en faisant mine de ne pas savoir qu'elles pouvaient la sauver, et répondit :

— Je peux me débrouiller seule, merci.

— A mon avis, vous feriez mieux de vous accrocher à moi, répliqua-t-il d'un ton glacial. Je ne vous lâcherai pas, bien que j'en meurs d'envie.

Comme elle n'esquissait pas un geste, il poursuivit :

— Ne soyez pas têtue, mademoiselle. Vous ne vous en sortirez pas sans aide.

— Fichez-moi la paix ! rétorqua-t-elle.

Le souffle lui manquait. Ses poumons la brûlaient. Elle aspira une profonde bouffée d'oxygène. A cet instant, son pied glissa : dans la tentative qu'elle fit pour arrêter la chute, son front heurta violemment la roche. Deux mains la saisirent alors par les poignets et la hissèrent sur l'étroite plateforme où se tenait Chay Buchanan et le couple roula dans la poussière. Chay se releva le premier, puis il aida Sophie à se remettre sur pied.

— Vous m'avez disloqué le bras, murmura la jeune femme avec une grimace de douleur.

Des larmes lui brouillaient la vue.

— Vous auriez préféré tomber?

Comme elle ne répondait pas, l'écrivain l'obligea à remuer le bras, sans douceur. Elle ne put réprimer un gémissement de douleur et sa tête s'inclina contre la poitrine nue de Chay Buchanan.

— Vous voyez, dit-il. Il fonctionne toujours.