À toutes les filles qui ont dit :

« Merde au prince charmant, donnez-moi un chevalier balafré.»

— Il est hors de question que je dorme sur ton lit ! Dieu sait ce que tu as fait la-dedans et avec qui, réponds-je en me relevant et en affichant une mine écœurée.

Je m'approche, boiteuse, pour m'asseoir sur le sofa tandis qu'il hausse les épaules en s'installant à ma place sur le matelas.

— Juste une précision, coração : sache que les draps du lit sont propres. Par contre, le canapé, lui, je ne l'ai pas changé et je ne compte même plus le nombre de filles que j'ai démontées dessus.

"L'amour est une énigme et il est redéfini à chaque fois que quelqu'un le déclare."

La bouche de Rhys se tord en un petit sourire avant qu'il s'extirpe de son siège.

- OK, seulement parce que vous avez obéi en ne participant pas au festival.

Cette fois, c'est moi qui fronce les sourcils.

- À vous entendre, on croirait que vous dressez un chien.

- La plupart des choses dans la vie s'apparentent au dressage d'un chien.

- Ce n'est pas vrai.

- Se présenter au travail, être payé. Courtiser une fille, s'envoyer en l'air. Étudier, avoir de bonnes notes. Action et récompense. La société fonctionne comme ça.

J'ouvre la bouche pour argumenter, mais il a raison.

Enfoiré.

Il la manipule, et c'est un grand interdit. Personne ne manipule ma nana à part moi.

Je fais un pas en avant.

Et me retrouve violemment ramenée en arrière, une main bâillonnant ma bouche.

J'amorce un mouvement d'épaule, bute contre un torse dur. Un souffle vient effleurer ma nuque.

Une voix que je n'ai entendue qu'une fois, dans la vision du sacre.

Basse. Froide et douce comme la mort.

Mon sang se glace.

Les cauchemars hurlent dans mon crâne.

— Pas un bruit, si tu veux vivre jusqu'à l'aube, murmure le prince à mon oreille.

— Dianna! Un peu de respect.

— Non, Gabby.

— Il m'a sauvée.

— Ah oui ? Sympa. Moi, il m'a torturée.

— Quoi ?

Se terrer, observer, attendre.

- Vous avez deux possibilités. Soit vous sortez d'ici avec moi comme une adulte, soit je vous jette sur mon épaule et vous porte comme une enfant qui pique une crise. Laquelle vous choisissez, Princesse ?

Son expression se durcit.

- Je n'ai pas signé pour une conversation à cœur ouvert, Monsieur Larsen. Soit vous me baisez, soit je trouverai quelqu'un d'autre qui sera volontaire.

Elle pousse un petit glapissement quand je la plaque complètement sur la commode, de sorte que son corps forme un angle droit et que sa joue soit pressée contre le bois.

Je me penche, si près d'elle que j'entends chacun de ses halètements.

- Faites ça et vous serez responsable de la mort lente et douloureuse d'un homme. C'est ce que vous voulez, Princesse ?