Je suis toujours très fan des adaptations de romans en bande-dessinée et je suis très heureuse de retrouver "Le cri", le premier volet de la saga de l'inspectrice Sara Geringën, sous cette nouvelle forme. D'autant plus que j'avais lu le roman il y quelques années maintenant, et si j'ai retenu plus ou moins la trame de fond, cela fait plaisir de redécouvrir cette histoire. Je trouve que cette adaptation est très réussie. Niveau scénaristique, certaines impasses ont dû être faites et qui pouvaient plus ou moins correspondre à des longueurs dans le romans, des parties plus techniques et explicatives au niveau scientifique. Ces impasses sont donc plutôt de bonne augure dans la BD, puisque cela permet d'avoir un récit incisif en ayant l'essentiel des informations étant donné que l'on retrouve tout de même pas mal de texte. De cette manière, l'histoire a donc pu s'inscrire à plus long terme dans ma mémoire. Au niveau des illustrations, le travail, est assez remarquable puisque N.G Laval a parfaitement su retranscrire cette ambiance oppressante et parfois glauque de thriller.

J'avais beaucoup aimé la première BD de l'auteur, "Ce n'est pas toi que j'attendais" qui retraçait la rencontre de l'auteur avec sa fille trisomique. Dans "Inoubliables", on est toujours dans le récit intimiste et personnel, mais cela ne concerne plus l'auteur lui-même. En effet, cet ouvrage, c'est la retranscription de 6 parcours de vie de personnes complétement différentes, des histoires intimes et personnelles bien distinctes les unes des autres. Ces personnes ont confié à l'auteur leur vraie histoire, centrée sur des difficultés majeures qui se sont déroulées durant leur enfance ou dans leur passé afin de mettre en lumière comment elles les ont marqués aujourd'hui pour devenir ce qu'ils sont actuellement. Si les sujets sont douloureux (génocide, viol, emprise sectaire), il se dégage beaucoup de bienveillance, de pertinence et de pudeur, sans compter l'élan de positivité dans le final de chaque récit: ils ont réussi à surmonter ces épreuves, même si le chemin a été bien souvent long. Cette bande-dessinée a donc un grand impact psychologique. Et à la manière d'un recueil de nouvelles, ce n'est pas mon genre d'ouvrage préféré puisqu'il n'y a pas de linéarité franche, mais chacun des témoignages suscitent de fortes émotions.

Du côté des illustrations, on reste sur un trait de crayon simple, mais qui retranscrit tout ce qu'il faut et l'essentiel. Un style de dessins porté sur l'efficacité où chaque histoire a son propre code couleur avec des planches bicolore. On se fait très vite à ce genre, les récits retranscrits n'ont finalement pas besoin d'agrément, une simplicité efficace qui fait mouche et qui permet de se concentrer sur le fond.

S'il ne révolutionne en rien le genre du cosy mystery, j'ai passé un très bon moment de lecture avec le premier tome de la série "Bretzel et beurre salé". On retrouve tous les ingrédients du genre : des personnages drôles et attachants, un petit village bercé autant par les ragots que par la solidarité, un quotidien chaleureux et réconfortant, des passages et des descriptions gourmandes et de la détente. Mais la particularité de cette série, c'est le fait qu'elle se passe en France, en plein cœur de la Bretagne et que cette dernière, par l'intermédiaire de son héroïne qui souhaite complètement changer de vie, va aussi partager le haut de l'affiche avec son extrême opposé: l'Alsace! J'ai beaucoup aimé le personnage de Cathie, qui cache encore bien des secrets et tous les autres personnages assez drôles. J'ai davantage aimé cette ambiance et cet humour à la française plutôt qu'à la British. L'enquête est sympathique, légère et fluide grâce à des chapitres courts. Une histoire très plaisante, dans un cadre qui l'est tout autant.

Avec "L'homme des mille détours", c'est une seconde chance que j'accorde à l'autrice et c'est aussi la confirmation que ce n'est pas le genre d'histoires faites pour moi. Il s'agit d'un bon récit qui m'a fait passer un bon moment de lecture, emprunt de beaucoup de sensibilité, qui nous fait vivre bon nombre d'émotions. Agnès Martin-Lugand a un talent certain pour conter ses histoires, puisque l'on est rapidement plonger dans le récit qui nous entraîne du début à la fin, d'autant que le récit est teinté d'une tension qui s'accroit au fil des pages. Le récit est profondément humain puisque l'on peut recenser bon nombre d'émotions qui prennent une place importante et qui sont bien détaillées. Néanmoins, la forte sensibilité qui se dégage de cette odyssée familiale est trop accentuée et poussée de façon à ce que le lecteur doit ressentir de l'affection et des bons sentiments pour certains personnages et tout le contraire pour d'autres. Le lecteur n'est pas vraiment maître de se ressentis, tout est beaucoup trop fléchés. De plus, c'est avant tout l'amour sous toutes ses formes dont il est question avec pour mantra que l'amour triomphe de tout, ce qui pour moi fait couler trop de bons sentiments. L'amour enrobe donc des thématiques plus ou moins secondaires et tout tournant autour de l'amour et de la bienveillance, il s'agit d'une histoire un peu trop manichéenne et trop attendue pour moi.

C'est avec l'adaptation en bande dessinée que j'avais au préalable découvert cette histoire il y a quelques années et malgré cette lecture, j'ai tout de même été captivé et surprise par le dénouement dans le roman, puisque j'avais oublié les tenants et aboutissants. La seule chose dont je me rappelais avec précision ne fait finalement pas partie des enjeux majeurs puisque c'est un élément que Hercule Poirot révèle assez rapidement. Dans cette histoire, il va être question d'un tueur en série puisque nous assistons à trois crimes commis. Et face à cet obstacle, Poirot ne va pas perdre ses moyens mais il est intéressant de voir que cette répétition inquiété tout de même le célèbre détective et qu'il se met lui-même une certaine pression pour pouvoir arrêter le meurtrier. On prend plaisir à retrouver Hastings aux côtés de Poirot, avec sa nonchalance et sa simplicité d'esprit. A ce propos, Poirot se joue facilement de lui et j'ai eu peur que Hastings soit finalement pris pour le dindon de la farce dans le dénouement, piégé malgré lui par Poirot. Heureusement, Hastings n'est pas ridiculisé et le dénouement reste classique dans sa réalisation. Celui-ci reste en plus une nouvelle fois surprenant, car le tueur ne se révèle pas celui que l'on pense et il montre encore que chaque détail est important et que la logique est de mise! Mais Agatha Christie tisse tellement bien sa toile, que pris dans le récit et l'intrigue, le lecteur se retrouve inévitablement piégé.

Sur une base historique, Marie Benedict nous offre une courte biographie romancée des sœurs Mitford, des femmes aussi intéressantes que fascinantes. Au nombre de six, c'est autour des trois ainées que l'autrice va se concentrer et alterner les chapitres les concernant. L'autrice dépeint parfaitement tout l'univers de la noblesse britannique de l'époque. Si l'on découvre en premier lieu des personnalités très différentes, c'est la montée du fascisme et l'arrivée du nazisme avec Hitler dans les années 30-40 qui va exacerber les clivages et diviser la famille Mitford. Le tiraillement entre l'amour familial et les idéaux politique est majeur et tous les membres de la famille Mitford se retrouveront à un moment ou à un autre à choisir son camp et à en subir les conséquences, créant une sorte de suspense. Et il est aussi déconcertant et fascinant de voir à quel point certaines se laissent aussi facilement endoctriner alors qu'elles n'avaient aucune prérogatives ou aucun signes avant coureurs pour de tels comportements et alors qu'elles viennent toutes de la noblesse et ont été élevé de la même façon. Mais malgré ces divergences notoires et ces vies totalement différentes, l'autrice montre que les liens familiaux restent présents et assez forts. C'est un livre très intéressant qui renforce une certaine fascination pour ces sœurs Mitford.

Si "L'appel des colombes" est le premier livre de Martha Hall Kelly qui ne fait pas parti de la saga des femmes Ferriday, l'autrice y conserve bon nombre de ses éléments clés. C'est donc au travers su points de vue de deux femmes, Arlette et Josie et dans deux temporalités que l'autrice met en avant des évènements historiques véridiques mais peu connus voire cachés. Elle explore ainsi explore davantage les thématiques de l'Après-Guerre, comme les procès des nazis, la traque des criminels de guerre, l'intervention des services secrets dans le monde entier, mais elle n'oublie pas les exactions propres au moment de la guerre comme les expériences médicales ou le trafic lié aux Lebensborns. Les deux héroïnes jouant chacun à un jeu de dupe et se lançant dans une véritable chasse à l'homme, l'intrigue est très prenante et entraînante, pour ne pas dire haletante. Marquées physiquement et psychologiquement par ce qu'elles ont vécu dans le passé, ce sont des femmes aussi complexes que fortes et exemplaires! Aussi riche en émotions qu'en rebondissements, c'est une histoire d'espionnage marquante et très enrichissante.

"La chambre aux papillons", c'est un nouveau récit familial et historique de Lucinda Riley, mais qui me restera moins gravé en mémoire que d'autres récits de l'autrice, par manque de surprises et de complexité. L'histoire familiale est riche et passionnante avec la demeure familiale, Admiral House, une bâtisse qui joue un rôle prépondérant dans l'histoire et avec Posy, le pilier de la famille. Autour de ces deux piliers, gravite bon nombre de personnages plus ou moins secondaires, tous très intéressants et puisque l'on passe de l'histoire de l'un à l'autre avec une grande fluidité, on s'attache très facilement à chacun d'entre eux. Leur importance est grande car c'est par leur biais que certains drames, certains évènements viennent dynamiser le récit et que l'on finit par trembler. Le présent est beaucoup plus ancré dans le récit, qui laisse moins de place au passé. Mais si l'on baigne très aisément dans cette atmosphère cosy et familiale de la campagne anglaise, les secrets et les mystères ont manqué de poids et de panache pour vraiment me surprendre et me laisser une trace indélébile.

Glendy Venderah revient une nouvelle fois en force avec "Dans la forêt des larmes", qui est encore un très bon roman. Ce deuxième livre confirme le talent de l'autrice pour nous faire vibrer d'émotions, rendre un hommage infini à la nature et à la forêt et pour imaginer une histoire aussi riche et complexe qui reste graver en mémoire. A la façon d'un nature-writing, l'autrice offre bon nombre de choses dans son histoire qui a tantôt un air de roman policier, tantôt un air de conte enchanteur. Raven et Ellis vivent toutes les deux avec certains traumatismes qui les marquent profondément. Le roman explore la manière de vivre, les croyances, le choc psychologique, la reconstruction et les relations toxiques en montrant comment les traumatismes peuvent affecter les relations, les choix de vie et comment cheminer sur les sentiers de la guérison. Il souligne également l'importance des relations, du soutien, de la compréhension et de la rédemption. Avec beaucoup de justesse et de précision, et tout en savamment doser les choses, l'autrice arrive parfaitement à faire véhiculer toutes les émotions. Et en accordant une nouvelle fois une très grande place à la nature avec des descriptions tout simplement magnifiques, le roman reste enchanteur d'un bout à l'autre.

Bien qu'étant frileuse avec les polars nordiques, "Personne ne meurt à Longyerbyen" ne m'a pas du tout refroidi, puisque le roman est écrit par un auteur français qui n'a pas repris les codes des polars nordiques. J'ai passé un très agréable moment avec cette lecture, c'est une jolie petite surprise. Morgan Audic nous emmène au nord de la Norvège, dans deux enquêtes différentes dans lesquelles il est facile de se plonger avec cette ambiance glaciale parfaitement bien retranscrite, sans être détaillée à outrance. L'auteur a très bien su exploiter et intégrer dans son histoire, tous les sujets liés à cette région du monde, mêlant habillement réchauffement climatique et protection animale. Sans retrouver de scènes d'action infernales, le récit a su m'entraîner dans son dynamisme, l'intrigue et la construction sont solides. Avec des thématiques riches, intéressantes et bien menées, ce polar divertit autant qu'ils instruit. Une très belle découverte!