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Lorsqu'elle avait perdu sa voix, elle avait compris que les mots ne disaient pas tout, bien au contraire. Souvent, le vrai sens résidait dans les non-dits.
Afficher en entierSans même se rendre compte qu'elle salivait, Ariel approcha de l'étal. La marchande était assez âgée pour être arrière grand-mère, mais elle était large d'épaule et forte. Une lueur d'intelligence et de curiosité pour le monde qui l'entourait brillait dans ses yeux noirs.
Afficher en entier- Je comprends, Éric. Mais parfois, les gens vous tendent la main parce-qu’ils tiennent réellement à vous aider.
Afficher en entier- Son apparence volée ?
- Ce n'est pas à cela qu'elle ressemble. Pas du tout. Même sous sa forme de cecaelia. Elle est bien plus âgée. Ses bras sont plus courts.
- Elle est... à moitié.... pieuvre ?
- Non, elle est à moitié déesse, s'impatienta Ariel. Qu'est-ce que vous avez, tous, avec les pieuvres ? Les femmes filles « à moitié poisson », comme vous dites, n'ont pas l'air de vous déranger. En quoi est-ce différent ?
- C'est très différent, dit Eric, qui avait quelque peu pâli. Ce n'est peut-être pas logique, mais il y a une grosse différence.
-Eh bien, sachez que vous êtes marié à une femme qui pourrait être votre grand-mère. Au bas mot, ajouta Ariel avec un rictus. Tentacules ou pas.
Cette fois, il blêmit bel et bien.
- Et puis, les octopodes comptent parmi les créatures les plus intelligentes de la mer, après les dauphins, les baleines et les phoques. Mais les dauphins ont une capacité de concentration très courte. Les pieuvres sont des êtres d'une sagesse infinie et recèlent bien des secrets.
- Bon, bon, les pieuvres sont géniales. Soit. Je suis sectaire et anti-tentacules, j'ai compris.
(pages 223-224)
Afficher en entier- Seriez-vous restée ? Humaine, je veux dire ? demanda-t-il par pure curiosité. Si j'étais tombé amoureux de vous et que vous aviez retrouvé votre voix, seriez-vous restée sur terre ?
- Je... Je crois ?
[...]
- D'un autre côt, il n'est pas impossible que mon père, le roi de la mer, ait déferlé sur le château et noyé tous ses habitants pour me récupérer. Il a tendance à être un peu autoritaire.
- Noyé ? Tout le monde ?
- Il aurait littéralement déferlé, précisa Ariel avec un sourire en coin.
(pages 221-22)
Afficher en entierElle regarda les deux oiseaux s'envoler. Elle savait que l'un d'eux - ou un autre ami ailé - resterait silencieusement près d'elle à tout moment, dans le ciel.
Quel pouvoir étonnant avaient ces animaux dans ce monde en deux dimensions ! Ils pouvaient briser la barrière de la hauteur, monter et descendre au-dessus des autres créatures du monde de la surface. Pourtant, cela demandait un effort, même pour les majestueux goélands. S'ils arrêtaient de battre des ailes ou de planer, ils tombaient, inéluctablement.
Je dois continuer de battre des ailes, se dit Ariel en se dirigeant vers la ville, ou je tomberai moi aussi. Pour l'heure, elle n'était pas une créature de la mer ni de la terre. Elle aurait dû être en train de régner sur les vagues. Elle aurait dû être mariée à Eric et diriger le petit royaume. Elle aurait dû être en train de nager dans l'océan, de chanter, de jouer avec ses amis et de rêver. Au lieu de cela, elle arpentait la terre, seule.
(page 159)
Afficher en entier- Oui, eh bien, on est là, dit Polochon d'un ton un peu désinvolte. Au fait, nous sommes en mission secrète. Personne ne doit savoir que la reine a quitté son royaume pour s'occuper d'affaires terrestres... Surtout des affaires qui concernent son père. Et surtout si la sorcière Ursula est impliquée.
Jona le dévisagea.
- Royaume ? Ou « reinaumaume » ?
- Quoi ? demanda Polonchon, maintenant exaspéré.
- Le peuple des sirènes est gouverné par une reine. Ne devrait-on pas dire « reinaumaume » ?
- Non c'est ... Enfin, si, peut-être. C'est important ?
- Ça l'est pour la reine, souligna l'oiseau.
Ariel dut réprimer un sourire. Si elle avait eu une voix, elle aurait sans doute éclaté de rire.
(page 71)
Afficher en entier- Et qu'auriez-vous demandé ? Demanda Ariel, trop intriguée pour continuer de mentir.
- J'aurai demandé... Enfin sauf urgence de dernière minute comme "Je souhaite que quelqu'un sauve ma petite fille de la noyade" ou quelque chose comme ça, eh bien..., fit la maraîchère, légèrement embarrassée. J'aurai demandé de vous voir vous, sous votre véritable apparence, entrain de nager en pleine mer. Si je pouvais voir ça, je saurais que toutes les légendes sont vraies, les belles comme les plus terribles. Je saurais que mes pauvres yeux fatigués n'ont pas tout vu dans ce monde. Et je mourrais heureuse en sachant que la magie existe.
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