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Côtoyer la mort en marche tous les jours était impossible sans une réelle dureté mentale. J'avais dû me blinder et chasser de mon esprit les réflexes affectifs que l'on m'avait inculqués depuis ma naissance. Avec la Grande Mort, il fallait éviter le sentimentalisme. Nous étions tous devenus des croque-morts ou des infirmières s'occupant de malades en phase terminale, sauf que notre cimetière était à ciel ouvert et notre hôpital totalement surpeuplé. Dans la casemate supérieure, l'un de ces cancéreux achevait de passer de l'autre côté sans que l'on ne puisse rien faire pour lui. Il fallait l'accepter et ne pas le prendre dans nos bras pour le bercer. Il devait connaître le sort qui l'attendait et ne pas chercher à se joindre aux vivants. La mort était déjà en lui et le grignotait petit à petit.
Afficher en entier- Avec la Grande Mort, je m'attends à tout, lançai-je sèchement. N'oubliez pas qu'elle sait s'adapter.
- Ce n'est qu'un virus.
- Si vous vous limitez à cela, je pense que nous sommes perdus, intervient Jean-Michel avec une certaine véhémence. Tous ceux que nous avons rencontrés et qui le pensaient ont rejoint la horde.
- Dans ce cas, que comptez-vous faire ?
- Pour l'instant, je n'en ai aucune idée, mais je peux vous assurer que je ne vais pas rester ici pour me faire dévorer.
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