Extraits

Je gardais tant bien que mal un semblant de contenance. Je détestais les adieux. Je détestais l'idée de devoir lui dire au revoir. Malgré moi, mes yeux s'embuèrent.

— Allez, je te laisse te préparer. Je vais voir si Jennifer a besoin d'un coup de main.

— Tu vas me manquer.

Il me prit la main et la plaça sur son cœur.

— Mais tu sais que tu seras toujours ici, ok ?

— C'est malin, tu vas me faire pleurer !

— Quinze petits jours. Rien que quinze petits jours.

Gros soupir. Je cherchais désespérément à refouler mes larmes.

— Je sais. Et nous avons tous les deux beaucoup de travail. Point positif.  Appelle-moi quand tu peux. Je ferai pareil.

— Ne laisse pas Boss te marcher dessus.

— Aucun risque.

Il me montra la pub du doigt.

— Tu es plus célèbre que lui maintenant. Ne l'oublie surtout pas.

— Tu crois vraiment ?

— Ce n'est pas possible d'être aussi naïve !

Un dernier baiser, déchirant et fougueux. J'enfilai mon manteau et récupérai le reste de mes affaires le plus nonchalamment possible. Je lançai un « je t'aime » plus ou moins détendu avant de claquer la porte. Ce n'est qu'une fois dans l'ascenseur que je m'écroulais.

Anéantie.

Submergée par les larmes.

- Et ça ferait quoi si tu lui en mettais une ?

- Je n'en sais rien. Mais je me sentirais certainement mieux.

Mon Martini était un pur régal. Je l'avais pratiquement fini. Posant mon verre, je le regardai droit dans les yeux avec un air de défi.

- Et si c' était moi qui t'aidais à te sentir mieux ?

- Et comment tu comptes t'y prendre ?

- Je te l'ai dit ce matin non ? Ce soir, je suis aux commandes.

Telle une catcheuse se préparant au combat, je fis craquer ma nuque et commençai à m' échauffer les mains.

- J'ai de la frustration à revendre, Tank. Surtout après ma journée merdique. Je dois réécrire mon livre pour cet enfoiré d' éditeur qu'on m'a refilé , et je vais être privée de petit ami pendant deux semaines. L'horreur totale. Toi parti ? Si tu savais comme c ’est dur … Le pire, c'est ça. Le fait que tu ne sois pas là . Je suis prête à exploser. À tout faire valser. Genre éruption volcanique. Tu crois que tu vas en sortir indemne ? J'en doute... Tu veux essayer ?

- C'est parti !

— Le programme est tellement chargé. J'ai peur de ne plus pouvoir passer autant de temps avec toi. Non seulement je dois être ultra disponible pour l'équipe de communication de Wenn, mais je dois également livrer mon prochain livre dans six mois, sachant que je ne l'ai même pas encore commencé. Ça va être épuisant. Et ensuite, on remet ça avec le livre suivant.

— Tu vas bien devoir manger, non ?

— Oui.

— Et dormir.

— J'ose espérer.

— Bon, et bien ça, on le fera ensemble.

Je ne pus réprimer un sourire.

— Je ne suis pas sûr que ce soit aussi catastrophique que tu le dises. Le rythme sera intense pendant six mois, et puis la cadence ralentira. Après la fin du contrat, rien ne t'empêche de te tourner à nouveau vers l'autoédition, si tu le souhaites. Si tu veux en revanche rester chez Wenn et si tu réussis à t'organiser un emploi du temps plus raisonnable, cela vaut la peine d'essayer. Cette situation est temporaire. Pas mon amour. Il est éternel.

Il souleva mon menton du doigt et je sentis mon cœur fondre.

- Pourquoi il aurait envie de les retrouver dans son lit ?

Ma remarque la prit de court.

- Dans mon cas, c'est différent.

- Et bien, je suppose que nous découvrirons si ça l'est ou non. 

Elle se leva de mon lit, m'embrassa sur le front puis m'embrassa.

- Allez, on arrête de parler de ça.

Aujourd'hui, c'est ton grand jour. Je suis désolée d'avoir mis le sujet sur le tapis.

- En fait, j'avais vraiment envie de t'en parler.

- Et bien tant mieux alors. Bon. Il faut t'habiller pour

Blackwell. Pendant que tu passais en revue ta garde-robe, j'ai vu deux ou trois tailleurs qui pourraient lui plaire.

- Rien ne lui plaira. On est en train de parler de

Blackwell, tu as oublié ?

Je soupirai.

- Tu as probablement raison mais nous allons quand même essayer. Et qui sait ? Nous pourrions peut-être lui parler ? Elle pourrait nous donner son avis sur ta situation.

Lorsque Bernie en eût fini avec moi, je jetai un œil dans le miroir ovale. La transformation était saisissante. Comme d'habitude, Blackwell avait raison. Tout ce que j'aurais pu faire chez moi pour m'arranger un peu n'était rien en comparaison de ce que Bernie était capable de faire.

Afin de dégager mon visage, mes cheveux blonds avaient été tirés en arrière à l'aide d'un gel spécial qui les rendait ultra brillants. Mes cheveux étaient suffisamment longs pour retomber juste derrière mes épaules, mais ils avaient été rassemblés en un élégant chignon, tellement serré sur la nuque que j'avais l'impression d'avoir la tête dans un étau.

Le maquillage était léger, jeune et frais, mais avec ce côté avant-gardiste dont parlait Blackwell. Mes yeux étaient recouverts d'une ombre à paupières pailletée couleur argent. Des faux-cils avaient été ajoutés afin d'accentuer le côté spectaculaire.

Mais le plus extraordinaire, c’était mes lèvres.

Bernie les avait peintes en rouge avant de placer dessus de véritables diamants. Le résultat était aussi époustouflant que ridicule, too much et inconcevable. De plus gros diamants dessinaient le contour de ma bouche, et leur taille se réduisait au fur et à mesure qu'ils approchaient la commissure de mes lèvres. Il devait y en avoir au moins une cinquantaine.