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- Je t'ai dit la vérité, les vestiges de Budrakim ne sont pas dans le parc.
- Alors, où sont-ils ?
- Où ils ont toujours été, répondit Ingray. Pahlad ne les a jamais volés. Le prolocuteur a inventé cette histoire parce que Pahlad avait découvert qu'ils étaient faux depuis le début. Budrakim ne voulait pas que la nouvelle se répande et il a donc raconté que les vrais avaient été volés et remplacés par des faux.
- Quoi ? Mais c'est absurde !"
Afficher en entierDonc, en réalité, ce n'est pas aussi grave que je l'ai cru au départ. C'est pire.
Afficher en entier1.
« Il y a eu des complications imprévues », annonça le flou gris sombre. Flou qui était assis sur un siège capitonné bleu pâle, à moins d’un mètre de l’endroit où se trouvait Ingray elle-même, face à lui, sur un siège identique.
En apparence, du moins. Ingray savait qu’en tendant la main un peu plus d’un mètre au-delà de ses genoux elle rencontrerait une paroi lisse et dure. Pareil sur sa gauche où l’Entregent semblait trôner, sa silhouette osseuse drapée de soieries brun, or et pourpre, sa chevelure tressée rejetée en arrière, ses yeux obscurs sans expression, en observant la conversation. En l’écoutant. Seules les cloisons beiges, derrière Ingray et sur sa droite, correspondaient à leur apparence. Certes, la table proche du siège d’Ingray, avec sa carafe dorée de serbat et le délicat plateau en verre portant de minuscules gâteaux de pétales de rose, était réelle
– l’Entregent l’avait invitée à y goûter. Mais elle était trop nerveuse pour même envisager d’en manger un.
« Des complications imprévues ont conduit à des dépenses inattendues. Nous demandons une rémunération plus importante que celle initialement prévue. »
Cet autre participant anonyme ne pouvait pas distinguer
Ingray sur son siège – la voyait comme le même genre de flou gris sombre auquel elle faisait elle-même face. Assis dans une cabine identique, quelque part ailleurs sur cette station. Incapable de déchiffrer l’expression d’Ingray, si elle laissait paraître sur son visage son désarroi et son désespoir.
L’Entregent, en revanche, avait vue sur eux deux. Iæl n’aurait pas trahi la plus infime réaction d’Ingray, s’iæl en avait aperçu une, elle en avait la conviction. Et cependant…
« Les complications inattendues ne me concernent pas, déclara-t-elle, aussi calmement et onctueusement qu’elle le put. Le prix était convenu d’avance. » Le prix correspondait
à tout ce qu’elle possédait, hormis les vêtements qu’elle portait et son billet de retour – déjà payé.
« Les dépenses inattendues ont été considérables et doivent être réglées, d’une façon ou d’une autre, riposta le flou gris sombre. Le colis ne sera pas livré si le paiement n’est pas revu à la hausse.
— Alors, ne le livrez pas », répondit Ingray, essayant de donner une impression détachée. Tenant ses mains tout à
fait figées dans son giron. Elle avait envie d’empoigner la soie vert et bleu de ses longues jupes, d’éprouver le sentiment de se raccrocher à quelque chose de solide et de sûr, une manie enfantine dont elle croyait s’être défaite depuis des années. « Vous ne recevrez en conséquence pas de paiement du tout. Certes, vous devrez quand même régler vos frais, mais cela ne me concerne en aucune façon. »
Elle attendit. L’Entregent ne dit rien. Ingray se répéta que le flou gris sombre avait plus à perdre qu’elle, si le marché ne se faisait pas. Elle pourrait récupérer le reste du paiement qu’elle avait apporté, après versement de la commission de l’Entregent – payable quoi qu’il arrive, à ce stade de la transaction. Elle pourrait rentrer chez elle sur
Hwaé. Il lui resterait certes beaucoup moins que ce qu’elle avait au début ; peut-être devrait-elle s’en contenter, placer le reliquat. Si elle perdait son emploi, sans doute pourraitelle mettre à profit les réseaux dont elle disposait encore pour en trouver un nouveau.
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