Extraits

Je comate depuis plusieurs jours. Mon sommeil est entrecoupé par les allées et venues de Virgin qui s’inquiète de mon état. J’ai beau l’envoyer chier chaque fois qu’elle pose son index froid contre ma gorge brûlante, elle continue à me choyer comme un gosse enrhumé.

— Je ne suis pas encore mort, je râle en la sentant se pencher au-dessus de moi une énième fois.

— Tu n’as plus de fièvre.

— Comment tu le sais ? Je te jure que si t’as enfoncé un putain de thermomètre dans mon cul pendant que je dormais, je te tue.

Elle rigole et je la sens s’allonger à côté de moi.

— Je n’ai utilisé que mes doigts, elle murmure en les agitant devant mon visage. Et t’as eu l’air d’aimer ça ! Tara avait raison, tout compte fait…

Un rire douloureux secoue ma poitrine. Putain, je suis vraiment mal en point pour me marrer avec cette fille.

— T’es vachement plus sympa quand t’es presque mort, tu sais.

— C’est de l’abus de faiblesse…

— J’assume ! Tu veux manger un truc ?

— Ouais, un risotto aux asperges.

— Nickel, j’ai réchauffé des macaronis congelés qui doivent dater de ta puberté.

— Fabuleux.

J’ouvre enfin les yeux et croise son regard pensif.

— T’aurais pu en profiter pour te tirer, je grommelle en passant une main sur ma blessure.

— Et je l’ai pas fait… elle rétorque du tac au tac.

— T’as aimé me voir souffrir, pas vrai ?

— J’ai adoré, c’est la seule raison pour laquelle je suis restée, elle souffle en me tirant la langue.

Merde, cette nana n’a rien d’une prostituée. Je pourrais presque m’habituer à cette nouveauté.

- Je jure de te faire jouir chaque jour de notre vie, je lâche en sentant son intimité se refermer davantage sur mon sexe.

- Jusqu'à ce que l'orgasme nous sépare… elle gémit avant d'exploser autour de ma propre jouissance.

- Il t'a poignardé ? je m'affole en plaquant une main sur son tee-shirt poisseux de sang.

- C'est juste une égratignure.

- J'appelle une ambulance !

- Non !

- Mais Mas, putain, tu saignes comme un petit porc tout juste égorgé !

- Ça va, je te dis. Aide-moi à me relever.

Je tire sur la main qu'il me tend et passe son bras sur mon épaule.

- Ramène-moi chez moi, il souffle en se laissant tomber contre sa voiture.

- Mas, je...

- Fais-le !

Il m'énerve, ce têtu d'âne !

- J'ai de quoi me soigner, c'est pas la première fois qu'une bagarre dégénère.

- C'était pas une bagarre, ces mecs nous attendaient ! Ils étaient prêts à te tuer ! Je comprends pas pourquoi. Qu'est-ce qu'ils voulaient, au juste ? Merde, ça ne se fait pas, je sais pas moi mais...

- Calme-toi, Gin ! il me coupe en posant sa main sur ma bouche.

Je me tais et respire bruyamment contre sa paume glacée.

- Ramène moi à la maison, s'il te plaît.

- Comme tu voudras, je grince en l'aidant à s'asseoir sur le siège passager.

Je m'installe derrière le volant pour la première fois.

- T'as ton permis, rassure-moi ?

- Évidemment !

Je n'ose pas lui dire que je n'ai pas conduit depuis près de deux ans. En fait, je n'ai jamais pu m'acheter de voiture et Milo refuse de me laisser conduire son pick-up.

Je cale trois fois, ignorant le regard énervé de Mas.

- No comment ! je tranche alors qu'il ouvre la bouche. J'ai été presque kidnappée et tu pisses le sang. J'ai le droit de caler, merde !

- T'as le droit de passer la troisième aussi, il grogne en se penchant en avant.

— J’peux me débrouiller !

— Mais même à moitié mort, t’es le type le plus chiant du monde, c’est pas croyable ! Je m’en occupe, je rétorque sans l’écouter.

Je monte sur ses jambes tendues, pour m’asseoir à califourchon sur lui.

— Qu’est-ce que tu fais, Gin ?

— Oh allez ! Je vais pas te violer ! je m’énerve en repoussant son torse qui vient de se relever.

Personne n’est venu me rapporter mes affaires depuis que je suis chez Tara, mais dans un repaire de prostituées, il y a largement de quoi me couvrir. Enfin, façon de parler…

Je m’installe derrière le volant pour la première fois.

— T’as ton permis, rassure-moi ?

— Évidemment !

Je n’ose pas lui dire que je n’ai pas conduit depuis près de deux ans. En fait, je n’ai jamais pu m’acheter de voiture et Milo refuse de me laisser conduire son pick-up.

Je cale trois fois, ignorant le regard énervé de Mas.

— No comment ! je tranche alors qu’il ouvre la bouche. J’ai été presque kidnappée et tu pisses le sang. J’ai le droit de caler, merde !

— T’as le droit de passer la troisième aussi, il grogne en se penchant en avant. Putain, j’aurais dû buter ces enfoirés !

— Tuer c’est mal, je commente sans réfléchir

Quand ils atteignent son visage, j'entrouvre mes paupières et efface ce maquillage que je ne supporte plus. Le noir s'étale sur sa peau blanche, son rouge à lèvres résiste mais j'en viens finalement à bout.

- Qu'est ce que tu fais ? elle frémit en penchant sa tête pour croiser mon regard.

À force de frotter sa peau encore et encore, il ne reste presque plus aucune trace "d'elle". En apparence du moins. Je veux que Virgin disparaisse.

Les yeux rougis, elle cherche au fond des miens à comprendre ce qu'il m'arrive.

- Parle-moi, elle murmure alors que mon doigt efface la dernière touche de rouge de sa bouche.

Je glisse mes doigts derrière ses oreilles et cale mes pouces contre ses joues.

- Dis-moi que ce n'est pas trop tard.

- Je ne comprends pas...

- Dis-moi qu'elle est encore là...

Elle fronce les sourcils et je ne sais pas comment lui dire ce que je ressens. Je repousse sa frange trempée pour la plaquer en arrière, comme pour supprimer un dernier rempart vers ce que je cherche à atteindre.

- Cadence.

« Par les doux va-et-vient mesurés que j’entame, je me perds en elle et sa virginité charnelle se dissout dans ma virginité émotionnelle »

« Regarde ce trou, Cadence, il a l’air profond vu d’ici, pas vrai ? Pourtant, une fois au fond, il remonte vers la surface de l’autre côté, tu vois ? Y a toujours une issue, même si elle semble inatteignable. »

Je la dévisage, dans l’attente qu’elle m’avoue ce que j’aimerais l’entendre dire. Je ne me suis jamais senti aussi vulnérable, dépendant d’une femme qui tient mon cœur entre ses mains sans le savoir.