Extraits

Alex croise les jambes pour se mettre à l’aise.

— Hmm. J’aimerais augmenter légèrement les enjeux.

— C’est vrai ? Fais attention, je suis aussi forte au Scrabble qu’à l’air hockey. Le secret pour gagner au Scrabble, ce n’est pas de former des mots inventifs, mais de les placer correctement pour gagner un maximum de points.

— Les mots devront compter au minimum quatre lettres, valoir au moins dix points et être obscènes.

— Sinon ?

Alex sourit.

— Sinon tu devras enlever un vêtement.

— Alors on joue au Strip Scrabble ? Très bien, tu l’auras voulu.

Je me fais craquer les articulations de mes doigts.

— N’oublie pas que j’ai un diplôme de littérature anglaise. Prépare-toi à mordre la poussière.

— Pff !

— Surprise ! s’exclame-t-elle en écartant les bras d’un air théâtral. Buck joue son premier match à l’extérieur avec les Hawks.

— Maman, je ne peux pas…

— Nous allons le soutenir en famille. Ces dernières semaines ont été pénibles pour lui.

— Ce n’est quand même pas ma faute si Buck est incapable de garder sa bite dans son caleçon et s’il a essayé de tringler la nièce de son entraîneur.

— Violet ! Le front plissé, ma mère fait la moue comme si elle venait de lécher un citron.

— Ne sois pas aussi insensible ! Oublie un peu ces histoires de…

Elle se tait et pointe un doigt vers son entrejambe.

— Certainement pas. De toute façon, Buck se fiche bien que j’assiste ou non à ses matchs.

— Il était vraiment déçu que tu ne puisses pas venir aux derniers. Peut-être que si tu avais été présente à celui-ci… Elle pointe le magazine du doigt.

— Il ne se serait pas mis dans un tel pétrin.

— Est-ce que tu es en train de me culpabiliser pour que je vienne ?

Je la fusille du regard par-dessus le bord de ma tasse.

— Pas du tout. C’était juste une spenculation.

Je m’étrangle.

— Une spéculation , Maman.

— C’est ce que j’ai dit.

Ma mère m’arrache le magazine des mains.

— Oh, il est mignon. C’est lui que tu as rencontré hier soir, non ?

— Qui sait. Ils se ressemblent tous. C’est juste un tas de hockeyeurs à la con.

— Ce n’est pas vrai. Buck est un amour.

Sidney s’esclaffe.

— Oh oui, il est à peu près aussi doux qu’un litre de vinaigre.

Buck sort tranquillement du vestiaire, une serviette posée sur ses épaules nues. Dieu merci, il porte encore son short de hockey. La quantité de poils qui recouvre son torse lui donne l’air d’un yéti qui aurait oublié de se peigner.

Je reste un peu à l’écart de la foule pour éviter d’apparaître sur les photos. Les paparazzis photographient Buck dans sa chemise de poils, tandis que Sidney pose d’un air fier et viril à sa droite.

En temps normal, je déteste qu’on me reluque de cette façon, mais je l’ai bien cherché avec mon T-shirt extra-fin et mon soutif indécent.

Mon embarras et le sien montent d’un cran, lorsque je saisis mes seins à pleines mains et les serre entre mes doigts.

— Pas mal pour des vrais, hein ?

Il me regarde aussitôt dans les yeux. Grillé, mon vieux !

— Je… euh… je ne voulais pas… je n’étais pas…

Je n’avais pas eu un tête-à-tête aussi amusant avec une personne du sexe opposé depuis des siècles. Je lâche un grognement moqueur et détourne les yeux.

Admettons qu’une personne qui porte du XXL essaie d’enfiler un T-shirt taille XS. Que crois-tu qu’il arrive au T-shirt ? Les coutures craquent et le vêtement se déchire, comme celui de Hulk. Imagine un peu que mon castor explose !

Je suis fascinée par l'aisance avec laquelle ces mecs glissent sur la surface dangereusement lisse.Certaines personnes ont la phobie des serpents et des araignées, mais en ce qui me concerne, c'est le patinage qui me file une peur bleue.Quelle idée de porter des lames sous les pieds!J'ai déjà du mal à maîtriser la posture du chien tête en bas au yoga, je ne vais pas en plus me trancher une artère, histoire de diversifier ma palette d'exploits sportifs.

Alex a beau être génial au lit et avoir un QI plus élevé que ses coéquipiers, je n'aime pas son image publique. Ni la pléthore de photos sur lesquelles il apparaît en compagnie de différentes femmes.

Je ne veux pas lui paraître trop chaleureuse, parce qu'en réalité, je l'aime bien. S'il ne m'avait pas appelée, envoyé des SMS, des fleurs, des e-mails, je l'ignorerais comme n'importe quel autre connard, parce que c'est exactement ce à quoi je me serais attendue. Sauf qu'Alex a fait tout le contraire de ce à quoi je m'attendais.

Comment cette aventure d'un soir a-t-elle pu devenir aussi compliquée ?

- Je veux juste qu'on passe un moment tranquille ensemble. Je te le promets.

J'aimerai bien le croire.

- Il est deux heures du matin, Alex. Quand on débarque dans la chambre d'hôtel de quelqu'un au milieu de la nuit, ça s'appelle un plan cul, en général.

— Je vais chercher des ciseaux !

Violet sort de la pièce en courant et ses tétons dressés disparaissent de ma vue.

— Quoi ? ne puis-je m’empêcher de hurler.

Des images de pénis tranché me traversent l’esprit et ma queue se dégonfle très légèrement. Le problème, c’est que le sang bloqué au-dessus de la cape met du temps à s’écouler et que je bande toujours.

Violet revient avec une énorme paire de ciseaux. L’idée qu’un objet tranchant s’approche de ma queue ne me plaît pas du tout.

— Non mais tu déconnes, Violet ? Je t’interdis de t’approcher de moi avec ces ciseaux ! Tu n’aurais pas un coupe-ongles ou quelque chose d’un peu moins énorme ?