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Paranoïa était un mélange additif de virtuel et réel. Sauf que Paranoïa n'avait ni concept ni objectif. Il existait sans vraiment exister, véhiculé par les rumeurs, et personne n'en connaissait les règles ni le but ultime. Nul n'y avait peut-être même joué un jour....seule promesse, il y aurait un gain de trois cent mille euros pour celui qui oserait affronter ses plus grandes peurs.
Afficher en entierLe jeune homme s'appuya contre un mur, il avait besoin de réfléchir. Cette fois, il ne s'agissait pas de trouver des enveloppes ou des cygnes, il fallait s'en prendre directement à un adversaire. Un type qu'il aimait bien, en plus, avec qui il avait un bon feeling.
Chaque candidat avait-il pour mission de s'attaquer à l'un des autres participants ? Ilan songea aux seringues des médecins et frissonna.
Afficher en entier-Peut-être n'en sommes-nous pas encore sortis.
-De quoi parlez-vous?
-De mon histoire...
Afficher en entier- Bonsoir à tous, ici Virgile Hadès. Tout d'abord, félicitations. Vous êtes la crème des chasseurs de trésor. Des joueurs acharnés, intelligents, qui chercheront à aller jusqu'au bout, j'en suis certain. Comme vous avez pu le constater, Paranoïa dispose de plusieurs strates de sélection, vous les avez franchies avec succès, et vous voici à présent aux frontières du jeu pour une course à trois cent mille euros minimum. Cet hôpital est votre aire de jeu. Ses moindres recoins, ses salles les plus reculées vous appartiennent le temps de la partie. Il a été construit en 1870, sa structure est admirable. Vu du ciel, il ressemble à une chauve-souris géante aux ailes déployées. Il a été abandonné depuis plus de cinq ans et accueillait des adultes des deux sexes. Les femmes se trouvaient dans une aile, et les hommes dans l'autre. Chaque aile était divisée en quatre zones, de A à D. Une zone à chaque étage. L'aile D, au troisième accueillait les cas extrêmes : psychotiques, déments, hystériques, schizophrènes. Vous vous situez dans la zone A de l'aile des hommes, qu'on appelait "la dure-mère", allez savoir pourquoi. En sous-sol, la structure possède également de nombreux tunnels, dont je crois que personne, en ce bas monde, ne connaît le réseau exact, tant il est vaste. Leur existence demeure un mystère....
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Afficher en entierLes période ou l'on fait le plus de puzzle sont l'enfance et la vieillesse. Entre les deux rien...Moi, j'ai toujours adoré les puzzles. Ils ont tous une particularité : quelle que soit leur taille, ils deviennent complètement inutiles, moches, loupés, s'il vous manque la toute dernière pièce. Celle qui sublime l'ensemble. Qui marque l'aboutissement ultime du temps qu'on y a consacré.
Afficher en entierParanoïa était un mélange additif de virtuel et réel. Sauf que Paranoïa n'avait ni concept ni objectif. Il existait sans vraiment exister, véhiculé par les rumeurs, et personne n'en connaissait les règles ni le but ultime. Nul n'y avait peut-être même joué un jour....seule promesse, il y aurait un gain de trois cent mille euros pour celui qui oserait affronter ses plus grandes peurs.
Afficher en entierL’hélicoptère bleu et blanc dépassa un lac et se posa dans une petite clairière, à plus de mille quatre cents mètres d’altitude. Les rotors en mouvement soulevèrent des nuages de neige. Courbés, le nez enfoui dans le col de leur parka bleu nuit et des raquettes dans les mains, les deux gradés coururent jusqu’à l’homme engoncé dans une chaude tenue de montagne. Ils se saluèrent, chaussèrent leurs raquettes et s’éloignèrent rapidement.
— Vous n’avez touché à rien ? demanda Boniface.
Le guide rebroussa chemin en suivant ses propres traces. C’était un gaillard costaud, large d’épaules, et qui faisait un pas quand Boniface en faisait deux. Heureusement, cet endroit de la forêt était relativement plat, à mi-chemin entre la vallée et les pentes qui zigzaguaient jusqu’aux sommets.
— Non. J’ai immédiatement appelé la gendarmerie.
— Vous avez bien fait. À présent, racontez-nous plus précisément ce qui s’est passé.
Au loin, le pilote de l’hélicoptère avait coupé le moteur, rendant aux montagnes leur calme blanc. La forêt se densifiait, les troncs se resserraient tellement autour d’eux que la lumière filtrait dans les feuillages comme des paillettes d’or. En cette matinée d’hiver, la nature tout entière semblait retenir son souffle.
— Dès qu’on aura rejoint le sentier, on trouvera le refuge du Grand Massif, une ancienne bâtisse qui appartient aujourd’hui à la ville. Il s’agit d’un lieu de repos, sans eau courante, sans chauffage, où une petite dizaine de randonneurs peut passer la nuit à l’abri des intempéries. Elle est située au milieu d’une petite île, sur un lac.
— Je connais, fit Boniface. J’ai déjà eu l’occasion de randonner dans le coin avec ma famille, il y a un bout de temps. L’endroit est magnifique.
Le guide se frayait un chemin à travers les arbustes.
— Magnifique, oui, on peut dire ça… La semaine dernière, des marcheurs ont signalé à l’office de tourisme une petite fuite dans le toit. J’ai monté quelques outils hier matin, il y avait un colmatage à faire et des tuilettes à cimenter. Un couvreur devait finir de réparer aujourd’hui.
Afficher en entierIlan ne voulait pas lâcher le morceau.
Il attendait dans sa voiture, le long du trottoir devant les entrepôts. À plusieurs reprises, il avait essayé de joindre Chloé sur son téléphone portable, sans succès, et avait laissé des messages sur le répondeur. Quant à la femme aux allures de motarde, elle n’était toujours pas sortie. À moins qu’elle ne fût déjà repartie tandis qu’il terminait ses tests ? Peu de personnes entraient et sortaient. Depuis un quart d’heure qu’Ilan patientait, il y avait peut-être eu une dizaine de volontaires. Ilan ne s’était jamais confronté à un jeu si étrange et ambigu, dénué de règles, de frontières. Paranoïa ne ressemblait à rien de connu.
Afficher en entierIl gagna les toilettes, jeta son journal dans une corbeille et se passa de l’eau sur le visage. La migraine du début de soirée avait heureusement disparu. Le calme de l’endroit lui fit du bien. Il chercha du papier pour nettoyer son blouson, mais à part un séchoir électrique, il n’y avait rien. Il fouilla dans ses poches pour en sortir un paquet de mouchoirs. À ce moment-là, un papier plié chuta sur le sol. Ilan le ramassa et lut :
« On vous surveille. C’est tout sauf un jeu. N’y entrez surtout pas. Je connais des réponses, je peux vous aider à découvrir la vérité.
B. P. »
Ilan se rappela immédiatement la femme qui l’avait bousculé dans la salle d’exposition : la grande brune à la tenue de motarde. Il était évident qu’elle avait glissé ce mot dans sa poche. De quelle vérité parlait-elle ? Qui était-elle, pourquoi voulait-elle l’aider ?
Sans tarder, Ilan retourna sur l’avant de la péniche, scrutant la foule. L’inconnue était peut-être encore là. Il redescendit vers le hall de réception, traversa la passerelle et se retrouva rapidement le long des quais. Pourquoi cette femme s’était-elle enfuie sans lui parler ? Avait-elle peur qu’on la remarque ?
Afficher en entier— Finis ton café et laisse-moi. Physiquement, tu as changé, mais certainement pas au fond de toi-même.
— Je reste. Je n’ai pas fait ces cent kilomètres pour rien.
Elle ouvrit son ordinateur portable et essaya de se connecter au réseau Wi-Fi de la maison.
— Inutile, dit Ilan. J’ai changé le code d’accès.
— Et c’est toi qui parles de confiance ? Dans ce cas… (Elle se leva.) Ton ordinateur portable est dans ta chambre ?
Alors qu’elle se dirigeait vers l’escalier, Ilan lui barra le chemin.
— Laisse tomber.
— Je me fiche de savoir s’il y a les fringues ou les photos d’une fille là-haut. Tu as le droit de refaire ta vie, Ilan.
— Si tu savais à quoi elle ressemble, ma vie.
Chloé eut un sourire pincé.
— J’ai croisé une voiture sur le chemin, en arrivant chez toi. Je n’ai pas pu voir le chauffeur à cause des vitres fumées. Mais je suppose que c’était une charmante jeune femme.
— Quel genre de voiture ?
Elle réfléchit quelques secondes.
— Le gros modèle d’Audi, couleur noire je crois, mais tu dois le savoir mieux que moi, non ? Tu vises haut à présent. Elle travaille dans quelle branche ?
Ilan resta sans voix. Le chemin qui quittait la petite route communale, à un kilomètre, ne menait qu’à une seule maison : la sienne. Une voiture n’avait rien à faire dans les parages. Il se caressa machinalement l’avant-bras, songeant au cratère sur sa peau.
Quelqu’un le surveillait et était entré chez lui, il en avait désormais la conviction.
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