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Je n'ai aucun reproche à lui faire. Lui et moi, nous avons fait un long chemin ensemble, un très beau chemin. Mais chaque vie comporte plusieurs étapes, telles une rivière qui a un amont et un aval, où alternent des cours calmes et des cours torrentiels. Chacun a le droit de vivre sa vie.
Toute comédie à une fin. Tu crois qu'à force de prétention, le mendiant peut jouer le rôle du prince ? Tu as oublié une chose : seuls les rois peuvent jouer les mendiants. Les gueux, même en revêtant des habits d'or ne peut se changer en roi.
- Ouais, fit Max. T'es un vrai super-héros. Dépourvu de charme, bigleux et ventripotent.
- Clark Kent porte des lunettes, répliquai-je.
- C'est une couverture. Il peut voir à travers les murs, crétin.
Celle-là, je ne l'avais pas volée.
Comme souvent avec les choses qui sortaient de sa bouche, je comprenais ce qu'il disait, mais pas ce qu'il voulait dire. C'était comme s'il avait créé un univers parallèle à partir du langage ordinaire et remisé le sens commun sur une voie de garage.
Le dimanche suivant, je me réveillai à l'aube. Je jetai un coup d'œil à mon réveil. Sept heures quatre ? Je ne savais pas qu'il pouvait être cette heure-là un dimanche. Que je pouvais même me lever.
Je me rendis tout au fond et frappai à la porte du petit bureau. Pas de réponse. Je tournai la poignée et tombai sur un jeune révérend rivé à son écran d'ordinateur. Statistiquement parlant, il regardait soit une vidéo d'animal mignon, soit du porno.
Je me demandai si quelqu'un lirait un jour les quatre millions d'articles disponibles dans la version anglaise de Wikipédia. Je parvins à la conclusion que c'était sans doute impossible, car l'ensemble des connaissances humaines devait maintenant excéder les capacités du cerveau.
Quand on est jeune, on s'imagine qu'on peut tout faire, qu'on sera le grand vainqueur de la vie, jusqu'à ce qu'on s'aperçoive un jour que c'est la vie qui nous a vaincus.
Mes débuts, comme vous pouvez l'imaginer, furent somme toute ordinaires. Je passai par toutes les phases habituelles : légumière (0-1), animale (1-4), mémorable (4+).
L'ambiance est très particulière, comme si David Lynch, Mike Leigh et Krzysztof Kieślowski avaient construit une maison pour y tourner des films ensemble.
Paul a une bouteille de Pocari Sweat - une "boisson bienfaisante qui remplace en douceur la perte d'eau et d'électrolytes due à la transpiration. A densité et teneur en électrolytes appropriées et proches de celles du corps humain, elle s'intègre facilement dans le métabolisme". On trouve beaucoup de boissons étranges au Japon, la plupart du temps dans des distributeurs. Le mot sueur n'a pas la connotation répugnante qu'il peut avoir pour nous - pour les Japonais, transpirer est noble, c'est le fruit du travail. Pocari Sweat est ce qu'il boivent pour rendre à leur corps ce qu'il a perdu. Pourquoi pas, mais le liquide trouble, sucré salé, ressemble vraiment à de la sueur en bouteille.
C'est la première fois que je mange dans un restaurant étoilé. Ce n'est pas manger normalement. C'est abstrait, comme écouter un disque de Frank Zappa - intéressant, mais quand un air familier apparaît, c'est seulement une référence ironique.
Je pense à la nourriture, à son goût et aux sensations qu'elle provoque dans ma bouche, à toutes ces saveurs différentes, parfois joyeuses, répugnantes, ou douloureusement destructrices. Je ne l'envisage pas comme quelque chose qui sert à me couper la faim. Je sais que c'est bien plus que ça. Manger est une aventure.
Les crabes, sous leur carapace molle, font "crac !" ; ils ont été frits et ouvert en deux et on dirait un essaim de tarentules surgissant d'un bassin de porcelaine. Devorez-les avant qu'elles ne vous attaquent. C'est délicat et croustillant. Je suis émerveillé. Tout est fin.
J'ai découvert que l'oursin est la seule nourriture que je suis physiquement incapable de tolérer dans ma bouche, alors que je mangeais dans le restaurant qui a servi de décors au carnage à l'épée de samouraï dans Kill Bill.
8 h 45. Octobre 2000. Je n'ai pas la gueule de bois, je suis encore saoul.
[...]
20 h 45. Octobre 2005. Je ne suis pas saoul, j'ai encore la gueule de bois.
Le parfum de l'ananas mêle la sensation olfactive de la fleur et du fruit, sa fragrance alléchante nous égare dans le jardin des fées. Aucune fleur ne possède un parfum aussi matériel que celui de l'ananas mûr et aucun fruit mûr ne dégage une senteur aussi florale.
- C'est drôle ! Il y a deux intellectuels ici. L'un est immensément riche, et l'autre est plus pauvre qu'un gueux. Nous, les paysans, nous sommes entre les deux.
- C'est vrai ! Il vaut mieux n'être ni la tête, ni le cul. En cas de révolution, le cul risque de se retrouver à la place de la tête. Restons au milieu pour avoir la paix.
L'amour entre un homme et une femme n'est qu'une forme particulière de l'amour. Et chaque relation amoureuse recèle une voie qui mène au paradis et une pente qui descend en enfer.
On entend souvent dire qu'il faut écrire sur ce qu'on connait, mais je me suis aperçue que c'était beaucoup plus difficile que d'inventer. Il est plus facile de faire des recherches sur une période historique que sur sa propre vie, et beaucoup plus aisé de traiter de choses qui ont moins de poids émotionnel et vis-à-vis desquelles vous aurez plus de détachement. Le conseil est donc mauvais ! C'est pourquoi vous constaterez qu'il n'existe pas de lieux tels que les vallées galloises, pas de charbon dans leur sous-sols ni de bus rouges qui les sillonnent ; il n'y a jamais eu d'année 1979, d'âge tel que quinze ans et de planète comme la Terre. Mais les fées sont bien réelles.