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"On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression.
Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Les maladies incurables sont généralement visibles à la longue, mais la mienne est sournoise. Elle se cache et donne l'illusion de ne pas exister. Elle est pourtant bien là, chaque jour, chaque nuit. Elle court dans mes veines comme un poison et insuffle à mes poumons un air irrespirable.
Il vous transpercera de toutes parts triste et foudroyant.
Je me suis mis dans la peau de Camille il ne m'a pas fallu longtemps pour mis plonger connaissant cette sensation [le mal être] qui nous ronge tel un cancer.
Je me suis vue à travers ses lignes .
Un véritable choque émotionnel donc ma grande émotion en ressortant de se livre mes larmes ont beaucoup coulé .
Cela fait plus de dix jours qu'il est terminé et j'ai encore du mal à mettre les mots dessus. Il s'agit d'un livre que j'ai reçu il y a longtemps dans le cadre d'un échange et j'avoue que je ne sais plus du tout par qui, tant cela remonte loin. J'ai déjà lu la plume de Sophie Jomain, qui a évolué au fil des livres qu'elle écrit, même si je doute d'en avoir mis mes avis sur le blog, car j'ai dû en lire avant la création, c'est pour dire. Bref, tout ça pour me rappeler que se serait ps mal de relire ceux qui sont dans ma bibliothèque. Alors lors du marathon du 15 aout, j'avais décidé de lire des histoires vers lesquelles je n'aurai pas forcément été directement. J'en ai une petite pile de ce type et quand j'ai vu ce livre de poche de Sophie, je me suis dit "bingo". La dépression, un sujet vaste qui touche des milliers de personnes. Une véritable dépression, nulle n'en ressort indemne, j'en ai perdu mon père, je sais de quoi je parle au vu de mon vécu. La dépression n'est pas un choix de vie, c'est quelque chose qui s'engouffre sans savoir vraiment pourquoi elle est là, avec vous, s'incrustant dans le moindre pore de votre peau, s'installant comme une colocation indésirable. Une maladie difficile à soigner pour ne pas dire impossible, pour soulager quelques techniques, mais cela ne dure qu'un temps.
Camille est ce personnage que nous suivons depuis sa naissance. Petite, elle avait du mal à se regarder, à être quelqu'un, à trouver sa place. En tant qu'adulte on se dit que cela sera une passade ce qui est vrai pour la plupart des cas et puis il y a des Camille qui elles (ou ils) restent bloqué(e)s à tout jamais. Camille peut faire ce qu'elle veut, se trouver trop grosse, maigrir, grossir avec les circonstances qui vont suivre, comme la boulimie ou l'anorexie, voir des tonnes de psy, chercher des méthodes, le pourquoi elle est ainsi. Ce pourquoi qui la ronge elle et sa famille. Son père, sa mère qui font tout pour elle et essaye de trouver des solutions. L'amour serait la solution à tout, pas vrai ? Et pourtant, ici, c'est différent. Camille se sait aimée, elle sait que ses parents sont là, les déceptions amoureuses sont passées mais il y a quelque chose qui est là, qui la ronge et lui fait du mal. Personne n'est dans le corps de l'autre et personne ne peut comprendre ce qui se passe aussi bien dans le physique que le mental. Pas de folie, les douleurs sont bien réelles. Pas de jugement à avoir, même si certains personnages jugent, pensant que mettre un mouchoir va cacher la douleur, le ressenti. Alors quand Camille décide d'en finir avec cette vie, ce n'est pas un caprice ou un appel au secours. Elle veut la paix de son esprit et de son corps. Le fait qu'elle ait la double nationalité va l'y aider, mais avant d'arriver à cette date fatidique, nous la suivons et comprenons ou non ses choix. Je ne suis pas juge en la matière et il ne s'agit que d'un livre, mais un récit qui n'est pas banal, car cela peut arriver à n'importe qui.
L'euthanasie, car il s'agit de cela, n'est pas un acte qu'un médecin décide d'appliquer pour le plaisir. Le parcours est long et laborieux, nous n'avons pas les détails et je n'aurais pas voulu les avoir. Nous avons les ressenti, les peines, les quelques joies aussi, la peur surtout et la culpabilité. Ce dernier sentiment est fort, puissant et surtout il terrasse aussi bien Camille que ses parents. La culpabilité de partir, de faire mal, d'avoir penser que c'est de sa faute. Ne pas comprendre pour une mère... J'en suis une et je suis certaine que j'aurai réagi de la même manière que cette maman. M'en voulant de ne pas avoir vu, m'en voulant de ne pas savoir quoi faire, de ne pas avoir assez donné peut-être. De nombreuses questions seraient survenues, mais je n'aurais pas été jusqu'à ce point où elle a été. Cela je le laisse au lecteur de le découvrir. Les réactions des parents m'ont semblé juste, trop juste, comme si quelque part cette situation avait été déjà vécu par l'auteur, mais je préfère me cantonner à ce que j'ai lu. 29 ans et Camille va s'arrêter de vivre. Qui peut décider de lui dire non ou oui ? Qui a le droit d'en arriver là ? Nous comprenons bien le processus, qui va la suivre, ce qui va se passer et surtout le chemin à parcourir jusqu'à la fin afin d'être enfin délivrée. Jusqu'à la toute fin, la personne a le droit de changer d'avis. Dans le récit, nous avons la famille de Camille qui est coupé en deux et les moments avec sa grande tante montre bien les mentalités des uns et des autres, l'acceptation d'un choix difficile.
Le sujet est délicat, c'est un livre qui peut plaire comme déplaire juste sur le résumé : 29 ans et prévoir sa date de fin. Entre ces pages il y a tout un processus, une psychanalyse des personnages qui nous montrent les travers des uns, les émotions pures, les sentiments partagés. Ce qui se passe en nous, nous est propre, personne ne peut changer cela. Il faut savoir faire face, accepter et je comprends les choix. Vivre dans la douleur n'est pas sain, vivre dans la culpabilité non plus. Une lueur d'espoir ? Peut-être, toujours est-il qu'il faut garder à l'esprit que sortir d'une dépression ? Non, travailler dessus, oui, mais pourquoi continuer ainsi surtout si le fait de respirer fait plus mal qu'un coup de poignard ? Les phrases toutes faites ne servent à rien et j'ai beaucoup apprécié le Dr Peeters et sa façon de procéder. Sans en dire de trop et sans que l'auteur ne dévoile le tout, nous comprenons pourquoi il est devenu ce type de médecin, ce qui l'a conduit à être ainsi et surtout son humanité. Il ne cherche pas à la faire parler, il lui laisse son temps de parole sur ce qu'elle décide. Les drames, ils connaissent et nous n'avons que les pensées de Camille, enfin pas tout à fait, nous avons ceux de Peeters au dernier instant. Ces émotions sont tenaces, qu'elles soient de bonnes augures ou non. Le conflit entre vouloir quelque chose pour soi et pour l'autre est permanent, tout comme le fait de vouloir vivre en paix, mais si rien ne peut se faire, alors pourquoi continuer à vivre ? Le final me laisse sur une petite lumière sur un point et je pense que chacun y verra sa suite comme il le désire.
La plume est très belle, les mots percutants, le texte serait presque celui de Camille qui nous raconte sa vie, ou plutôt ce qu'elle compte en faire. Nous avons des situations qui sont banales pour la majorité des personnes, aller au travail, choisir son repas, se regarder dans le miroir (bon ça je ne le fait jamais, mdr), essayer des vêtements... Pour nous c'est d'une banalité affligeante, pour Camille c'est un parcours du combattant de part ce qui la ronge. Et pas la peine de dire que c'est bon, ça va passer, qui est capable de dire si c'est bénin ou non ? Les appels au secours n'ont rien donné, parce que cette vie n'en appelle pas. Est-ce que le cumul d'un enfance et adolescence même heureuse au sein de la famille a pu faire basculer dans cette noirceur ? qu'es-ce qui fait que deux personnes qui vivent les mêmes obstacles ne finissent pas de la même manière ? Prenez un stylo, vous avez 4 heures pour y répondre. Vouloir disparaitre est grave et les psy qui sont passés avant n'ont pas réussi à l'aider... Vouloir mourir est plus fort que vouloir s'en sortir et pour cause, les pages défilent et nous sommes démunis face à tant de détresse. Mourir par un acte médical, l'euthanasie, considéré comme un suicide par certains serait donc la solution pour une paix durable.
En conclusion ? C'est un sujet difficile à traiter et la façon dont l'auteur le fait permet de mettre en lumière les doutes, les techniques, les espoirs et l'accompagnement. Bien plus encore, mais je ne vais pas refaire la chronique dans la conclusion. C'est une lecture qui ne laisse pas indifférent où nous apprenons que l'euthanasie est légale dans certains pays, mais avec des conditions drastiques, nul ne peut s'amuser à ça. Il ne s'agit pas d'appel au secours, mais de mettre un terme définitif à une vie pour des raisons spécifiques. Si jeune et vouloir en terminer, cela est à double tranchant, on comprend ou on ne comprend pas, mais ce qu'il faut garder en tête, c'est que quoi que l'on fasse, que l'on aime, que l'on aide, le choix c'est l'autre qui le fait pour lui-même, pas pour soi. On se remet forcément en questions, c'est dans la nature humaine de vouloir comprendre. Les émotions bousculent, un soupçon de liseré de romance traverse et peut-être qu'un espoir pourrait en naître, qui sait ? Pour le savoir, il faut le lire, car la fin est bouleversante et à rester assis. Ce n'est pas un coup de cœur, pas loin en tout cas et je vous le recommande quoique vous lisiez !
Un bon moment de lecture avec ce roman qui va nous parler dépression et d’euthanasie volontaire assistée.
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Clairement, ce n’est pas ici une comédie pleine d’entrain que nous raconte Sophie Jomain, mais elle m’a pris dans ses mots du début à la fin de ce court roman.
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Et je trouve que son nombre de pages étaient parfait pour un tel sujet, ni trop ni trop peu.
Car ce roman va nous parler d’euthanasie programmée (légale).
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Tour à tour l’autrice a réussi à me choquer, m’attendrir, me faire compatir, me faire rager, me faire espérer avec et pour son héroïne Camille dépressive qui souffre de vivre, et dont le mal-être est reconnu incurable par des médecins.
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J’ai aimé que le roman reste plutôt neutre face au sujet, nous permettant de réfléchir mais sans pour autant nous obliger à être d’accord ou contre le choix de Camille.
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La fin m’a beaucoup plu! J’aime ce genre de fin qui laisse encore à réfléchir (ah ah je n’en dis pas plus!).
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En bref : un récit plein d’empathie sur un sujet difficile, un récit dur, poignant, vrai sans jamais en faire trop.
Voilà une lecture qui n'est pas des plus habituelles chez moi. Nous entrons dans un sujet sombre, tabou, qui n'est pas des plus joyeux, cela va s'en dire. J'avais envie de voir quelles sortes d'émotions cela allait déclencher chez moi. J'en suis ressortie légèrement indifférente, et ce, pour plusieurs raisons.
Je n'ai personne de mon entourage souffrant d'une dépression, de ce que j'en sais. Je n'ai que quelques connaissances primaires sur cette maladie. D'autre part, je ne me suis jamais posé de questions plus que ça quant à l'euthanasie. Ces sujets ne m'ont pas spécialement fait vibrer. Je n'ai pas spécialement ressenti d'émotions particulières.
L'histoire est bien écrite et fluide, et pour tout dire, je l'ai lu en 3 jours. Pourtant, il m'a manqué quelque chose pour réellement m'attacher aux personnages de Camille et de Marc. Malheureusement, leur histoire (sortie d'on ne sait où, surtout vis à vis de Marc) évoluant sans grande explication n'a pas vraiment joué en leur faveur car cela sonnait creux et faux.
On en revient au thème principal avec la dépression et l'euthanasie : je ne saurais dire si le sujet est bien abordé et représente bien les souffrances réelles qui peuvent avoir des envergures que je ne connais pas, mais ce que je peux affirmer, c'est que Sophie Jomain a su faire en sorte de m'emmener dans un quotidien tortueux et douloureux, ainsi que dans le périple qu'apporte la dépression. Colère, doute, fatigue, tristesse, pessimisme, mais aussi joie et amour (même si ces deux derniers ne sont clairement pas aux premiers rangs) : toutes ces émotions sont évoquées et ont leur place dans le récit, car elles font échos l'une à l'autre. On voit l'ascension puis la dégringolade. Tel un manège à sensation dans un parc d'attraction, l'ascenseur émotionnel est de mise.
Cette histoire de mal-être m'a vraiment émue profondément. On a envie d'encourager l'héroïne et de pousser le Docteur. Très bien écrit et une belle histoire de partage, d'amour, de tolérance et d'acceptation. J'ADORE !
C'est la première fois que je lis un roman sur ce sujet si délicat qu'est l'euthanasie assistée.
C'est un roman bouleversant, on se retrouve dans la peau de Camille qui a une vie difficile qui est rythmée par la dépression, l'anorexie et la boulimie.
C'est un récit extrêmement poignant, qui fait réfléchir mais qui est tellement bien écrit.
C'est difficile pour l'entourage d'accepter le choix de Camille, mais elle va être entourée par une structure pour mener à bien son projet.
C'est difficile de vous inciter à lire ce roman, mais je peux vous dire qu'il restera graver dans ma mémoire.
"Quand la nuit devient jour",c'est la dernière phrase de l'épilogue du livre, dernière phrase que Camille a écrit dans sa lettre adressée au psychiatre qui la suit dans ce centre où on l'aide à passer leurs derniers instants sereinement.
Non Camille n'est pas atteinte d'une maladie dégénérative ,d'un cancer en phase terminale ou d'une maladie incurable. Avec ces maladies,on comprendrait mieux les raisons pour lesquelles elle veut mourir.
Car franco belge,elle peut choisir de l'autre côté de la frontière la manière de mourir puisqu'elle n'a pas trouvé celle de vivre.
Camille la narratrice nous raconte sa jeunesse avec des parents aimants dont elle a pourri la vie entre boulimie, anorexie, mutilations,crises violentes d'anxiété et de mal-être.Son problème c'est la dépression qui s'est installée sournoisement au point de l'insécuriser tant physiquement que moralement.
De psychologues en psychiatres,de centres psychiatriques en centres psychiatriques,Camille n'en peut plus.
Décider de choisir sa vie est simple pour elle et tout concourt que c'est ce cheminement qui va l'aider à s'en sortir. C'est le cas : affronter ses parents pour leur certifier sa décision,vivre ses derniers mois en profitant de ce qui lui reste de vie et préparer sa cérémonie de défunte et de l'après font d'elle une autre personne que les démons quittent peu à peu.
Un roman écrit au scalpel qui fait l'apologie de l'euthanasie : choisir la fin de sa vie.
Que l'on soit d'accord ou pas avec l'euthanasie, ou le choix ici de mourir dans la dignité, c'est un roman qui ne laisse pas indifférent.
Pour ma part j'en suis toute bouleversée. Du début à la fin le style de Sophie Jomain m'a happée. Jusqu'à la dernière page, une fin qui nous laisse... arh.. Spoiler(cliquez pour révéler)une fin qui est peut-être un début : on ne sait pas l'auteur nous laisse l'imagine. Et je l'espère💓 .
Le mal être de Camille est palpable, on se reconnait un peu dans cette femme qui depuis l'enfance est en désaccord avec son corps, avec le monde qui l'entoure. Le harcèlement, les moqueries, les codes esthétiques, les premières amours : tout ce qui peut faire sombrer une personne déjà fragile.
Nous suivons chapitre après chapitre le désespoir, la dépression de Camille, son cheminement, son choix. Les parents de Camille très présent, qui ne comprennent pas où ils ont raté, qu'est ce qu'ils n'ont pas vu ou fait...
C'est une histoire poignante, pleine d'émotions, une pépite pour moi, un vrai coup de cœur.
Une histoire bouleversante sur l'euthanasie, grand sujet d'actualité, à travers lequel l'auteure aborde plusieurs tels que les liens familiaux et amicaux, le "mal-être" personnel par le biais de Camille, dévoré par des années de souffrance.
Toutefois, j'ai trouvé que l'histoire tournait en rond et qu'elle manquait de profondeur. Un peu trop vite expédié à mon goût.
Bien que restant un peu sur ma faim, ce roman m'aura happée d'un bout à l'autre. Le sujet, très délicat, plutôt tabou, est raconté avec beaucoup de finesse, de justesse, de sensibilité... Sans parler de s'identifier à Camille, cela permet d'avoir un autre regard sur la dépression, incurable, poussant à aller jusqu'à l’euthanasie. Je le referme avec tristesse, mais aussi envie de célébrer la vie !
Pourquoi est-ce une claque monumentale, me demandez-vous ? Parce que l’auteure nous offre une histoire passionnante abordant des thématiques fortes. Comme certains le savent, le sujet de la fin de vie, que ce soit par le biais du deuil, des soins palliatifs ou encore du suicide assisté est le sujet central de mon roman « Les vents de l’existence ». Si j’écris sur ces sujets, c’est parce que j’ai toujours trouvé qu’ils n’étaient pas assez abordés ou sur des angles différents au sein de la littérature.
LES SUJETS ABORDES, L'INTRIGUE, LES EMOTIONS, LES PERSONNAGES... (difficile de suivre mon plan habituel tant ce livre chamboule tout !)
Et là, paf ! Sophie Jomain nous livre un récit sans tabou et qui crève les clichés, avec des personnages qui osent enfin parler de mort par assistance et de leur souffrance immuable, insupportable. J’ai trouvé le livre qu’il manquait à ma bibliothèque, le livre avec je me sens totalement en accord et qui retranscris mes ressentis à la perfection. En clair, avec ce livre, j’ai enfin eu l’impression d’être comprise et entendue dans ce que je pense de ces sujets.
Ce livre parle aussi de la dépression, maladie mentale à laquelle je suis sensibilisée à la fois personnellement et professionnellement, comme jamais je ne l’ai lu ni vu. Les mots de l’auteure sont d’une telle authenticité et d’une telle justesse. Enfin quelqu'un parvient à décrire la dépression telle qu’elle est, notamment dans sa cyclothymie et son caractère chronique.
De nombreux préjugés sont aussi abordés, comme le fait que cela pourrait n’être qu’une question de motivation ou de volonté, que cela se soigne, que c’est dans la tête. Le regard des autres et les croyances sur cette maladie sont aussi brillamment mis en scène. Les parents de Camille m’ont exaspérée au plus haut point de ne pas comprendre la souffrance et les douleurs de leur fille, mais leurs pensées et comportements sont représentatifs de ce que l’on peut vivre au quotidien.
Elle décrit très bien les différentes pathologies et les ressentis de Camille qui y sont liés. À travers l’explication de son parcours de vie dans le premier temps du livre, on comprend que mourir est sa seule issue et on le lui souhaite tant sa souffrance est grande. On compatit, on entre directement en empathie avec ce personnage pourtant rempli d’humanité.
J’ai beaucoup apprécié le fait que l’on ne tombe pas dans le pathos et dans l’espoir d’une vie meilleure ou d’une guérison. Ici, le désir de mourir est accepté tel qu’il est. Pas de leçon de morale à l’horizon, pas de jugement sur les actes et les pensées de Camille.
Par ailleurs, il n’est pas seulement question de dépression et de désir de mourir, mais toute une intrigue se forme autour du protagoniste intriguant et bien construit de Camille et de ses ressentis. Le lecteur est amené à se poser la question de l’aboutissement ou non de sa démarche jusqu’à la fin. Et quelle fin ! Mais chut, je ne vous en dit pas plus…
LA PLUME DE L'AUTEURE
La plume de l’auteure, que je ne connaissais pas, mais dont il me tarde de découvrir les autres écrits, est sublime. Avec des mots simples et des dialogues efficaces, elle décrit l’indicible, fait passer énormément d’émotions et plante le décor pour que l’on puisse se projeter dans le livre.
POUR CONCLURE
En résumé, ce livre va au-delà du coup de cœur 💖. Des sujets tabous, mais d’actualité, abordés de manière originale, avec subtilité et humanité, comme jamais ils n’avaient été abordés, des personnages attachants, beaucoup d’émotions, une plume magnifique et une intrigue qui se déguste comme du bon vin, quoi de mieux pour passer un excellent moment de lecture ? S’il ne fallait apporter qu’un livre en cas de naufrage sur une île déserte, ce serait celui-ci !
Résumé
"On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression.
Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée."
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