Quand le dormeur s'éveillera

Isbister, jeune peintre en villégiature à Boscastle, part à pied faire le tour de la baie de Pentargen, quand, au détour d’un chemin, il rencontre un certain Graham qui lui raconte que depuis six jours et six nuits, il n’arrive plus du tout à dormir. Il en devient dépressif et pas très loin du suicide. Il ne veut pas prendre de somnifères. Il a beau s’épuiser à faire du sport, cela n’arrange rien. Il trouve même que l’exercice physique ne fait qu’aggraver les choses en ajoutant de la fatigue physique à la détresse morale. Il lui avoue également vivre en solitaire, sans femme ni enfants. Il s’en faut de peu qu’il ne se décide à sauter de la falaise pour en finir. Peu de temps après, il tombe dans une sorte de catalepsie et n’arrive plus à se réveiller cette fois. Il ne reprendra vraiment conscience que presque trois siècles plus tard dans un monde tout à fait différent, particulièrement étrange, en pleine révolution. La violence, la guerre et l’agitation règnent partout. Un des puissants, Ostrog, lui annonce qu’il est une sorte d’élu, que le peuple le révère et n’attend qu’un mot de lui. Il serait le « Maître » et possèderait une considérable fortune…

« Quand le dormeur s’éveillera » est un roman de science-fiction un brin fantastique datant de 1898, bien écrit et encore intéressant à lire même à notre époque. L’intrigue basée sur une plongée dans un monde troublé et quasi absurde après une interminable durée de sommeil est assez étonnante. La chute est surprenante quoique logique au bout du compte. Le lecteur sera surtout intéressé par les intuitions de Wells sur l’avenir de nos sociétés. Il a la prémonition de la montée des totalitarismes (nazisme, fascisme, communisme), de l’affaiblissement des religions et de la spiritualité au profit de l’individualisme, de l’hédonisme et du culte de l’argent-roi. Il sourira sans doute de l’émerveillement de Wells face aux premières machines volantes et s’étonnera sans doute de découvrir que celui-ci ne voyait d’autre avenir pour l’humanité que dans un gouvernement unique au niveau mondial. À noter de nombreuses réflexions sur la sottise des masses, leur incapacité à s’organiser vraiment, leur propension à se laisser mener, berner, manipuler par des leaders pas forcément recommandables. Mérite le détour bien que ce ne soit pas et de loin le meilleur opus de Wells.

Contrairement à d'autres commentaires, le mien ne sera pas très élogieux.

On se perd souvent dans des descriptions architecturales longues et ennuyeuses qui reflètent un nouveau monde à l'architecture "brutaliste" et inhumaine.

Le fonctionnement décrit de la société n'est qu'un pas de plus vers une "industrialisation" à outrance où les castes privilégiés en tirent parti pour exploiter un peu plus les prolétaires. On a quelques clins d'oeil à un potentiel futur eugéniste également.

Seul le tout début du livre, ainsi que le réveil du dormeur ont réussi à me mettre en haleine, ce qui n'a pas duré.

Je n'ai vraiment pas eu d'illumination en lisant cet ouvrage, je m'attendais un peu à ce genre de vision venant d'un auteur "initié" provenant déjà d'une caste privilégiée.

Si vous ne l'avez pas lu, vous ne ratez pas grand chose.

Paru en 1899, un an après "La guerre des mondes", "Quand le dormeur s'éveillera", un peu dédaigné par les "discoureurs" de SF, injustement négligé et assez difficile à se procurer, est pourtant un ouvrage important de l'œuvre d'Herbert Georges Wells.

Il annonce le tournant pris vers l'utopie sociale mais il est, bel et bien, un véritable livre de science-fiction.

Isbister, un jeune peintre, rencontre, près du village de Bostcastle, un étrange inconnu nommé Graham. Ce dernier souffre d'insomnie.

Il a voulu tuer le sommeil à coup d'alcaloïdes, de café noir et de cocaïne.

Après avoir sombré dans le désespoir et pensé à en finir avec la vie, Graham tombe finalement en catalepsie durant 203 ans.

Il va se réveiller dans un décor futuriste. le système métrique a disparu.

Et la la livre sterling a laissé place aux lions.

"Le dormeur" à son réveil est propriétaire de la moitié du monde.

Le Conseil, qui gère ses richesses, a instauré en son nom une puissante dictature.

Mais, en son nom, est aussi prêchée la révolution du peuple.

Ostrog en est le prophète qui déclenche une révolte populaire.

Un homme du XIXème siècle se trouve, alors, à la tête de ce monde complexe du futur. Il y est plus mal en point qu'un paysan du moyen-âge tombé par hasard dans la Londres du XIXème siècle....

"Quand le dormeur s'éveillera" est un véritable ouvrage de science-fiction.

Son anticipation est solidement charpentée par une leçon d'Histoire qu'un vieil homme donne à Graham. Comme toujours, Wells y fait preuve de clairvoyance.

Il y voit par exemple qu'en ces temps futurs, la cité a absorbé l'humanité.

Les descriptions des décors, des objets et des vêtements sont minutieuses et inventives.

La peinture de ce monde futuriste est réussie. H.G. Wells se fend même de quelques clins d'oeil dont un pour William Morris et ses "Nouvelles de nulle part" et l'autre pour William Henry Hudson et son "âge de cristal".

Mais, il est vrai que "Quand le dormeur s'éveillera" tend vers l'utopie sociale.

La réflexion de ce pan du livre est pessimiste.

Les temps nouveaux n'ont pas fait disparaître cette espérance, toujours trompée, d'un avenir meilleur et plus juste.

Le pouvoir, dans ce futur imaginé et deviné, est définitivement accaparé par les forces de l'argent au détriment du politique qui s'en trouve dépossédé.

Ce livre est bon ouvrage de SF, une réflexion puissante sur l'avenir, sur l'homme et sur l'organisation de la société.

C'est, incontestablement, un des titres majeurs de l'oeuvre d'Herbert Georges Wells.