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Écrire c'est comme embrasser sans les lèvres. Écrire, c'est s'embrasser avec l'esprit.
Afficher en entierOn ne peut pas reproduire le bon vieux temps. Comme son nom l'indique, ce temps est vieux. Le nouveau temps ne peut jamais être comme le bon vieux temps. S'il essaie, il semble aussi défraîchi et usé que celui qu'il souhaite voir revenir. Il ne faut pas regretter le bon vieux temps sous peine de devenir soi-même vieux et amer.
Afficher en entierElle s’appelait Marlene. Il y a trois mois, j’aurais écrit : elle s’appelle Marlene. A présent, elle s’appelait. Après cinq années de présent sans futur, j’ai enfin trouvé l’imparfait.
Afficher en entierLa proximité ne s’obtient pas en abolissant la distance mais en la surmontant.
Afficher en entierIl ne faut pas penser à la "perte". Y penser, c'est déjà perdre.
Afficher en entierElle me bouleverse, elle m'énerve, j'ai parfois envie de l'envoyer au diable, mais je retourne la chercher tout aussi volontiers. J'ai besoin d'elle sur terre. Elle sait écouter. Elle est intelligente. Elle est spirituelle. Et, le plus important : elle est là pour moi.
Afficher en entierChère Emmi, je propose que nous nous rencontrions en personne, sans le savoir, c'est-à-dire en restant perdus au milieu d'une foule. Nous pourrions choisir le grand café Huber, dans la rue Egel. Je suis sûr que vous le connaissez. C'est un lieu très fréquenté à la clientèle composite. Nous déterminons un laps de temps de deux heures, un dimanche après-midi par exemple, pendant lequel nous serons tous les deux présents. Au milieu du perpétuel va-et-vient et de la masse des gens, cela ne se verra pas que nous cherchons à nous découvrir.
En ce qui concerne votre probable déception si je ne vous plais pas visuellement, je pense qu'il ne faudra pas révéler le secret de notre apparence, même après la rencontre. Ce qui est intéressant, à mon avis, est de savoir si nous pensons arriver à reconnaître l'autre, et comment ; ce n'est pas ce à quoi nous ressemblons vraiment. Je le redis : je ne veux pas savoir à quoi vous ressemblez. Je ne veux que vous reconnaître. Et je vais y arriver. D'ailleurs, je ne crois plus à la description que j'ai faite de vous il y a quelque tamps. Pour moi, vous êtes devenue 'en dépit du mari et des enfants) un peu plus jeune, madame Emmi Rothner.
Autre chose : je me réjouis de voir que vous citez toujours de vieux mails de moi. Cela veut dire que vous les avez conservés. C'est flatteur.
Que pensez-vous de mon idée de rencontre ? Je vous embrasse, Léo.
40 mn plus tard
RE :
Cher Léo, il y a quand même un problème : si vous me reconnaissez, vous saurez à quoi je ressemble. Si je vous reconnais, je saurai à quoi vous ressemblez. Mais vous ne voulez pas savoir à quoi je ressemble. Et j'ai peur que vous ne me plaisiez pas. Est-ce la fin de notre passionnante histoire ? Ou autrement dit : n'avons nous soudain si envie de nous voir que pour n'avoir plus à nous écrire ? Si c'est cela, le prix de la curiosité serait trop élevé pour moi. Je préfère rester anonyme et recevoir jusqu'à la fin de mes jours des mails de l'ours du grésil. Bisous, Emmi.
35 mn plus tard
REP :
J'aime votre façon de dire les choses ! je ne me fais pas de soucis à propos de notre rencontre. Vous ne me reconnaîtrez pas. Et j'ai une image tellement nette de vous que je ne pourrai vérifier que celle-là. Si (à ma grande surprise) mon image de vous était erronée, je ne vous identifierais pas. Comme cela, je pourrais garder intacte mon Emmi imaginaire. Bisous aussi, Léo.
Afficher en entier« Idylle familiale » est un oxymore, une association de mots qui se contredisent : on a soit la famille, soit l'idylle.
Afficher en entierLa « vie de famille » en soi ne repose pas sur la perfection mais sur l'endurance, la patience, l'indulgence et les bras démis des enfants.
Afficher en entierJe ne suis plus là pour elle. C'est si douloureux de se séparer. [...] C'est différent de ce à quoi je m'attendais. Quelque chose est mort en moi, dont j'ignorais l'existence.
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