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Daniel le regardait. Ce même espoir et cette même prudence dans les yeux qui rappelaient à Bel leurs premiers jours ensemble.
"Je ne vais pas - tu m'entends ? Je ne vais pas partir."
Daniel ne répondit pas.
"Dis-moi que tu as entendu".
Daniel resta silencieux un long moment. "Tu le feras peut-être, cependant".
"Je ne partirai pas".
"Si tu t'en vas, ça ne fera pas de toi quelqu'un de mauvais. Je me quitterais si je le pouvais. Je sortirais de ce corps. Merde". Daniel sourit presque. "J'ai essayé. Tellement de fois. Mais je suis toujours là".
Bel essaya de prendre un inspiration stable. "Bien. Parce que je suis ici aussi."
(Trad. perso)
Afficher en entierMais ce qu’il appréciait autant que la gentillesse de Bel, c’était qu’il n’hésitait pas à faire ce qui devait être fait. Il avait besoin de quelqu’un comme lui, quelqu’un qui pourrait voir à quel point le sommeil le blessait, qui pourrait l’entendre crier, voir les bleus sur ses poignets et qui malgré tout, l’attacherait. Bel garda ses yeux sur lui en fermant le cadenas, tout en lui murmurant :
— Désolé.
— Ne le sois pas.
— Mais je le suis.
Afficher en entierBel lui emboîta le pas. Whitlock était installé sur un lit dans une chambre, un masque couvrant sa bouche et son nez.
— Comment tu te sens, mon garçon ? demanda oncle Joe.
Il commençait toujours comme ça, avec tout le monde. Bon sang, Bel l’avait déjà entendu appeler « mon garçon » des gens à peine plus jeunes que lui. Pour les plus vieux, il employait « monsieur », mais comme il le disait si bien, c’était une liste qui se raccourcissait d’année en année.
— Ça va, Shérif, répondit Whitlock, sa respiration créant de la buée sur le masque.
— Tu veux me dire ce qui s’est passé ?
Whitlock tritura les draps du lit entre ses doigts.
— Je ne sais pas, monsieur. J’étais en train de dormir…
Oncle Joe releva un sourcil. Whitlock rougit.
— Quand je me suis réveillé, il y avait déjà le feu.
— C’est faux, rétorqua Bel. Qui t’a enchaîné, Whitlock ?
Lui retirer les menottes avait nécessité l’intervention des pompiers. Elles étaient épaisses, en cuir. Il n’en avait jamais vu de telles, auparavant. Impossible d’oublier la personne qui vous les avait passées.
Whitlock baissa les yeux.
— C’est moi.
— Pardon ?
Whitlock pinça les lèvres.
— J’ai dit : « c’est moi », répéta-t-il. C’est moi qui me les suis mises.
Bel échangea un regard avec son oncle.
Timbré…
Mais ça pourrait également être un mensonge, comme quand il avait certifié ne pas avoir vu qui l’avait tabassé…
Afficher en entier« Daniel avait besoin d’un coup de pouce pour accepter la liberté, pour réclamer son droit de vivre dans ce monde. Il était un mélange spécial entre extrême indépendance, force, colère et solitude. Et surtout, il avait besoin d’aide – de compagnie –, plus que tous ceux que Bel avait jamais rencontrés. »
Afficher en entier« Qu’est-ce que sa grand-mère disait toujours ? Œil pour œil, dent pour dent et bientôt, chaque individu serait aveugle et incapable de manger.
Vous n’étiez pas censé sortir et vous venger, après avoir subi une injustice. Non, vous deviez faire confiance à la loi pour s’en charger. Seulement, difficile de savoir quoi faire, quand la loi vous avait laissé tomber… »
Afficher en entier— Tu crois que tu as vaincu le démon, murmura-t-il enfin, et en fait, il s’est métamorphosé en une muraille qui encercle ton existence.
Bel ne répondit rien, mais continua à le toucher.
Daniel déglutit.
— Parfois, je ne regrette pas de l’avoir fait. De l’avoir tué. Je crois que si j’avais eu plus de couilles, je l’aurais fait en étant réveillé.
Il marqua une pause puis reprit :
— Mais je paie le prix de penser ça. Je paie, parce qu’il n’est pas mort.
— Si, il l’est, rétorqua fermement Bel.
— Alors, pourquoi est-ce qu’il est toujours ici ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas avoir une seconde de répit ?
Afficher en entier— Bonne nuit, Whitlock.
Daniel déglutit.
— Bonne nuit, Bel.
— Je reste sur la chaise, d’accord ? Je garde un œil sur toi.
Cette remarque le fit sourire.
— C’est assez flippant.
— Tu veux pas que quelqu’un te regarde dormir ? questionna Bel en riant.
— Toute la ville m’a déjà vu dormir.
Afficher en entierChapitre 1
— Hé, le gamin de chez Harnee’s ! lança Daniel Whitlock, un sourire illuminant son visage.
Bel résista à l’envie d’y enfoncer son poing.
— C’est officier Belman pour toi, Whitlock.
Il décrocha la lampe torche de sa ceinture et pointa le faisceau dans les yeux de Whitlock. Les pupilles du mec avaient presque complètement englouti ses iris noisette.
— Qu’est-ce que tu as pris ?
Whitlock se détourna de lui et enfouit les mains dans ses poches, resserrant son jean autour de ses fesses.
— Je rentre chez moi. Tu veux venir ?
Ils se trouvaient sur le parking de Greenducks, un bar délabré coincé entre un ancien salon de beauté et une agence de prêts. Pour s’y rendre, il fallait descendre un escalier en bois à moitié pourri pour arriver dans un sous-sol rempli de suceurs de queues. Et rien à voir avec la clientèle des bars gay qu’on peut voir dans les films. Non, ici, pas de corps bronzés et bien taillés, pas non plus d’ailes d’anges ou de shorts en cuir. Ces mecs-là puaient, fumaient et auraient tout fait pour de la drogue. Bel se rendait à Greenducks uniquement lorsqu’il était assez désespéré pour fermer les yeux sur les transactions qui s’y déroulaient.
— Je vais nulle part avec toi, répondit-il.
Enfoiré. Saloperie de drogué.
Menteur.
Assassin.
Tout le monde à Logan, Caroline du Sud, savait qui était Daniel Whitlock ; ce qu’il était. Mais ce qui mettait Bel doublement mal à l’aise, en ce moment même, c’était que contrairement à presque tous les habitants de cette ville, il avait remarqué ce type bien avant qu’il ne soit affiché dans les journaux.
Avant d’obtenir son badge, Bel travaillait deux nuits par semaine à Harnee’s, une petite supérette. Whitlock avait l’habitude d’y venir chaque jeudi, entre une heure et deux heures du matin, pour acheter un Twix et une bouteille de Mountain Dew. Il passait toujours à sa caisse.
Une fois, Bel avait levé le menton en direction de la boisson et lui avait fait remarquer : « Ce truc va te tenir éveillé toute la nuit ». Whitlock ne lui avait pas répondu et en dehors des : « bonne soirée », c’était la première et la dernière fois que Bel lui avait adressé la parole. Mais ses yeux s’étaient déjà attardés sur la forme de son torse sous ses T-shirts ; fort, bien dessiné. Quand il faisait froid, Whitlock portait des chemises à carreaux en flanelle, comme tous les gars de Logan, mais l’été, ses T-shirts étaient un peu trop moulants. Ses cheveux bruns, de la même couleur que ses chaussures délavées, étaient coupés court. Les traits de son visage étaient magnifiquement définis, presque trop nets…
Afficher en entierPeople ended up together for a lot of reasons, and very rarely was one of those reasons the kind of kissing-on-a-mountaintop-at-sunset bullshit you saw in movies. Mostly people were just too chickenshit to walk through the world alone.
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