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Terra Wilder était plutôt nerveux tandis qu’il marchait prudemment en direction du bâtiment de l’école secondaire de Little Rock en s’appuyant sur sa canne. Il n’avait jamais enseigné de toute sa vie, mais il savait que c’était une étape nécessaire à sa réhabilitation. Cinq ans plus tôt, il avait été victime d’un terrible accident d’automobile dans lequel son épouse avait perdu la vie. Même si les chirurgiens avaient réussi à lui reconstruire des jambes artificielles, ils n’avaient rien pu faire pour son cœur, qui pleurait toujours la mort tragique de sa femme. C’était Michael Reiner, son psychiatre et ami, qui avait finalement persuadé Terra qu’un changement de climat et de profession l’aiderait à oublier le passé et à recouvrer son équilibre émotif.

Docile, Terra avait donc accepté de quitter le Texas et de s’installer en Colombie-Britannique afin d’y enseigner la philosophie. Terra marchait lentement sur le trottoir de ciment usé en faisant bien attention de ne pas fatiguer ses jambes. Il s’intéressait aux alentours. Il avait vécu dans plusieurs pays depuis sa naissance, quarante-sept ans plus tôt, mais aucun d’entre eux ne l’avait préparé à la beauté sauvage de cette région du Canada.

Il y avait partout des arbres immenses.

Little Rock était une belle petite ville. Jadis, elle avait connu une économie florissante, mais la fermeture de la plupart des usines avait contraint un certain nombre de ses habitants à travailler à la scierie locale. Les autres étaient sans emploi. Malgré leurs maigres revenus, ces braves gens rêvaient d’un avenir meilleur pour leurs enfants et les obligeaient à aller en classe. En se dirigeant vers le bâtiment de briques rouges, Terra Wilder prit la décision d’enterrer son passé une fois pour toutes et de devenir un nouvel homme. Il éviterait de révéler sa véritable identité aux professeurs et aux élèves qu’il allait bientôt rencontrer. Sa survie en dépendait. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que les arbres se penchaient sur son passage pour le toucher. Il grimpa avec prudence les quelques marches qui menaient au porche et pénétra dans l’école.

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— Avant l’accident, je concevais des systèmes de propulsion avant-gardistes pour les engins spatiaux de la NASA. — De la NASA ? Tu es un savant ? — Parfois…, murmura Terra en baissant les yeux. — Mais tu devrais enseigner la physique, pas la philosophie 

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— Il essaie seulement de se trouver un modèle masculin, monsieur Wilder, affirma Marco pour excuser la conduite de Frank. Son père a abandonné sa mère avant sa naissance et elle ne s’est jamais remariée. Frank est un bon gars. Il finira par comprendre qui vous êtes, mais il faut lui donner du temps

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Mais Frank était un garçon têtu. Il accepta de ne plus reparler de Jésus pendant le cours, mais il refusa d’admettre que le Hollandais n’était pas sa seconde incarnation. Terra leur donna donc une autre leçon sur l’étiquetage en faisant de gros efforts pour ne pas citer Frank en exemple. Mais ses problèmes ne s’arrêtèrent pas là. La rumeur fit rapidement le tour de l’école. Dès qu’il mit les pieds à la salle des professeurs, ses collègues s’arrêtèrent de parler et posèrent sur lui des regards interrogateurs

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— Admettons que tu as raison, intervint Chance en s’attirant les regards désapprobateurs des autres, tant qu’il ne nous avouera pas lui-même qu’il est la réincarnation de Jésus, nous n’avons pas le droit de répandre cette rumeur. Est-ce que tu me comprends bien ? Frank hocha la tête, mais son silence opiniâtre fit penser à Chance qu’il allait le crier sur les toits dès qu’ils le laisseraient sans surveillance

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Tandis qu’ils s’apprêtaient à rentrer chez eux, Fred, Frank, Marco, Katy, Chance, Karen et Julie, les sept terreurs de l’école secondaire de Little Rock, virent Terra s’enfoncer dans la forêt. Ils échangèrent un regard inquiet.

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— Il faut rester neutre devant des émotions comme l’amour et la haine ? s’étonna Fred, le jeune Amérindien. — C’est exact. Devant le plaisir et la douleur aussi. Vos sens transmettent sans cesse de l’information à votre cerveau, qui l’analyse instantanément et la compare à celle qui se trouve déjà dans votre mémoire. Il remet ensuite un rapport à votre esprit conscient

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Lorsque la cloche retentit, les élèves quittèrent Terra à regret. Le professeur erra dans les couloirs déserts. Les étudiants étaient maintenant assis devant d’autres maîtres. Terra trouva finalement la salle des professeurs. On avait placé sur le dossier de sa chaise un carton lui souhaitant la bienvenue, mais il n’y avait personne. Il s’assit à son pupitre, appuya sa canne contre le mur et fouilla les tiroirs : tous vides. En fait, il n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait bien y mettre. Un homme entra dans la pièce. — Monsieur Wilder, je vous cherchais, commença-t-il. Je suis James Miller, le directeur

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2

Le lendemain matin, après une autre nuit sans rêve, Terra Wilder reprit courage. Il fit sa toilette, avala un café et un calmant et grimpa dans l’autobus, remettant son suicide à plus tard. Après tout le mal que Michael Reiner s’était donné pour lui trouver un emploi à l’autre bout du monde, il lui devait au moins de faire un effort. Lorsqu’il arriva en classe, il trouva ses élèves tous sagement assis à leur place. Il les salua et eut droit à une vingtaine de sourires sincères.

— Aujourd’hui, nous parlerons d’acceptation, annonça-t-il en scrutant leurs visages. Ce qui nous ramène une fois de plus à la théorie de l’étiquetage. Pour accepter notre univers tel qu’il est, il faut d’abord identifier ce que nous percevons avec nos sens, avec notre intellect et nos émotions, et ensuite adopter une attitude de neutralité.

— Il faut rester neutre devant des émotions comme l’amour et la haine ? s’étonna Fred, le jeune Amérindien.

— C’est exact. Devant le plaisir et la douleur aussi. Vos sens transmettent sans cesse de l’information à votre cerveau, qui l’analyse instantanément et la compare à celle qui se trouve déjà dans votre mémoire. Il remet ensuite un rapport à votre esprit conscient.

— Notre esprit nous dit alors comment réagir, en se basant sur ce que nous avons déjà vécu dans le passé, comprit Karen.

— En ce moment même, vous êtes en train de m’analyser et de vous faire une image mentale de moi en me comparant à l’information et aux émotions emmagasinées dans votre mémoire au sujet des étrangers avec un accent différent et des profs de philosophie que vous avez connus.

— Mon image, c’est celle d’un homme drôlement plus intelligent que moi, peu importe l’accent, répliqua Frank.

— C’est une étiquette.

— Mais comment pourrais-je ne pas vous en coller une ?

— En me voyant tout simplement comme un être humain semblable à des millions d’autres.

Les adolescents lui parlèrent alors de leur professeur de philosophie précédent. Comme il avait entendu dire que ces étudiants étaient difficiles et agressifs, monsieur Harrison était arrivé en classe avec une panoplie d’étiquettes. Il s’était barricadé derrière son statut de professeur pour se protéger. Les choses s’étaient passées différemment à l’arrivée de Terra, parce qu’on ne lui avait rien dit.

— Mais si je me mets à accepter tout le monde, je risque de me faire casser la gueule si je tombe sur un gars plus gros que moi qui ne pratique pas le non-étiquetage et qui a décidé qu’il n’aimait pas les types aux cheveux longs, protesta Frank.

— Tu peux lui expliquer cette théorie dans tes propres mots, suggéra Terra.

— Avant ou après qu’il m’aura sauté au visage ?

Les élèves éclatèrent de rire, mais Terra vit que Frank posait cette question très sérieusement.

— Je préférerais que ce soit avant, répondit-il, amusé. Les gens n’accepteront pas tous cette théorie d’emblée. Ils mettront du temps avant de communiquer sans utiliser d’étiquettes. Mais nous devons commencer quelque part.

— Comment une poignée d’étudiants du secondaire pourraient-ils changer le monde ? lança Katy, une petite brunette aux yeux pétillants.

— Par contagion, affirma Terra. Lorsqu’une personne adopte une philosophie, d’autres en entendent parler et ils en font part à d’autres jusqu’à ce que cette philosophie devienne la façon de penser de la majorité. Certains hommes politiques ont compris la force de ce système et l’ont utilisé dans le passé, certains à bon escient, d’autres non.

Il leur donna l’exemple d’Hitler.

— C’est ici qu’un autre grand principe entre en jeu, ajouta Terra. Pour que la philosophie du non-étiquetage puisse prendre racine, nous devons d’abord et avant tout reconquérir notre innocence d’enfant.

— C’est vrai que nous ne portions pas de jugements quand nous étions petits, se rappela Julie.

« Ils ont compris la leçon », sentit Terra.

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1

Terra Wilder était plutôt nerveux tandis qu’il marchait prudemment en direction du bâtiment de l’école secondaire de Little Rock en s’appuyant sur sa canne. Il n’avait jamais enseigné de toute sa vie, mais il savait que c’était une étape nécessaire à sa réhabilitation. Cinq ans plus tôt, il avait été victime d’un terrible accident d’automobile dans lequel son épouse avait perdu la vie. Même si les chirurgiens avaient réussi à lui reconstruire des jambes artificielles, ils n’avaient rien pu faire pour son cœur, qui pleurait toujours la mort tragique de sa femme. C’était Michael Reiner, son psychiatre et bon ami, qui avait finalement persuadé Terra qu’un changement de climat et de profession l’aideraient à oublier le passé et à recouvrer son équilibre émotif. Docile, Terra avait donc accepté de quitter le Texas et de s’installer en Colombie-Britannique afin d’y enseigner la philosophie.

… Terra marchait lentement sur le trottoir de ciment usé en faisant bien attention de ne pas fatiguer ses jambes. Il s’intéressait aux alentours. Il avait vécu dans plusieurs pays depuis sa naissance, quarante-sept ans plus tôt, mais aucun d’entre eux ne l’avait préparé à la beauté sauvage de cette région du Canada. Il y avait partout des arbres immenses.

… Little Rock était une belle petite ville. Jadis, elle avait connu une économie florissante, mais la fermeture de la plupart des usines avait contraint un certain nombre de ses habitants à travailler à la scierie locale. Les autres étaient sans emploi. Malgré leurs maigres revenus, ces braves gens rêvaient d’un avenir meilleur pour leurs enfants et les obligeaient à aller en classe.

En se dirigeant vers le bâtiment de briques rouges, Terra Wilder prit la décision d’enterrer son passé une fois pour toutes et de devenir un nouvel homme. Il éviterait de révéler sa véritable identité aux professeurs et aux élèves qu’il allait bientôt rencontrer. Sa survie en dépendait. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que les arbres se penchaient sur son passage pour le toucher. Il grimpa avec prudence les quelques marches qui menaient au porche et pénétra dans l’école.

Terra s’arrêta devant la porte de sa classe et prit une profonde inspiration. À l’intérieur, les adolescents riaient bruyamment. Le nouvel enseignant sentit son courage s’envoler. On ne lui avait rien dit sur ses élèves, lorsqu’il avait accepté le poste. Il savait seulement qu’ils avaient entre seize et dix-huit ans.

Il entra et se rendit jusqu’au gros pupitre. Au lieu de s’installer sur la chaise, il préféra s’asseoir sur le meuble et observa la vingtaine d’élèves qu’on lui avait confiés. Les adolescents continuèrent de chahuter pendant un moment avant de s’apercevoir qu’il était là. Le silence se fit peu à peu tandis qu’ils examinaient cet homme aux tempes grisonnantes vêtu d’un complet très chic. Terra en profita pour se présenter.

— Je suis votre nouveau professeur de philosophie, déclara-t-il, avec un accent Britannique agrémenté de Hollandais.

— Où est monsieur Harrison ? demanda un des garçons.

— Il a remis sa démission la semaine dernière.

— Si vous êtes prof, pourquoi avez-vous les mains vides ? voulut savoir une élève. Vous n’avez pas de plan de cours ou de feuilles à nous remettre ?

— Soyez indulgent, les pria Terra avec un sourire. Nous n’en sommes qu’à la première journée.

— Vous n’allez pas nous imposer de devoirs aujourd’hui ? s’étonna une jeune fille, qui semblait plus réservée que les autres.

— Non.

— Est-ce que vous avez au moins l’intention de nous enseigner quelque chose ? s’énerva un garçon qui ressemblait aux Amérindiens qu’il avait rencontrés dans la rue un peu plus tôt.

— Pas aujourd’hui. Je vais plutôt essayer de répondre à vos questions, sauf si elles sont trop personnelles.

Des sourires de prédateurs apparurent sur leurs jeunes visages et Terra se demanda s’il ne venait pas de se jeter lui-même dans la gueule du loup.

— Quel est votre nom ?

— Je m’appelle Terra Wilder.

— Terry ?

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