Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
714 640
Membres
1 013 214

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Régimes d'historicité : présentisme et expériences du temps



Description ajoutée par x-Key 2015-02-04T10:26:07+01:00

Résumé

Loin d’être uniforme et univoque, le présentisme se vit très différemment selon la place qu’on occupe dans la société. Avec d’un côté un temps des flux, de l’accélération et une mobilité valorisée et valorisante, de l’autre un présent en pleine décélération, sans passé et sans vraiment de futur non plus.

Le présentisme peut ainsi être un horizon ouvert, ou refermé sur une survie au jour le jour et un présent stagnant. À quoi il faut encore ajouter une autre dimension de notre présent : celle du futur perçu, non plus comme promesse, mais comme menace. Celle d’un temps des catastrophes dont nous sommes nous-mêmes les instigateurs.

Afficher en entier

Classement en biblio - 2 lecteurs

extrait

Où situer la notion de régime d’historicité dans cette galerie de grandes références parcourue au pas de course ? Sa prétention est infiniment plus modeste et sa portée, si elle en a une, bien plus limitée ! Simple outil, le régime d’historicité ne prétend pas dire l’histoire du monde passé, et moins encore de celui à venir. Ni chronosophie ni discours sur l’histoire, il ne sert pas non plus à dénoncer le temps présent, ou à le déplorer, mais au mieux à l’éclairer. L’historien a maintenant appris à ne revendiquer aucun point de vue surplombant. Ce qui ne l’oblige nullement à vivre la tête dans le sable, ou dans les seules archives et calfeutré dans sa période. Il ne cherche pas davantage à réactiver une histoire mue par un temps unique, réglé lui-même par le seul staccato de l’événement ou, au contraire, par les lenteurs de la longue ou très longue durée. Il n’est pas question de se priver de toutes les ressources d’intelligibilité apportées par la reconnaissance de la pluralité du temps social. De tous ces temps feuilletés, imbriqués, décalés, chacun avec son rythme propre, dont Fernand Braudel, suivi par beaucoup d’autres, a été le découvreur passionné. Ils ont considérablement enrichi, en l’affinant et le complexifiant, le questionnaire des sciences sociales. Formulée à partir de notre contemporain, l’hypothèse du régime d’historicité devrait permettre le déploiement d’un questionnement historien sur nos rapports au temps. Historien, en ce sens qu’il joue sur plusieurs temps, en instaurant un va-et-vient entre le présent et le passé ou, mieux, des passés, éventuellement très éloignés, tant dans le temps que dans l’espace. Ce mouvement est sa seule spécificité. Partant de diverses expériences du temps, le régime d’historicité se voudrait un outil heuristique, aidant à mieux appréhender, non le temps, tous les temps ou le tout du temps, mais principalement des moments de crise du temps, ici et là, quand viennent, justement, à perdre de leur évidence les articulations du passé, du présent et du futur. N’est-ce pas d’abord cela une “crise” du temps ? Ce serait ainsi une façon d’éclairer, presque de l’intérieur, les interrogations d’aujourd’hui sur le temps, marqué par l’équivocité des catégories : a-t-on affaire à un passé oublié ou trop rappelé, à un futur qui a presque disparu de l’horizon ou à un avenir surtout menaçant, un présent sans cesse consumé dans l’immédiateté ou quasiment statique et interminable, sinon éternel ? Ce serait aussi une façon de jeter un éclairage sur les débats multiples, ici et là, sur la mémoire et l’histoire, la mémoire contre l’histoire, sur le jamais assez ou le déjà trop de patrimoine.

Opératoire dans l’espace d’interrogation ainsi produit, la notion vaudrait par et pour ces mouvements d’aller et retour. Si du temps, chaque être a, depuis toujours, une expérience, on ne vise pas ici à la prendre en compte en son entier, en allant du plus vécu au plus élaboré, du plus intime au plus partagé, du plus organique au plus abstrait. L’attention, faut-il le répéter, se porte d’abord et surtout sur les catégories qui organisent ces expériences et permettent de les dire, plus précisément encore sur les formes ou les modes d’articulation de ces catégories ou formes universelles que sont le passé, le présent et le futur. Comment, selon les lieux, les temps et les sociétés, ces catégories, à la fois de pensée et d’action, sont-elles mises en œuvre et viennent-elles à rendre possible et perceptible le déploiement d’un ordre du temps ? De quel présent, visant quel passé et quel futur, s’agit-il ici ou là, hier ou aujourd’hui ? L’analyse se focalise donc sur un en-deçà de l’histoire (comme genre ou discipline), mais toute histoire, quel que soit pour finir son mode d’expression, présuppose, renvoie à, traduit, trahit, magnifie ou contredit une ou des expériences du temps. Avec le régime d’historicité on touche ainsi à l’une des conditions de possibilité de la production d’histoires : selon les rapports respectifs du présent, du passé et du futur, certains types d’histoire sont possibles et d’autres non.

Le temps historique, si l’on suit Reinhart Koselleck, est produit par la distance qui se crée entre le champ d’expérience, d’une part, et l’horizon d’attente, d’autre part : il est engendré par la tension entre les deux. C’est cette tension que le régime d’historicité se propose d’éclairer, c’est sur cette distance que travaillent ces pages. Plus exactement encore, sur les types de distance et les modes de tension. Pour Koselleck, la structure temporelle des temps modernes, marquée par l’ouverture du futur et par le progrès, est caractérisée par l’asymétrie entre l’expérience et l’attente. Depuis la fin du 18e siècle, cette histoire peut se schématiser comme celle d’un déséquilibre qui n’a cessé de croître entre les deux, sous l’effet de l’accélération. Si bien que la formule “Plus mince est l’expérience, plus grande devient l’attente” pourrait résumer cette évolution. En 1975 encore, Koselleck s’interrogeait sur ce que pourrait être une “fin” ou une sortie des temps modernes. Ne se signalerait-elle pas par une formule du genre : “Plus grande est l’expérience, plus prudente et ouverte l’attente” ?

Or, n’est-ce pas une configuration passablement différente qui s’est imposée depuis ? Celle, au contraire, d’une distance devenue maximale entre le champ d’expérience et l’horizon d’attente, à la limite de la rupture. De sorte que l’engendrement du temps historique semble comme suspendu. D’où peut-être cette expérience contemporaine d’un présent perpétuel, insaisissable et quasiment immobile, cherchant malgré tout à produire pour lui-même son propre temps historique. Tout se passe comme s’il n’y avait plus que du présent, sorte de vaste étendue d’eau qu’agite un incessant clapot. Convient-il alors de parler de fin ou de sortie des temps modernes, c’est-à-dire de cette structure temporelle particulière ou du régime moderne d’historicité ? nous n’en savons rien encore. De crise sûrement. C’est ce moment et cette expérience contemporaine que je désigne comme présentisme.

Extraits de : François Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Seuil, 2003, p. 26- 28.

Afficher en entier

Ajoutez votre commentaire

Ajoutez votre commentaire

Commentaires récents


Dates de sortie

Régimes d'historicité : présentisme et expériences du temps

  • France : 2003-09-12 (Français)
  • France : 2012-01-05 - Poche (Français)

Activité récente

Les chiffres

lecteurs 2
Commentaires 0
extraits 1
Evaluations 0
Note globale 0 / 10

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode