Révolution - L'idéal - Les désordres

A présent que la poussière est retombée, nous pouvons commencer à examiner notre situation. À présent que la dernière tuile rouge est posée sur le toit, et que le contrat de mariage remonte à quatre ans. La ville sent l’été ; sensation pas très agréable, pour tout dire, mais pas différente de celle de l’an dernier ou des années à venir. La nouvelle maison, elle, sent la résine et la cire ; il y flotte cette odeur sulfureuse caractéristique des querelles de famille qui couvent.

Le bureau de maître Desmoulins est de l’autre côté de la cour, dans la vieille maison qui donne sur la rue. Si on prend la peine de regarder l’étroite façade blanche depuis la place des Armes, on l’aperçoit souvent derrière les volets du premier étage. Il a l’air de contempler la rue ; mais, à en croire les observateurs, il est à

des lieues de là. Ce qui est l’exacte vérité : il est, par la pensée, de retour à Paris.

Physiquement, cependant, il gravit pour l’instant l’escalier, suivi de son bambin de trois ans. Comme il s’attend à avoir l’enfant dans les jambes pendant les vingt années à venir, il ne lui servirait de rien de se plaindre de sa présence. La chaleur de l’après-midi pèse sur les rues. Les bébés, Henriette et Élisabeth, dorment dans leur berceau. Madeleine est en train d’insulter la blanchisseuse avec une aisance et une violence qui démentent sa grossesse et son éducation bourgeoise. Il ferme la porte sur tout ce monde