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Ce qui sépare le plus deux êtres humains, ce n'est pas l'âge, la langue, la fortune ou la culture. Ce qui les sépare le plus, c'est la souffrance qu'ils n'ont pas partagée.
Afficher en entierRage de vivre. Il ne lui semblait pas que l'on pouvait accoler ces mots ensemble, parce que l'un parle de malheur et l'autre d'espoir. Pourtant, réunis, ils lui paraissaient justes. Le noir et l'or. La nuit et le feu.
Afficher en entierUne pensée étrange lui vient : ce qui sépare le plus deux êtres humains, ce n'est pas l'âge, la langue, la fortune ou la culture.
Ce qui sépare le plus, c'est la souffrance qu'ils n'ont pas partagé.
Afficher en entierPar quelle obscure ironie le destin de ce chien colle-t-il à ce point au sien ? Pourquoi faut-il qu'en parlant de lui on ne cesse de lui parler d'elle ? Car elle aussi a connu cela ; elle aussi vient d'un monde où les bourreaux et les victimes sont souvent confondus.
Afficher en entierA présent qu'elle la caresse, Rage sent sa puissance : c'est un chien de combat, sans nul doute possible. Un animal dressé et entraîné à l'attaque.
Mais bizarrement, Rage n'a pas peur. Elle ne s'est même jamais sentie aussi forte, aussi invincible. Cette bête blessée qu'elle accueille dans ses bras, c'est elle-même autrefois.
Elle lui ôte sa chaîne et la jette au loin.
Afficher en entierRage sait que, sans Artémis, sans cette rencontre improbable à l'hôpital, elle connaîtrait peut-être le sort d'autres MIE, enfants perdus laissés à eux-mêmes, obligés de vivre dans la rue ou sous des abris de fortune, à la merci d'ogres sans visage.
Car ici aussi, elle le sait à présent, certains hommes se nourrissent de chair humaine : ils repèrent leurs proies, les oubliés, les vulnérables, et convertissent leur détresse en argent, devenant chaque jour plus gras et plus riches.
Afficher en entierRage le sait, le corps est un traître. Il dit tout, même ce que l'on veut taire. Tous les corps d'ici, dans ce wagon de métro, racontent des choses à l'insu de leurs propriétaires. Rage détourne les yeux, elle ne veut pas lire en eux. Son corps à elle est clos comme un tombeau, verrouillé comme une prison. Et c'est bien ainsi.
Afficher en entierA un moment, au loin sur la route, ils avaient vu se dresser un barrage. Des hommes armés leur avaient fait signe de se ranger sur le côté. Il y avait déjà quelques voitures arrêtées, et, à l'arrière de l'une d'elles, Rage avait cru voir des corps endormis.
Elle avait croisé le regard de son père dans le rétroviseur. Elle avait compris soudain : ils étaient arrivés jusqu'à la déchirure, ils étaient passés de l'autre côté du vrai. Là, on ne dormait que dans la mort. C'était la fin du monde.
Afficher en entierUne pensée étrange lui vint:
ce qui sépare le plus deux êtres humains, ce n'est pas l'âge, la langue, la fortune ou la culture.
Ce qui les sépare le plus, c'est la souffrance qu'ils n'ont pas partagée.
Afficher en entierNos vies ne sont pas dans nos mains, songe-t-elle. Et là, tu dois penser que je raconte n'importe quoi, avec mon histoire d'être maître de son destin... Ce que je voulais dire, c'est qu'il faut faire avec ce qu'on perd... Et avec ce qui nous reste.
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