Ravenor, tome 2 : Renaissance

Wessaen replia son arme bio-implantée mutilée et sa main droite se remit en place ; il fouilla dans l’une de ses poches. Ses doigts trouvèrent le sifflet d’invocation. Son tout dernier recours. Il lui avait coûté une fortune. Plus cher que toutes ses améliorations augmentiques réunies, en vérité, et il ne s’en était encore jamais servi, mais il en connaissait l’usage. Et c’était le moment ou jamais.

Pour être honnête, il ne s’agissait pas vraiment d’un sifflet. C’était un fragment de pierre polie, évidé au moyen d’une technologie inconnue de l’Imperium, cependant, pour un humain, le seul moyen de l’activer était de souffler dedans. Ce qu’il fit.

Toute l’assistance tressaillit de douleur. Sur les tables, les verres volèrent en éclats. La lumière des énormes cuves bioluminescentes suspendues en grappes à la haute voûte du grand salon vacilla. Tous les forparsi présents dans la salle s’effondrèrent, les oreilles en sang.

À une dizaine de mètres d’Armand Wessaen, la structure de l’espace-temps se déforma, se replia et se rompit avec un petit claquement sec. La matière de l’atmosphère elle-même se mit à bouillonner et à ruisseler comme l’émulsion d’un ancien ferrotype pix exposé aux flammes. Un vortex iridescent prit naissance au centre de la tache pustuleuse de matière en liquéfaction, se déploya lentement, béant, et le chien en sortit.

D’abord, ce ne fut qu’un squelette qui apparut en cliquetant. Ensuite, à mesure qu’il avançait, des organes se matérialisèrent à l’intérieur de sa cage thoracique, un réseau de veines et d’artères se dessina dans l’air, des muscles et des tendons prirent forme tandis que sa matière se condensait et que ses os putrides et jaunâtres se recouvraient de chair. Il ressemblait à une hyène, avec de longues pattes avant et une épine dorsale descendant vers une croupe posée sur de courtes pattes arrière. Son crâne énorme était doté d’une mâchoire en tenailles hérissée de longs crocs jaunes, capables de déchiqueter à peu près n’importe quoi, y compris un homme en armure de céramite. La bête mesurait deux mètres au garrot, au niveau de la bosse. Ses yeux étaient entièrement blancs et la fourrure broussailleuse qui recouvrait son échine bossue était noire.