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Extrait

Extrait ajouté par OceaneGagno 2020-11-14T17:26:56+01:00

Petit message de Cassandra O'Donnell sur facebook:

" Voici le début du Rebecca Kean T7 qui sortira en janvier.

Je vous préviens : il est bien plus intense que le précédent parce qu'on arrive vers la fin"

Chapitre 1

Engoncée dans une petite robe noire agrémentée d’un holster d’épaules où se nichait mon tout nouveau flingue et les pieds coincés dans des talons aiguilles, j’observais Gordon qui déballait ses cadeaux. À mon grand étonnement, il ne portait pas son pantalon en velours et sa sempiternelle chemise à carreaux qui lui donnaient l’allure d’un vieux bûcheron mais une cravate et un costard italien qui mettait en valeur son torse imposant et la largeur de ses épaules. (Maintenant, il ressemblait à un porte-flingue de la mafia mais on ne peut pas tout avoir.)

— Vraiment, il ne fallait pas, déclara Gordon en fixant, les yeux exorbités, le pull caca d’oie que Madeleine lui avait tricoté pour son anniversaire et sur lequel était brodée la phrase : Je suis vieux et moche, mais j’ai de grandes dents.

Cette dernière, vêtue d’une jolie robe à fleurs et ses cheveux blancs relevés en chignon, rougit de plaisir.

— Je vous confectionnerai une écharpe pour cet hiver, ça complètera la tenue.

— Oh, c’est très gentil à vous, Madeleine, mon mari est ravi, n’est-ce pas Gordon ? intervint soudain Martha avec une expression enjouée qui contrastait étrangement avec le regard lourd de menace qu’elle lui lançait.

La soixantaine grisonnante, Martha avait tout de la parfaite grand-mère avec Son tablier, sa voix chaleureuse et son sourire bienveillant. (Cette impression perdurait tant que personne n’avait l’idée incongrue de la contrarier, auquel cas, la gentille mamie se transformait en un monstre de cauchemar féroce et poilu doté de crocs longs comme mes avant-bras, mais bon ainsi que le répète si souvent Grand-mère : « Qui n’a pas ses petits travers ? »)

Gordon gratta sa barbe grise tout en jetant un regard en biais à sa femme et reprit, avec l’expression douloureuse d’un type en train de subir un examen de l’urètre :

— Mais évidemment que je suis ravi.

Puis, il inspira profondément et, entreprenant courageusement d’ouvrir ses autres cadeaux, il saisit la petite boîte blanche entourée d’un joli nœud rouge que je lui tendais.

— Je ne savais pas quoi vous offrir, fis-je avec un sourire d’excuse tandis qu’il ouvrait, alors…

— Ça sent bon, marmonna un loup blond d’une vingtaine d’années d’un ton curieux.

Gordon plongea sa main à l’intérieur, en retira une tête ensanglantée et la brandit fièrement devant les invités. Ces derniers poussèrent aussitôt des « wouah » approbateurs et enthousiastes.

— Qui est-ce ? s’enquit une louve entre deux âges en tendant son cou au maximum pour l’examiner de plus près.

— C’est le solitaire qui nous a échappé la semaine dernière, répondit Gordon en me fixant avec gratitude.

— Celui qui a blessé les randonneurs et effrayé le petit ? demanda Tim, un loup brun trentenaire et sympathique qui travaillait habituellement comme ingénieur informaticien dans une boite du coin.

— Je suis pas petit ! protesta un louveteau en jouant des coudes pour s’approcher de la table.

Des éclats de rire fusèrent aussitôt.

— Non mais t’es pas bien grand non plus, répliqua Gus, un beau garçon au sourire affable.

— Peut-être mais j’ai quand même réussi à semer ce gros lourdaud ! s’exclama Brinn.

Je regardais l’enfant aux joues pleines et aux yeux pétillants d’intelligence. La plupart des gosses de la meute étaient de vrais monstres. Ils couraient, se battaient, chahutaient, se mordillaient et se comportaient comme des animaux uniquement guidés par leurs instincts. Mais Brinn était différent. Il était incroyablement brillant et réfléchi pour son âge.

— Tu as surtout eu de la chance que je traîne dans le coin, affirma Tim en lui frottant affectueusement le cuir chevelu.

Je me tournai vers Brinn et lui fis un clin d’œil.

— Tu as bien fait de t’enfuir et tu as raison : c’était effectivement un gros lourdaud.

Retrouver le solitaire avait été un jeu d’enfant. Cet idiot était tellement sûr de lui qu’il n’avait pas pris la moindre précaution. Je lui avais logé deux balles en argent dans le crâne avec un fusil à longue portée après seulement trois heures de traque et il était mort sans avoir le temps de se rendre compte de ce qu’il lui arrivait. Autrement dit le boulot avait été propre, efficace mais d’un ennui mortel.

Gordon secoua la tête puis tendit les bras vers moi avant de m’attirer contre son large torse de bûcheron.

— Approche ! Je te remercie, petite.

Les bras ballants, je me pétrifiai tandis qu’il m’enlaçait. J’adorais Gordon et Martha qui me considéraient comme un membre de leur famille, mais je n’étais pas pour autant fan de la manie qu’avaient les loups de se coller les uns contre les autres pour exprimer leur affection. Nom d’un chien, pourquoi ne se contentaient-ils pas d’un simple merci ? Ou soyons fous : d’une bonne poignée de mains ? L’un et l’autre m’auraient parfaitement convenu.

— Tu as maigri ! Tu devrais penser à te reposer et à te nourrir davantage, grommela-t-il d’un ton mécontent, sans me relâcher pour autant.

Mon holster me rentrait complètement dans la peau, mes os étaient sur le point de se briser mais utiliser mes pouvoirs ou dégainer mon flingue et lui tirer dessus n’était pas une option. J’endurai donc mon supplice en croisant les doigts pour ne pas mourir étouffée.

— Gordon ! Laisse donc cette gamine respirer ! Allez, passons à table, ordonna Martha avec un rire amusé.

— Bonne idée ! Je meurs de faim, ! grogna-t-il en relâchant son étreinte pour rejoindre le reste des invités.

Ankylosée et le visage pâle, je repris ma respiration sous le regard hilare de Madeleine. Tous mes organes étaient encore à la bonne place, c’était déjà ça.

— Tu crains comme garde du corps, murmurai-je en me frottant l’épaule.

Un grand sourire illumina son visage ridé.

— Je te rappelle que c’est toi qui m’as interdit de toucher au vieux loup en me disant que tuer son hôte serait considéré comme un faux pas social.

— Tu aurais pu faire une remarque.

Elle haussa les épaules.

— Moi je tue des trucs, je ne leur fais pas de remarque.

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