Reborn, Tome 2 : Crois en nous

Iris.

En cette belle après-midi je suis à l’extérieur de l'atelier. Cela fait trois jours que Logan m’a montré son vrai visage, et même s’il a repris son masque, je le trouve plus détendu, plus serein. Notre relation se pérennise doucement et j’aime passer du temps avec lui. Quant à Hugo, il commence les épreuves du BAC aujourd’hui, il est donc plus stressé, mais cela a pour effet de me rendre plus sereine, car je veille sur lui, je le rassure, et pendant ce temps-là, je n’ai pas à me soucier de mes propres fêlures.

Je rince mes récipients à huile de vidange, au robinet, la tête un peu dans mes pensées. Logan m'a laissée seule pour se rendre aux sanitaires. Je savoure la sensation que procure le soleil contre ma peau et repense à ce week-end heureux que j'ai vécu avec les garçons. Je me sens bien et les frères aussi.

Je suis tellement absorbée par mes pensées, que je ne vois que trop tard la voiture qui s'engage dans l’allée. C'est un vieux modèle de collection, qui fait son entrée dans la cour. La voiture est décapotée et à cette distance je suis certaine que le conducteur m'a vue. L'angoisse m'envahit. Habituellement les clients de Logan viennent le matin et c'est pour cette raison que je ne viens ici que l’après-midi. À mesure que le véhicule approche une pensée me traverse l'esprit. Et si c'était un flic ? Je secoue la tête, stupide, il ne viendrait pas en voiture de collection. Le véhicule se stationne non loin de moi et je tente de garder mon calme. Je ne vais pas céder à la panique. Le moteur se coupe, je pose mon récipient au sol et me savonne les mains. La portière s'ouvre, j'observe un homme sortir du véhicule. Sexagénaire, belle allure, cheveux gris, ventre arrondi, mais un charisme indéniable. Il m'observe avec un sourire non dissimulé. Je coupe l'eau et me sèche les mains au torchon accroché près du robinet, tout en gardant ma peur à distance. L'homme se rapproche d'un pas assuré.

— Me serais-je trompé d'adresse ?

Son ton est taquin.

— Tout dépend de qui vous cherchez.

— Je viens voir Logan.

— Dans ce cas vous êtes au bon endroit.

Je tente de masquer ma peur, tout en arborant une mine désinvolte et sereine.

— Le brigand ne m'avait pas dit qu'une aussi jolie créature séjournait chez lui.

L'homme se stoppe à quelques pas de moi. Je me détends. Cette attitude me conforte dans l'idée que je ne risque pas grand-chose. Cet homme est taquin mais bien élevé. Le fait qu'il ne tente pas de réduire la distance entre nous, me confirme qu'il me respecte et a des valeurs. Je lui souris avec assurance, chassant toutes mes pensées trop sombres, afin de ne pas me trahir.

— Je m’appelle Iris et je suis une amie des garçons.

Je tends à l'homme ma main droite poliment. Il la saisit et y dépose un baise main. Ce geste désuet me fait sourire.

— Et moi je suis Félix. Enchanté.

Il relâche ma main et me sourit.

— Enchanté Félix.

— Dites-moi ce qu'une aussi jolie jeune femme que vous est venue faire ici ?

Intérieurement, je supplie Logan de revenir au plus vite. Il faut qu'il vienne abréger cette conversation. Je suis nerveuse et j'ai peur de commettre un impair, qui nous mettrait tous en danger, mais je tente de paraître naturelle et enjouée.

— Je suis venue profiter de mes amis, de la mer, du soleil et la tranquillité de l’île. J’imagine que vous me comprenez.

— Absolument.

Félix me sourit encore, un sourire franc qui me permet de légèrement me détendre.

— Alors dites-moi ce que je peux faire pour vous.

Que je puisse enfin vous mettre dehors. Evidemment je garde la fin de cette phrase pour moi.

— Voyez-vous, l'une de mes voitures de collection se montre capricieuse et je venais voir, si à tout hasard, Logan aurait un joint moteur.

— Je vais regarder cela.

Je rentre dans le garage et me dirige vers le tiroir correspondant. Je connais le garage comme ma poche à présent et c'est sans hésitation que je trouve rapidement ce que je cherche.

— Quelle taille vous faudrait-il ?

— Un diamètre 4.

Je fouille dans le tiroir pour trouver ce diamètre et finis par en trouver un neuf dans son emballage d’origine. Une aubaine qui va me permettre de laisser cet homme quitter les lieux, afin que je puisse me maudire d’avoir été aussi imprudente.

— Apparemment c'est votre jour de chance.

Je me saisis du paquet, referme le tiroir et rejoins Félix qui attend sagement sur le pas de l'entrée du garage. Je lui tends l’objet et il s'en saisit.

— Exquise, belle, polie et douée en mécanique ! Si j'avais 30 ans de moins je vous épouserais mon enfant !

— Toujours aussi dragueur Félix !

Mon cœur fait un bond en entendant cette voix familière. Félix se retourne et dévoile Logan derrière lui. Je suis soulagée de le voir, j’observe son visage qui semble détendu.

— Que veux-tu, ce n'est pas à mon âge que l'on change !

Félix rit, Logan, lui, esquisse un sourire. Lui aussi est stressé par cette visite impromptue, mais il n'en montre rien. Il me fixe avec intensité et à cet instant j'ai uniquement envie de me jeter dans ses bras, afin de me sentir en sécurité. Après quoi j’accepterais volontiers le savon qu’il me passera pour mon imprudence.

— Tu voulais quelque chose ?

— Il s'avère que ta délicieuse amie m'a déjà aidé. Tu ajouteras donc ceci à ma note.

Félix secoue l’emballage de son joint.