Ajouter un extrait
Liste des extraits
Et vous, oui, vous ! mon très cher lecteur ! Vous vous prélassez bien au chaud, sur votre coussiège favori ou dans la cathèdre de votre cabinet de lecture, en tournant d'une main indolente les pages de ce volume où je risque bien de perdre ma santé, ma vie, sans compter ma réputation. Est-ce que vous mesurez seulement ce que j'ai sué, d'angoisse et de labeur, sur l'ouvrage que vous avez le culot de parcourir comme un conte divertissant ?
Afficher en entierSi les autres clients avaient fui l’échauffourée, les videurs s’apprêtaient à intervenir, armés de couteaux et de gourdins. Sans lâcher le patrice, je leur coulai un regard mauvais, et je grondai :
" C'est presque plié, les pelures. Mais cherchez-moi renaud, et ça va linguer sauce raisiné. A vous de voir."
Afficher en entier« Pas un qui aurait eu la correction d'aller voir ailleurs. J'avais l'impression que la moitié de l'équipage ricanait sur la délicatesse de mon estomac. Benvenuto Gusefal, assassin émérite de la Guilde des Chuchoteurs, maître espion de son excellence le Podestat de la République, était en train de vider tripes et boyaux à grands hoquets clapoteux ; sûr que ça vous gondolait son loup de mer. »
Afficher en entier(...) A terme, vous restez une carte intéressante dans le jeu de son excellence. Je suis venu uniquement pour vous aider à disparaître quelque temps.
- Vous avez déjà remarqué que les mots vous remuent différemment selon le causeur ? Quand un type dans votre genre parle de disparaître, ça réconforte comme un baiser de veuve.
- Cette métaphore galante me touche beaucoup, badina le sorcier. Elle est sans doute appropriée : je vous invite à vous joindre à moi. Je disparais, moi aussi.
Afficher en entierEt là, voyez-vous, je m'interroge. Qu'est-ce que je raconte ? Mon histoire, ou celle de ce joyeux luron, mon ami le sapientissime ? Idéalement, il faudrait que je vous rapporte les deux récits, en parallèle, en essayant de vous tenir en haleine avec un entrelacement narratif à la mode des romans de chevalerie.
Afficher en entierDans son écrin littoral, voluptueuse et hautaine, Ciudalia émergeait majestueusement du déluge. Un soleil timide, entre deux nuages, vint effleurer son diadème de tours et de dômes. La ville scintilla comme une courtisane au sortir du bain, vénéneuse et parée. Cette vision me mordit le cœur plus méchamment que l'invite d'une belle fille. Entre mes dents serrées, je la traitai de tous les noms. Tels furent nos adieux.
Afficher en entierJ'avais raison de me méfier. Ma jeunesse était bien là, tapie en embuscade : j'avais à peine fait deux pas qu'elle me saisit à la gorge, sensible, restaurée, indemne. L'odeur si particulière de l'atelier, que j'avais cru oublier, me tourna la tête avec la force d'une eau-de-vie.
Afficher en entierParviendra-t-elle à se maintenir sur le trône ducal ? enchaîna-t-il. Difficile de voir aussi loin. Elle est rouée, retorse, entreprenante. Elle serait capable d'apprendre assez vite pour y parvenir... Mais même si elle y échouait, nous pourrions tirer notre épingle du jeu. Ganelon, dit-on, est toujours très vert : sitôt épousée, le vieux sanglier la mettra dans son lit. J'ai bon espoir qu'elle en aura des enfants. Dans ce cas, même si elle venait à tomber en disgrâce, même si elle était répudiée à son tour, nous récupérerions une carte maîtresse.
Afficher en entierLes prêtres du Desséché avaient procédé au moulage du visage du mort, et en avaient tiré les masques funéraires qu'arboraient les porteurs du cercueil. Ainsi, selon les préceptes du Culte, c'était le défunt seul qui s'avançait vers son Dieu.
Afficher en entierJ'essuyai en vitesse le coin de mon œil ; cette divine salope m'avait tiré une larme, et ça la foutait très mal pour un ruffian dans mon style.
Afficher en entier