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Le cheval qui retenait son attention était, comment dire… moche. Un cheval ne pouvait pas être fondamentalement hideux, mais Shelby était une magnifique isabelle et si ce cheval était tombé de l’arbre des moches, il avait dû se cogner à chaque branche avant d’atteindre le sol.

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— Pour des raisons qui m’échappent, je crois que si. Qu’elle t’aime bien, je veux dire.

Amos était stupéfait.

— Vous croyez… je veux dire, vous pensez que j’ai une chance avec elle ? Elle me parle juste… je veux dire, on parle, mais je ne sais pas vraiment quoi dire…

Charlie soupira.

— Je vais être honnête avec toi, gamin. Si tu veux qu’elle t’aime, va falloir que tu lui montres que tu en vaux la peine. Et pour ton info, je fais ça surtout pour elle, là.

Amos écarquilla en grand les yeux et sourit.

— Ah ouais ?

Charlie grimaça.

— Les filles aiment les fleurs, apparemment… même si j’y connais pas grand-chose. Mais ça a été pas mal documenté.

Je ricanai.

— Oh bon sang, Charlie. C’est quoi ce bordel ? Pas mal documenté ?

Il me fusilla du regard.

— Je fais ce que je peux.

— J’écoute, dit Amos.

Et il écouta en hochant la tête, comme si Charlie était sur le point de lui divulguer les secrets de l’univers. Et je suppose que pour un gosse de quinze ans, ça devait être le cas.

— Et une fois que tu arrives à la faire parler, tu dois écouter. Maintenant, les mecs, je comprends. On est faciles à cerner. Mais les filles… Eh bien, elles sont compliquées.

Je secouai la tête.

— N’importe quoi.

Charlie me jeta un coup d’œil.

— Comme si t’en savais quelque chose.

— Plus que toi apparemment. J’ai grandi avec deux sœurs au Texas, je sais.

Puis je reportai mon attention sur le pauvre gosse paumé.

— Écoute, Amos. Tout ce dont tu dois te souvenir, c’est de bien te comporter. Sois poli et courtois et traite-la comme une dame.

— Tout à fait, dit Charlie. C’était ce que j’allais dire.

Mon œil, oui !

Il poursuivit :

— Elle est intelligente, alors pour l’amour de Dieu, écoute-la. Elle a des idées et des rêves. Respecte ça. Respecte-la. Et je te préviens, si tu la blesses ou que tu la touches sans sa permission, je t’écharpe, t’as compris ?

Amos pâlit, alors je me raclai la gorge.

— Charlie.

Il releva le menton, mais ne se rétracta ni ne s’excusa.

— OK, dit Amos. Des bonnes manières, du respect et des fleurs. Compris.

Charlie approuva, comme s’il était satisfait de son œuvre.

— On manque un peu d’ouvertures ici mais c’est le printemps, il y a des fleurs sauvages, va lui en cueillir.

Amos haussa un sourcil et se pencha en arrière, à la « c’est quoi ce bordel ».

— Je rêve, c’est quand la dernière fois que vous avez cueilli des fleurs pour votre homme ?

Je ricanai et entrai dans son jeu.

— Ouais, Charlie, c’est quand la dernière fois que tu m’as cueilli des fleurs ?

Charlie ouvrit la bouche, puis la referma dans un petit claquement. Il regarda en direction du désert, puis reporta son attention sur moi.

— Eh bien, je…

— Voilà, releva Amos. Il est où votre respect pour Travis ?

Charlie nous fusilla tous deux du regard, envers et contre le rougissement qui s’étalait de ses joues jusqu’à son cou.

Amos rit et escalada la barrière.

— Allez patron ! Vous et moi, on va cueillir des fleurs.

— On va quoi ?

Amos ne se laissa pas démonter.

— On peut vérifier les vaches tout en faisant ça, dit-il.

Charlie ne bougeant pas, Amos tapota une montre fictive.

— Allez patron, faut que ça saute.

Ils prirent le vieil ute pour se rendre au premier paddock et j’en riais encore bien après leur départ.

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Je soupirai de satisfaction, Satisfait. C'était exactement ce que j'étais.

Charlie ne pouvait pas le comprendre - je crois qu'il penserait que je suis fou - mais j'aimais cet endroit. Je ne parlais pas simplement d'ici.

Pas simplement de l'Australie, l'Outback, monter à cheval et courser le bétail dans la poussière rouge et sous un soleil brûlant. Putain, il faisait chaud même en hiver. Et j'aimais tout cela. J'aimais Charlie. Le mec le plus borné, agaçant, impossible et absolument merveilleux. Je le regardais toujours, incapable de détourner les yeux.

Charlie avait été catégorique et ne voulait pas de démonstration d'affection en public; même s'il ne cachait pas qui il était, il ne voulait toujours pas s'afficher chontément. Il avait avancé que nous étions là pour le boulot et devions nous comporter à l'avenant, ce qui ne me posait aucun problème. Le simple fait qu'il ait posé sa main sur mon dos lorsque nous avions grimpé dans l'ascenseur, ou qu'il fasse exprès de me toucher lorsqu'il pensait que quelqu'un me matait me faisait sourire.

C'était tellement lui, ça. Il était le mélange parfait entre un gentleman aux manières désuètes et un gros jaloux, et le voir lutter contre ces deux penchants était presque comique. Il était du genre à me tenir la porte, puis à rougir et sourire lorsque je le complimentais. Mais s'il pensait une seule seconde qu'un autre type ne faisait que songer à flirter avec moi, il se débrouillait pour me toucher de manière à ce que le message soit bien clair: « il est à moaaaaa, alors même pas dans tes rêves ».

Et je lui appartenais bel et bien.

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Il m'a surpris. Cet homme parfaitement impossible, aussi têtu et beau que le désert que nous appelions chez nous. Il avait dit une fois que si tu le coupais, il saignerait de la terre rouge et je ne doutais pas que c'était vrai. Seulement maintenant j'étais exactement pareil. Cet endroit faisait autant partie de moi que de lui, et j'étais certain - absolument certain - que la terre rouge qui recouvrait nos pieds et la douce lueur du soleil couchant sur notre peau étaient exactement là où je devais être...

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Rien ne valait de pouvoir dormir dans son propre lit.

Je me rappelle m’être affalé sous la couette, avoir passé un bras autour de la taille de Charlie, pour ne me réveiller que lorsque le soleil de l’après-midi commençait à baisser à la fenêtre.

Et Charlie était parti.

Je le trouvai dehors, appuyé sous le porche pour offrir des grattouilles à Nugget, tous deux profitant de la chaleur du soleil.

Charlie me sourit lorsque je passai la porte, et lorsqu’il vit que je tenais mes bottes et mes chaussettes, il dit :

— Laisse-les, viens avec moi.

Et il se tenait là, comme George me l’avait expliqué, les deux pieds nus dans cette poussière si rouge.

J’en fis de même et le rejoignis. La poussière était chaude sur le dessus, plus fraîche en dessous et elle était si douce. Pareille à de la soie entre mes orteils.

— C’est agréable, dis-je.

Charlie m’offrit un grand sourire.

— Je sais.

Il reporta son attention sur la porte d’entrée.

— Mais on va devoir s’essuyer avant de rentrer, sinon Ma va nous arracher la tête.

Je pouffai.

— Tu parles d’expérience ?

— Oh ouais. J’ai toujours cru que je courais vite, mais je te dis, elle balance la cuillère en bois aussi efficacement qu’un boomerang.

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Charlie, coincé dans un avion pour un long trajet. Ça n’allait pas bien se passer. Il ne pouvait tout simplement pas rester en place aussi longtemps dans un endroit confiné. Quelques heures ça passait encore, mais après, il commençait à s’ennuyer et y avait rien de pire qu’un Charlie qui s’ennuie.

Il commença à gigoter et à se plaindre : le siège n’était pas confortable, il n’y avait rien d’intéressant à regarder, il n’avait pas envie de lire, il n’était pas assez fatigué pour dormir, il n’avait pas faim, il en avait marre d’être assis, et non, Travis, il ne voulait pas se balader dans l’allée et risquer de passer pour un pervers malade qui mate les autres voyageurs.

Je me moquai de lui.

— Je t’avais prévenu que c’était chiant.

— Tu m’as pas dit que c’était aussi pire que ça.

— T’as pas des papiers à remplir ou les chiffres de vente à lire ? Ou des stats à faire pour Greg et Allan ? Je t’ai dit d’amener quelque chose.

— Je croyais que tu plaisantais.

Je fouillai dans mon sac et sortis l’un des livres de mots croisés de Ma.

— Tiens, fais-en un.

— T’as piqué le magazine de Ma ?

— Elle m’a dit de le prendre.

Il fronça les sourcils mais le prit, comme un enfant grognon. Et il resta tranquille pendant deux minutes.

— Un mot en sept lettres pour escarpement ?

Il tapota la page du stylo.

— Ou un mot en quatre lettres pour critique ? Non, attends, c’est quoi un kin-oie ?

— Quoi ?

— Kin oie, avec un Q. C’est quoi ce mot, bordel ?

Il fit une grimace, à moitié confus et à moitié énervé. Et regarda la couverture du bouquin.

— C’est l’un de ces stupides bouquins de mots croisés cryptiques ?

Au secours.

— Laisse-moi voir, dis-je en me penchant vers lui pour lire le mot en question. Tu veux dire quinoa ?

— Ça ne s’épelle pas Qui-no-a, Travis, me dit-il, comme si j’étais en train d’inventer un mot stupide.

Je pris une profonde inspiration pour rassembler ma patience.

— C’est une céréale ou une graine. En combien de lettres ?

— En sept lettres.

— Essaye céréale. Même si techniquement, c’est faux, c’est une pseudocéréale, et seule la graine est mangeable. Mais on ne tiendra pas rigueur aux mecs des mots croisés de ne pas avoir un diplôme en agronomie.

Charlie pouffa.

— Non, en effet.

Il tapota à nouveau son stylo sur la page.

— Hé, et qu’est-ce qui a un, deux … – il continua à compter dans sa tête – onze lettres pour photogénique ?

— Pittoresque.

Charlie me dévisagea.

— T’es une espèce de gourou planqué du mot croisé ?

Je ricanai.

— Ouaip, tu m’as démasqué. Je suis un fana de mots croisés. Je me lève quand tout le monde dort et j’en fais. Je n’en ai jamais assez.

Il se rengorgea.

— Oh, regarde. Un mot en six lettres pour gros malin. Ça commence par un T et ça finit par ravis.

Je ris et la dame devant nous se retourna et nous sourit. Au moins, ça amusait quelqu’un.

— On aurait dû sortir hier, lui dis-je. Au moins, t’aurais eu la tête dans le cul et tu serais en train de pioncer.

— Je voulais qu’on sorte, me murmura-t-il avec force. C’est toi qui n’as pas arrêté de dire non.

— Ouais, parce que je n’avais pas envie de retourner sur tes anciens lieux de débauche à Sydney et t’entendre te vanter de toutes tes anciennes conquêtes et de ce que tu as pu faire ici et là.

— Je ne t’en aurais pas parlé, dit-il doucement. Et en plus, on voyage vers tes anciens lieux de débauche, là.

Il eut l’air d’y réfléchir une seconde.

— Y a des ex dont je devrais connaître l’existence ? J’ai besoin de défendre ton honneur ?

— Si par défendre mon honneur, tu penses à ton poing dans la figure, alors dans ce cas, non.

Il ricana.

— Je ne leur aurais pas mis mon poing dans la figure, précisa-t-il. Pas sans une excellente raison. Si quelqu’un essaye de te faire la cour…

— De me faire la cour ? l’interrompis-je. Mais qui dit encore ça à notre époque ?

— Les gens le disent toujours. C’est un mot encore usité.

— Pas par les gens de ce siècle, le corrigeai-je. Ni du dernier. Je crois que ça s’est perdu en même temps que la mode des duels, Charlie.

Il sourit largement.

— Parfait. Si quelqu’un essaye de te faire la cour, je me devrai de le défier en duel.

Il étira ses jambes et bougea sur son siège.

— Même si ça irait plus vite et que ça serait beaucoup plus simple si tu me laissais juste lui donner un coup de poing dans la gueule.

— Tu ne frapperas et ne défieras personne en duel, dis-je dans un soupir. Par contre Michael pourrait nous défier au football ou au base-ball.

— Ça ne me dérange pas de jouer au foot avec ton frère. Je pourrais lui apprendre le vrai foot et pas ce jeu de bourge auquel vous jouez.

Je ris.

— C’est toi qui vas être l’étranger cette fois, Charlie. Pas moi. On joue au bon football, on a des battes de base-ball, pas ces stupides trucs aplatis pour le cricket, et on conduit du bon côté de la route.

Je lui souris.

— C’est toi qui auras un accent et les gens se moqueront de toi et non de moi.

— On ne s’est jamais moqués de toi !

Je crois que ma mâchoire se décrocha. Puis je ris, incrédule.

— Vous m’avez appelé le Yankee pendant toute une année. Et tu te moques tout le temps du vocabulaire que j’utilise.

— Parce que ce n’est pas le bon, dit-il platement. Comme "cookie", et "ranch" et "corral".

Je lui jetai un regard noir.

— Et "partenaire", "crikey" et "fair dinkum" c’est quoi, selon toi ?

— Des mots géniaux.

Je soupirai.

— Je jure devant Dieu, je pourrais filer cent dollars au premier qui a un film de Bruce Willis, pour te le faire mater et que tu te la boucles.

— N’importe lequel de ses films ? demanda-t-il. Juste ses films d’action, pas Hudson Hawk, tu sais bien.

— Charlie, la prochaine fois qu’on prend l’avion pour aller aux USA, on se prend une classe affaire. Et si possible, avec des sièges séparés.

Il soupira et reporta son attention sur le hublot. Et resta bien trop longtemps silencieux.

— Charlie, qu’est-ce qui ne va pas, en vrai ?

Il garda le visage détourné.

— Et s’ils ne m’aiment pas ?

— Qui ça ?

— Tes parents. Ou ton frère et tes soeurs … Au secours et si aucun ne m’apprécie ?

Eh bien, ça, je ne l’avais pas vu venir.

Je ne vois pas pourquoi ça me surprenait. En y réfléchissant, j’aurais sans doute dû m’en douter, mais ça faisait si longtemps que Charlie était bien dans ses bottes que j’en avais presque oublié l’existence de Charlie l’incertain.

— Charlie, dis-je doucement, ils vont t’adorer. Comment pourrait-il en être autrement ?

Il haussa les épaules et fixa le siège en face de lui, évitant délibérément de me regarder dans les yeux.

— J’en sais rien. C’est de ma faute si t’es pas là.

— Charlie, regarde-moi.

J’attendis qu’il me regarde dans les yeux.

— Ils vont t’adorer. Crois-moi, ils t’aiment déjà.

Il grimaça.

— La foule et les étrangers c’est pas mon truc et j’ai envie qu’ils m’aiment. J’ai tendance à dire des trucs débiles et si je disais quelque chose qui les blesse ou leur fait croire que je suis un idiot …

— Charlie ? dis-je en essayant de le couper.

— Trav, je n’ai jamais rencontré de parents avant les tiens. Putain, j’ai à peine vu les miens, et j’ai vraiment besoin que les tiens m’apprécient.

— Charlie, écoute-moi, dis-je un peu plus fort cette fois. Ils vont t’aimer. Et tu sais quoi ? Ça n’a pas d’importance si ce n’est pas le cas, parce que c’est toi que je choisis, pas eux.

Ses yeux s’écarquillèrent.

— Je ne te ferais jamais choisir entre nous.

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— Vous ne voulez pas de ce cheval, dit Lenny, d’une voix paternaliste. Laissez-moi vous épargner du temps et de l’argent, fiston. Et beaucoup d’os brisés. Cette jument est une saleté.

Il désigna les entraves.

— Elle m’a shooté dans les bijoux. Elle tape, elle mord et elle se cabre. Elle a failli me tuer lorsque j’ai essayé de l’amener ici.

Charlie regarda la longueur de tuyau que l’homme tenait toujours.

— Eh bien, ça ne me surprend pas. Si vous m’aviez attaché sans me permettre de bouger avant de me frapper avec ça, j’essayerais sans doute aussi de vous tuer.

Au secours.

Comment se faire des amis et influencer les gens, par Charlie Sutton. En menaçant de les tuer. Super manière de l’encourager à te vendre quelque chose, Charlie.

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À la fin de la semaine, lorsqu’il fut évident qu’Amos s’acclimatait bien – et qu’il était parti pour rester définitivement – Charlie put constater qu’Amos et Nara se tournaient vraiment autour. L’amour adolescent, dans toute sa splendeur gênée.

Et ça finit par le faire réagir.

C’était après le déjeuner, Amos se trouvait dans le holding yard avec les veaux orphelins. Les autres étaient partis à Alice pour un week-end bien mérité, l’adolescent ayant été désigné pour rester à la station. Je m’étais dit que puisqu’il n’avait aucune maison où retourner, c’était logique. Nara ne rentrait presque jamais, alors il restait Charlie, George, Ma, Nara, Amos et moi sur la station.

Charlie prit le taureau par les cornes et le confronta.

— Amos, t’as une seconde ?

Il s’arrêta, tout sourire et yeux brillants.

— Ouais, patron.

Charlie reporta son regard sur la ferme, les sourcils froncés.

— Toi et Nara vous avez l’air de bien … vous entendre.

Amos cligna des yeux, mais je crois qu’il savait où ça menait.

— Euh, j’espère bien, patron.

— Tu l’as déjà embrassée ?

Amos fut aussi choqué que moi par la question de Charlie.

— Quoi ? Non, non. Elle n’est pas ce genre de fille, patron.

Ça fit sourire Charlie.

— Mais tu l’aimes bien, pourtant.

Le pauvre gosse avait l’air de vouloir disparaître sous terre.

— Je la trouve vraiment jolie, et elle est vraiment intelligente.

Son sourire se fana.

— Mais les filles comme ça ne sont pas intéressées par les gars comme moi.

— Pourquoi ça ?

Amos ricana.

— Vous l’avez vue, pas vrai ? Elle est belle comme un coeur et elle est plus âgée que moi.

— Ne te dévalue pas, gamin, dit Charlie. Ne laisse jamais personne te dire que tu n’es pas assez bien.

Les mots de Charlie me firent chaud au coeur. Je ne pouvais pas dire que j’étais surpris, parce que je le connaissais, mais il s’était tellement opposé à l’idée qu’Amos et Nara soient ensemble … ou dans les parages l’un de l’autre, d’ailleurs.

Charlie secoua la tête.

— Pour des raisons qui m’échappent, je crois que si. Qu’elle t’aime bien, je veux dire.

Amos était stupéfait.

— Vous croyez … je veux dire, vous pensez que j’ai une chance avec elle ? Elle me parle juste … je veux dire, on parle, mais je ne sais pas vraiment quoi dire …

Charlie soupira.

— Je vais être honnête avec toi, gamin. Si tu veux qu’elle t’aime, va falloir que tu lui montres que tu en vaux la peine. Et pour ton info, je fais ça surtout pour elle, là.

Amos écarquilla en grand les yeux et sourit.

— Ah ouais ?

Charlie grimaça.

— Les filles aiment les fleurs, apparemment … même si j’y connais pas grand-chose. Mais ça a été pas mal documenté.

Je ricanai.

— Oh bon sang, Charlie. C’est quoi ce bordel ? Pas mal documenté ?

Il me fusilla du regard.

— Je fais ce que je peux.

— J’écoute, dit Amos.

Et il écouta en hochant la tête, comme si Charlie était sur le point de lui divulguer les secrets de l’univers. Et je suppose que pour un gosse de quinze ans, ça devait être le cas.

— Et une fois que tu arrives à la faire parler, tu dois écouter. Maintenant, les mecs, je comprends. On est faciles à cerner. Mais les filles … Eh bien, elles sont compliquées.

Je secouai la tête.

— N’importe quoi.

Charlie me jeta un coup d’oeil.

— Comme si t’en savais quelque chose.

— Plus que toi apparemment. J’ai grandi avec deux soeurs au Texas, je sais.

Puis je reportai mon attention sur le pauvre gosse paumé.

— Écoute, Amos. Tout ce dont tu dois te souvenir, c’est de bien te comporter. Sois poli et courtois et traite-la comme une dame.

— Tout à fait, dit Charlie. C’était ce que j’allais dire.

Mon oeil, oui !

Il poursuivit :

— Elle est intelligente, alors pour l’amour de Dieu, écoute-la. Elle a des idées et des rêves. Respecte ça. Respecte-la. Et je te préviens, si tu la blesses ou que tu la touches sans sa permission, je t’écharpe, t’as compris ?

Amos pâlit, alors je me raclai la gorge.

— Charlie.

Il releva le menton, mais ne se rétracta ni ne s’excusa.

— OK, dit Amos. Des bonnes manières, du respect et des fleurs. Compris.

Charlie approuva, comme s’il était satisfait de son oeuvre.

— On manque un peu d’ouvertures ici mais c’est le printemps, il y a des fleurs sauvages, va lui en cueillir.

Amos haussa un sourcil et se pencha en arrière, à la « c’est quoi ce bordel ».

— Je rêve, c’est quand la dernière fois que vous avez cueilli des fleurs pour votre homme ?

Je ricanai et entrai dans son jeu.

— Ouais, Charlie, c’est quand la dernière fois que tu m’as cueilli des fleurs ?

Charlie ouvrit la bouche, puis la referma dans un petit claquement. Il regarda en direction du désert, puis reporta son attention sur moi.

— Eh bien, je …

— Voilà, releva Amos. Il est où votre respect pour Travis ?

Charlie nous fusilla tous deux du regard, envers et contre le rougissement qui s’étalait de ses joues jusqu’à son cou.

Amos rit et escalada la barrière.

— Allez patron ! Vous et moi, on va cueillir des fleurs.

— On va quoi ?

Amos ne se laissa pas démonter.

— On peut vérifier les vaches tout en faisant ça, dit-il.

Charlie ne bougeant pas, Amos tapota une montre fictive.

— Allez patron, faut que ça saute.

Ils prirent le vieil ute pour se rendre au premier paddock et j’en riais encore bien après leur départ.

***

George et moi étions adossés au holding yard et venions tout juste de nourrir les veaux lorsque le vieil ute rallia la ferme. Je racontai à George qu’Amos avait coincé Charlie sur son manque de bouquet et vu la manière dont il rit, je compris que c’était sans doute la chose la plus drôle qu’il ait entendue depuis un bon moment.

Ma et Nara étaient assises sous le porche pour profiter du soleil de l’après-midi, et nous regardâmes en silence Amos sortir de l’ute, souriant comme toujours, un petit bouquet de fleurs violettes et jaunes en main. Il avait l’air nerveux, hésitant même, mais après un dernier regard à Charlie, il grimpa les marches du porche, retira son chapeau et offrit les fleurs à Nara.

C’était adorable et innocent. Nara sourit et prit délicatement le sincère petit bouquet de fleurs sauvages et sourit avant de déposer un baiser sur la joue d’Amos. Ce dernier souriait comme s’il avait gagné à la loterie lorsque Charlie les rejoignit sous le porche.

Ma se tenait près de Nara maintenant, toutes deux rayonnaient.

— Elles sont pour moi ? demanda Ma à Charlie en désignant les fleurs qu’il tenait.

— Oh, eh bien, répondit-il en éloignant les fleurs, comme si elles étaient empoisonnées. Oui, bien sûr qu’elles sont pour toi.

Il venait d’offrir mes fleurs à Ma. Il regarda dans ma direction et haussa les épaules, complètement perdu.

Je lui souris, pour qu’il comprenne qu’il avait fait ce qu’il fallait.

Ma huma le parfum des fleurs, puis haussa un sourcil en regardant George, avant de s’exclamer :

— C’est agréable de voir que quelqu’un songe à m’offrir des fleurs.

George me bouscula le bras.

— Comment ça se fait que j’ai des ennuis, moi ?

— De quoi tu te plains ? lui murmurai-je pour que Ma ne puisse pas m’entendre. Ce sont mes fleurs.

George me regarda un long moment, avec grand sérieux, puis il explosa de rire. Ma et Nara nous offrirent un regard sévère puis elles retournèrent à l’intérieur tout en portant leurs fleurs à leur nez.

Amos sautillait toujours d’excitation, pendant que Charlie avait l’air un peu embarrassé et défait. J’articulai un « merci » à son attention et honnêtement je n’y pensai plus après cela.

Il s’en alla faire ses autres corvées et je passai le reste de l’après-midi à faire les miennes. Il avait disparu, et seul cette fois, dans le paddock du nord et je ne le revis pas avant que Ma nous envoie nous débarbouiller pour le dîner.

Charlie me retrouva dans le couloir en courant presque, arborant un sourire et un regard heureux, une main derrière le dos.

— Travis, dit-il, formel.

Il me présenta sa main pour révéler une unique fleur sauvage violette.

— Pour toi.

Pas un bouquet, pas même quelques fleurs.

Une unique et parfaite fleur.

Il souriait timidement, c’était tellement adorable que j’aurais pu fondre.

— Tu l’aimes ?

— Je l’adore, répondis-je.

Il sourit encore davantage et me contourna pour se rendre à la salle de bains.

— Faut que je me débarbouille.

Mais au moment où il me frôla, je le retournai et l’embrassai. Avec force.

C’était un baiser intense, passionné, nos langues entremêlées et lorsque je me dégageai et fis un pas en arrière, ses lèvres étaient rougies et son regard voilé.

Il leva une main et essaya de dire quelque chose. Complètement ivre de notre baiser, il ne parvint à articuler qu’un « … ton service ».

Je ris tout en rejoignant notre chambre. Je déposai ma fleur sur mon oreiller et lorsque je ressortis, il se tenait toujours dans le couloir.

— Je devrais te ramener plus souvent des fleurs, dit-il.

— Oui, en effet.

Il haussa les sourcils, charmeur.

— J’ai hâte de voir ta réaction lorsque je te ramènerai un bouquet entier.

Je secouai la tête.

— Ah non, pas un bouquet. Cette fleur était plus spéciale que tout un bouquet.

Il eut l’air confus et il jeta les mains devant lui.

— Oh bon sang, ne complique pas tout.

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— De quoi parlent-elles ? demandai-je. Tu pourrais peut-être te joindre à la discussion.

— Nan.

Il secoua la tête.

— Elles parlent de trucs de filles. Tu sais ce que c’est, Travis. Un homme sain d’esprit reste en dehors de ce merdier.

Je ne pus m’empêcher de rire.

— Je suppose que t’as raison.

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/!\ SPOILERS /!\

— Où est votre cheval ? On a celui de Travis, celui de George, celui de Billy et deux chevaux en plus. Tout le monde en a un, sauf vous.

— Eh bien, je, euh … commença Charlie. Je n’ai plus de cheval … Elle est morte.

— Oh.

— Elle était magnifique, dit-il doucement. Elle … m’a sauvé la peau plus d’une fois. Elle … me comprenait.

Bianca recommença à panser mon cheval, s’étant arrêtée pendant qu’il parlait.

— Vous devriez en reprendre un.

Charlie déglutit avec difficulté.

— Ah ouais ? Et pourquoi ça ?

— Parce que vous le pouvez, dit-elle simplement. Vous avez l’argent et un box vide. Pourquoi subir un manque quand ce n’est pas nécessaire ?

— Ça ne marche pas comme ça, dit-il doucement. C’est…

— Remplacer quelqu’un qu’on a perdu, finit-elle pour lui.

— Ne pas être capable de la remplacer. Ou ne pas le vouloir.

Bianca hocha doucement la tête, sans cesser ses coups de brosse.

— Elle était spéciale.

— Oui, elle l’était.

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