Extraits

Dans les histoires, les vieux contes de fées, un héros surgit toujours pour rétablir la justice. Mais tous mes héros sont partis ou morts. Personne ne viendra me sauver.

Beaucoup d’éléments ont conduit à cette journée et à ses conséquences.

Un fils négligé, une mère vengeresse, un frère trop imposant, une étrange mutation. Ensemble, ils ont composé une tragédie.

Laisse toi aller, me murmure ma voix intérieure, Mes paupières se ferment tandis que je me concentre, faisant le vide dans mon esprit pour ne plus percevoir que l'électricité et son attraction féroce. La vague énergétique s'insinue sous ma peau et me pénètre jusqu'à chanter dans chacun de mes muscles, chacun de mes nerfs. c'est en général le moment où je bloque, où la sensation se dérobe alors que je pense la toucher. Pas cette fois cependant. Au lieu d'essayer de retenir le courant, d'établir le contact, je m'abandonne. Je plonge dans un état inédit, indescriptible, qui est tout et rien à la fois, la lumière et l'obscurité, le chaud et le froid, la vie et la mort. Bientôt l'énergie électrique emplit entièrement mon crâne, elle chasse tous mes fantômes et tous mes souvenirs. Même Julian et ses livres cessent d'exister. Mon esprit est limpide, un trou noir qui bourdonne. Maintenant, lorsque je tente d’appréhender la sensation, elle ne disparait pas, elle se déploie en moi, de mes nerfs optiques à l'extrémité de mes doigts. Sur ma gauche, Julian peine à retenir son souffle.

"Je ne trouve rien de beau ici, quand je pense aux usines noires de fumée qui se trouvent à moins de quelques kilomètres. Le contraste entre la capitale argent et les bidonvilles rouges me donne de l'urticaire. Voici le monde que je tente d'abattre, le monde qui tente de nous éliminer, moi et tout ce à quoi je tiens. Je découvre enfin l'ennemi auquel je me mesure et je comprends combien la victoire sera difficile. Impossible. Je me suis rarement sentie aussi minuscule qu'aujourd'hui, au pied de ce pont immense qui se dresse au-dessus de nous. Il semble prêt à l'avaler toute entière.

Je dois quand même essayer. Ne serait-ce que pour la Ville grise. Pour tous ceux qui n'ont jamais vu le soleil." (chapitre 22, p.338)

- Je n'ai pas le luxe de pouvoir m'interroger, marmonne-t-il.

Il vrille se yeux noirs dans les miens, son regard est lourd de sous-entendus.

- Et vous non plus, ajoute-t-il.

"Rappelle-toi bien celle que tu es censée être, poursuit-elle en ignorant ma question. Tu as été élevée comme une Rouge, mais tu es une Argent de naissance. Désormais, tu es Rouge dans la tête et Argent dans le cœur."

Pour moi, le monde s'est toujours divisé en deux catégories, les Argents et les Rouges, les riches et les pauvres, les rois et les esclaves. Or, il y a tout un univers entre les deux, composé d'éléments que je ne comprends pas, et je me retrouve brusquement immergée dedans. J'ai grandi en me demandant si j'aurais de quoi manger pour mon dîner. Et j'arrive dans un palais, sur le point d'être dévorée toute crue.

Rouge dans la tête et Argent dans le coeur. Cette formule me poursuit, guide mes mouvements.

Comme les autres tu es rouge et argent à la fois. Et tu surpasses les deux. Je suis convaincu que tu es cette aube tant espérée. Et si vingt-sept ans t'ont précédée,il doit y en avoir d'autres.

Spoiler(cliquez pour révéler)Le contraste entre la capitale argent et les bidonvilles rouges me donne de l'urticaire. Voici le monde que je tente d'abattre, le monde qui tente de nous éliminer, moi et tout ce à quoi je tiens. Je découvre enfin l'ennemi auquel je me mesure et je comprends combien la victoire sera difficile. Impossible. Je me suis rarement sentie aussi miniscule qu'aujourd'hui, au pied de ce pont immense qui se dresse au dessus de nous. Il semble prêt à m'avaler toute entière.

Je dois quand même essayer. Ne serait-ce que pour la Ville grise. Pour tous ceux qui n'ont jamais vu le soleil.

Spoiler(cliquez pour révéler)Au lieu d'être avec eux, je suis coincée dans une pièce plein de gens qui me tueraient s'ils apprenaient la vérité. Sans oublier la famille royale, qui me supprimerait si elle le pouvait et qui le fera sans doute un jour. Ils m'ont mises sans dessus dessous, troquant Mare pour Mareena, une voleuse pour une couronne, du coton pour de la soie, une Rouge pour une Argent. Ce matin j'étais encore une domestique, et ce soir je suis une princesse. Qu'est-ce qui va encore changer ? Que vais-je encore perdre ?